AS Saint-Étienne : Un club, deux présidents

Ils forment tous deux le tandem à la tête du club stéphanois. Bernard Caïazzo, président du conseil de surveillance, et Roland Romeyer, président du directoire, dirigent ensemble l'AS Saint-Étienne depuis 2012. Un duo de choc qui parviendra à stabiliser la vie du club grâce à une répartition des rôles savamment orchestrée. Le premier à Paris, auprès des instances nationales, le second à Saint-Étienne, au plus proche du peuple vert. Portraits de deux hommes aux caractères diamétralement opposés, dont il est dit qu'ils ne s'apprécient guère. Deux hommes aux visions stratégiques parfois contraires, autant salués pour leur capacité à gérer le club que critiqués sur la méthode employée, et dont les motivations respectives à poursuivre une présidence à deux têtes interrogent.

Il évolue dans les couloirs du stade Geoffroy-Guichard depuis l'épopée des Verts. Supporter de la première heure, Roland Romeyer a fait du club sa seconde maison, voire sa principale, diront ceux qui le côtoient. Chef d'entreprise, installé en Haute-Loire, il vit un rêve de gosse depuis qu'il occupe le poste de président du directoire de la SASP AS Saint-Étienne. Entré d'abord comme sponsor, « ici, il est chez lui ». À son aise.

Il fréquente régulièrement les anciennes gloires, connaît parfaitement le territoire, dispose d'un contact facile avec les élus, supporters et notables. Accent prononcé, affable, Roland Romeyer est la caution locale d'un club qu'il a toujours admiré. « C'est un Vert de Vert », remarque Alain Martin, ami de longue date et membre du conseil de surveillance. « Contrairement à Bernard Caïazzo, charmeur, urbain et businessman, Roland Romeyer est le label stéphanois. Il met les mains dans le cambouis dans les affaires courantes du club », décrit abruptement Claude Chevally, correspondant de L'Équipe à Saint-Étienne de 1976 à 2011.

L'homme est apprécié du peuple vert pour son engagement et, comme ce dernier, « il ne supporte pas que l'on dise du mal du club », se souvient l'ancien entraîneur des jeunes Abdel Bouhazama. Au-delà du supporter qu'il est, Roland Romeyer est « plus intelligent et stratégique qu'il n'y paraît », rapporte-t-on. « Il a toujours su se placer dans son intérêt », explique une source. Ce qui lui réussit.

Il a ainsi pris la présidence du directoire alors même qu'il ne disposait que de 22 % du capital (44 % Bernard Caïazzo), grâce à une combinaison bien huilée, un réseau et des soutiens nombreux notamment au sein de l'association ASSE (12 % des parts du club). « Ce n'est pas un enfant de cœur », annonce un ancien cadre du club. Un caractère qui lui a sans doute permis d'atteindre les sommets, dont il n'est pas près de vouloir descendre, conciliant ainsi passion et pouvoir. « Mais jusqu'où cela peut-il mener ? », interroge Claude Chevally.

L'arrivée d'un actionnaire minoritaire pourrait néanmoins rebattre les cartes tout comme la suite de l'affaire qui le lie à Adao Carvalho. Roland Romeyer conservera-t-il suffisamment de poids au sein du club ?

Bernard Caïazzo, Le Parisien

« Il n'était pas habitué à cette ferveur stéphanoise. Il est devenu Vert sur le tard. » Après des expériences à Marseille et à Paris, Bernard Caïazzo a jeté son dévolu sur l'AS Saint-Étienne en 2003. Businessman, ayant créé plusieurs entreprises, il connaît par cœur les rouages du milieu footballistique. Actionnaire majoritaire de la SASP Saint-Etienne (44 %), il occupe la fonction de président du conseil de surveillance depuis juin 2004. Un rôle qui l'amène à se consacrer aux affaires nationales, à la recherche du futur financeur. « Il appartient au gratin du football », souligne Alain Martin, membre du conseil de surveillance.

Contrairement à Roland Romeyer, la caution verte, très ancré sur son territoire, Bernard Caïazzo n'est pas le régional du duo. Ce qui lui fait parfois défaut. Il reste donc à Paris, loin du microcosme local et de la pression collective qui entoure le club. « Il a eu l'intelligence de ne pas rester sur place et de ne pas être en première ligne. Avec Roland Romeyer, ils ont ainsi trouvé la bonne formule et ça fonctionne à la manière d'un vieux couple », estime Claude Chevally.

Plus « bling-bling » que son homologue stéphanois, avec qui il peut avoir des différends, c'est à lui que revient néanmoins « la vision de ce qu'est un club moderne », reconnaît un observateur qui a longtemps été proche du club. « On ne parle pas de la même manière à l'un et à l'autre, ni des mêmes sujets, mais leur volonté est identique : faire réussir le club », explique Stéphane Tessier, directeur général de l'ASSE pendant un peu plus de cinq ans. Jugé « sympathique » dans la lumière par ceux qui le (l'ont) côtoient (côtoyé), en coulisse, Bernard Caïazzo endosse une image plus contrastée avec un « comportement et une manière de faire pas « très classe » », déclarent plusieurs sources, préférant rester anonymes.

En recherche active d'un investisseur minoritaire pour donner les moyens de ses ambitions à son club, l'homme au costume impeccable est prêt à tout, sauf à laisser du terrain sur le champ du contrôle du club. « Tant que les résultats sont au rendez-vous et que le club va bien, rien ne changera », estime une source. « Qu'en sera-t-il si le club parvient à dénicher l'investisseur idéal ? » Le mystère est entier.

Qu'en sera-t-il si le club parvient à dénicher l'investisseur idéal ? Le bruit court dans la Loire que Bernard Caïazzo pourrait vendre une partie de ses actions et prétendre à un nouveau projet dans les instances du football.

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