L'IAGF, lanceur d'alerte pour la gestion des grands fleuves du monde

Initiatives pour l'avenir des grands fleuves (IAGF), projet né en 2014 sous l'égide de la CNR, ambitionne d'accéder au statut de fondation en 2020. L'association d'intérêt général trouve peu à peu sa place dans les grands débats liés aux problématiques climatiques et à la gestion de l'eau. Et se définit comme un lanceur d'alerte pour la gestion des grands fleuves du monde.

Et si les fleuves devenaient les arbitres de demain pour déminer les conflits entre les pays ? "Ils peuvent être un facteur de poids du dialogue", est convaincu Bertrand Porquet, secrétaire général d'Initiatives pour l'avenir des grands fleuves (IAGF). Le directeur stratégie de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) cite l'exemple du fleuve que se partagent notamment le Sénégal et la Mauritanie, et véritable enjeu de collaboration entre ces pays dans un contexte de pénurie grandissante d'eau. La mission de l'IAGF est précisément d'aborder les fleuves - une première liste de 15 a été établie - dans leur "dimension économique, sociale et sociétale".

A la table de la COP

Lancé en octobre 2014 par la CNR fêtant alors ses 80 ans, l'IAGF s'est émancipée juridiquement de la société concessionnaire du Rhône, en prenant le statut d'association d'intérêt général, le 1er juillet dernier. La transformer en fondation, à part entière, est un objectif à l'horizon 2020. Et, à cette échéance, son budget annuel est espéré à 1,5 million d'euros alimenté par des souscripteurs publics et privés. Quel chemin parcouru à ce stade ? En 2015, l'économiste et académicien Erik Orsenna, président de l'IAGF, déplorait que la COP 21 avait oublié les fleuves. Lors des deux éditions suivantes, COP 22 et COP 23, "nous avons été acceptés autour de la table", rapporte Bertrand Porquet. Nous constituons une voix complémentaire forte et participons désormais à la réflexion ». Et ajoute-t-il : "Nous sommes intégrés au Forum mondial de l'eau", se déroulant au Brésil en mars prochain.

La pollution des fleuves et les plastiques

Force de préconisation, l'IAGF organise deux fois par an des rencontres en France et à l'étranger sur une thématique. Ainsi, la 2ème session, en avril 2016 à Montréal, a abordé, le cas pratique de l'agrandissement du terminal portuaire Contrecoeur. La demande émanait de l'administration portuaire locale soucieuse de faire accepter cette extension par les populations concernées. La 4ème session, en mars 2017, a eu lieu à Itaipu au Paraguay. Là se situe le second barrage le plus puissant au monde. L'objectif était d'appréhender l'hydroélectricité de demain sous un angle pluridisciplinaire et d'identifier les actions que l'IAGF pourrait porter sur la scène internationale. La dernière session, en octobre dernier, organisée dans la Vallée du Rhône, s'est penchée sur la pollution fluviale.

"Chaque seconde, 50 kilos de plastiques sont versés dans les fleuves du monde, rappelle Bertrand Porquet. Et 80 % de la pollution des océans viennent des fleuves. »

Urgence

L'IAGF confirme qu'elle n'a pas vocation à se substituer aux acteurs mais se présente comme un lanceur d'alerte. "Il s'agit de faire prendre conscience de l'intérêt à bien gérer les fleuves et montrer l'importance de leur rôle dans la lutte face au changement climatique", insiste le secrétaire général de l'association. Que cesse l'exploitation des sous-sols des deltas (ressources fossiles, sable...) est ainsi hisser au rang des urgences. Leur vulnérabilité est exacerbée par les problématiques climatiques car les fleuves sont bien des écosystèmes fragiles.

En savoir plus :

Le comité des fleuves réuni 20 membres, personnes physiques représentant leurs institutions de différents pays. Ils sont historien, archéologue, anthropologue, hydrologue, environnementaliste, chercheur, architecte, avocat, ministre etc. L'IAGF mène trois types projets : académiques, pédagogiques et entrepreneuriaux.

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