Capital-investissement : comment Siparex veut changer de dimension

Après une décennie de croissance, le fonds lyonnais de capital investissement veut changer de dimension. Siparex se fixe un nouvel objectif ambitieux : doubler de taille d'ici cinq ans environ et atteindre le seuil des 5 milliards d'euros sous gestion.
Le transporteur d'origine dromoise fait partie des grosses opérations de Siparex en 2019
Le transporteur d'origine dromoise fait partie des grosses opérations de Siparex en 2019 (Crédits : DR)

Siparex, dont le portefeuille est composé de près de 150 sociétés, a investi 306 millions d'euros (+20% comparé à 2018) dans les startups, petites et grandes PME et ETI françaises mais aussi européennes en 2019.

L'activité du groupe a été marquée par la croissance des co-investissements (73 millions d'euros) mais surtout par des prises de positions plus fortes qu'à son habitude : sur les 306 millions d'euros investis, près de 50% ont été positionnés sur seulement trois opérations (le transporteur Jacky Perrenot, Sintex NP et Batibig en co-investissement.

En parallèle, le groupe lyonnais de capital investissement a procédé à 210 millions d'euros de cessions d'actifs et levé 250 millions d'euros. Au final, il détient toujours 2 milliards d'euros d'actifs sous gestion, un cap qu'il avait franchi l'année dernière.

"Le marché du capital investissement est resté très dynamique et ouvert en 2019. Nous observons cependant une évolution de fond : l'antinomie entre le recul de la mondialisation et la recherche de croissance des dirigeants. Nous faisons face à des enjeux de transformation majeurs, comme le numérique et la prise en compte des enjeux sociaux et climatiques, qui ont des répercussions sur les entreprises. Par ailleurs, les investisseurs changent et nos relations avec eux également. En conséquence, nous devons adapter nos modèles", commente Bertrand Rambaud, le président de Siparex.

Pour favoriser sa croissance, le groupe indépendant, structuré autour de cinq "lignes de métier" allant des jeunes entreprises innovantes aux entreprises de tailles intermédiaires, se fixe comme objectif d'atteindre les 5 milliards d'euros sous gestion, d'ici cinq ans environ, selon les souhaits de son dirigeant.

Augmenter la taille des fonds

Pour y parvenir, Siparex mise sur l'augmentation de la taille de ses fonds.

"Nous devons grossir pour avoir des capacités d'impact dans les entreprises plus importantes. Quand on a davantage de contrôle, on peut agir, insuffler les transformations nécessaires et accroitre nos capacités d'accompagnement", explique Bertrand Rambaud.

Ainsi, en 2020, Siparex lancera le fonds Siparex ETI 5, un fonds d'un objectif de 500 millions d'euros (contre 315 pour le fonds précédent). Il ciblera les ETI (mobilité, agroalimentaire, digital, industrie, construction et infrastructures) jusqu'à 500 millions d'euros de chiffres d'affaires pour des tickets d'entrée pouvant aller jusqu'à 60 millions d'euros. Un premier closing est d'ores et déjà prévu pour l'automne 2020.

Il lancera également en 2020 la levée de fonds du successeur de Rhône-Alpes PME, son fonds dédié à l'investissement des PME en Auvergne-Rhone-Alpes et dans le quart sud-est. Objectif : 50 à 60 millions d'euros pour des tickets de 1 à 4 millions d'euros.

Adaptation du modèle

Cette ambition s'accompagne d'une profonde adaptation de son modèle. En interne d'abord, il poursuit le renforcement de son équipe opérationnelle lancée l'année dernière. Elle est chargée d'accompagner les entrepreneurs de son portefeuille "pour aider à créer de la valeur à tous les niveaux", rappelle Bertrand Rambaud.

Il s'ouvre également davantage à l'international. Après ses six bureaux français - dont Lyon et Paris, les plus importants -, l'Allemagne, l'Italie, l'Afrique du Nord et le Canada, Siparex boucle un partenariat avec le groupe Aden pour accélérer ses positions sur place "et mieux accompagner les entreprises vers ce marché. En 2020, il ouvrira un bureau en Belgique pour adresser le marché du Bénélux, "un marché intense qui compte beaucoup d'investisseurs et de projets", indique-t-il.

Pour répondre à l'appétence des investisseurs pour le private équity, le groupe adapte son offre pour s'ouvrir davantage aux profils individuels et fait évoluer son modèle d'interactions avec eux.

"Nous devons renforcer notre capacité de vente de Siparex, en particulier à l'international. Les investisseurs ont changé, on rencontre par exple plus de family offices en direct et des personnes privées. Cela a une incidence sur nos relations investisseurs : ils demandent plus d'interaction, de digitalisation et de disponibilités", avance Bertrand Rambaud.

Ancrage régional

Siparex garde son fort ancrage régional - l'entreprise a été fondée à Lyon, en 1977, par Dominique Nouvellet avec le soutien d'industriels (Michelin, Rhône-Poulenc, groupe Auchan...). Elle compte désormais 90 entreprises de la région sous-gestion (6,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires cumulé, environ 31 500 emplois) pesant pour près de 33% du portefeuille global.

Le groupe de 100 personnes, dont 70 investisseurs, lance également une Fondation Siparex, chargée de "porter le projet philanthropique du groupe". Elle financera des projets liés à l'accès à l'entrepreuneuriat (formation, réinsertion scolaire, etc). Le groupe devrait lui attribuer un budget de 500 000 euros en 2020.

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