Patrick Linder : « Nous pouvons produire en France car nos usines sont des Formule 1 »

Le fabricant de produits de décoration textile pour la fenêtre, Linder, sort la tête de l’eau. Moins de 5 ans après une chute brutale de son chiffre d’affaires et un plan de sauvegarde de l’emploi, la PME familiale dont le siège social est à Violay dans la Loire et disposant d’usines à Saint-Marcel de Félines (42) et à Tarare dans le Rhône (180 salariés ; 22 millions d’euros de chiffre d'affaires en 2017), remonte doucement mais surement la pente. Ses résultats sont de nouveaux équilibrés.
Patrick Linder, quatrième génération de dirigeant de la PME éponyme
Patrick Linder, quatrième génération de dirigeant de la PME éponyme (Crédits : DR)

Vous venez de lancer la commercialisation d'une nouvelle innovation, un rideau dépolluant. L'innovation est-elle une priorité dans votre entreprise ?

C'est indispensable. Surtout dans notre secteur d'activité. Nos produits sont copiés dans les 9 mois maximum après leur sortie par les concurrents asiatiques. Nous devons créer sans cesse et aller très très vite dans nos innovations. Dans ces conditions, le fait d'avoir une production complètement intégrée, du tissage à l'ennoblissement, est un atout majeur. Nous pouvons faire nos tests rapidement, sortir les coloris adéquats au bon moment etc.

Il y a moins de 5 ans, votre entreprise était en difficulté. Vous aviez même dû mettre en œuvre un PSE et regrouper vos usines. Avez-vous aujourd'hui les moyens de cette politique forte d'innovation ?

Pour être tout à fait transparent, les budgets créations sont probablement les seuls à ne pas avoir été resserrés, car ils sont ultra stratégiques. Sans création, nous sommes voués à la mort. Nous sortons une centaine de nouveaux produits chaque année.

Ceci étant dit, après être passé brutalement de 40 à moins de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires à cause de la perte de plusieurs gros marchés, nous sommes aujourd'hui en phase de redressement, nos résultats sont équilibrés. Nous avons réussi à sortir la tête de l'eau et nous remontons la pente.

Vous êtes en phase de remontée mais vous êtes un des derniers fabricants européens. Est-ce vraiment encore possible d'être rentable en France, sur votre secteur d'activité ?

Bien sûr, notre bilan est là pour le prouver. Mais à condition d'avoir des usines Formule 1. Nos usines doivent tourner en non-stop. Cela signifie que le management est rigoureux et que nous sommes très attentifs à nos approvisionnements. Hors de question d'avoir des fils qui cassent et bloquent les machines pendant plusieurs heures. Cela signifie aussi que nous surveillons de près les gains de productivité possibles.

Dès qu'une évolution technologique est détectée, nous essayons d'investir. Chaque année, nous investissons ainsi 500 000 à 1 million d'euros par an.

Vous êtes le quatrième Linder à la tête de l'entreprise. Votre fille et votre cousin représenteront la 5e génération. Cette transmission familiale est-elle une autre des raisons de la longévité de l'entreprise et de sa capacité de résilience ?

Je crois que oui, mais seulement parce que nous avons réussi à bien organiser la transmission jusqu'ici. Nous avons un pacte familial. A chaque génération, nous nous arrangeons pour avoir un faible nombre d'associés. Un seul par branche pour éviter la dilution des parts. Et chacun doit être opérationnel. Pas d'associé lointain.

Dans chaque génération, les associés sont choisis en fonction de leurs compétences et de leurs motivations. Nous établissons un plan à 10 ans et nous établissons les besoins que nous aurons dans les années à venir. Cela permet de faire entrer les bonnes personnes au bon endroit. Mais je dois reconnaître que nous nous trompons souvent. Heureusement, nous réajustons notre plan deux fois par an !

Où voyez-vous votre entreprise dans les 3 à 5 ans à venir ?

En tant que survivants, nous ne donnons aucune prévision : nous nous trompons tout le temps !

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Commentaire 1
à écrit le 13/01/2019 à 8:55
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Très bel exemple de ce que devrait être l'esprit de tout patron de PME : lucidité, humilité, ouverture d'esprit confortés par de l'exigence, de la ténacité et du ... travail !

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