Le bruit des discussions résonne au rez-de-chaussée de La Tour du Web, dans le 7e arrondissement de Lyon. Installés aux tables, les startupers et les représentants de fonds d'investissement, les "VC", sont assis les uns en face des autres, façon speed dating. Seul un ordinateur les sépare. Au total, vingt-deux fonds s'étaient déplacés pour rencontrer la cinquantaine de jeunes pousses présentes mardi dernier lors de cet événement co-organisé cette année par France Digitale, dans le cadre de son tour de France, et Lyon FundDay.

Des fonds d'investissement poids-lourd

Pour cette nouvelle édition, les pitchs habituels ont laissé leur place aux échanges. Ici, l'idée n'est pas tant de séduire l'autre, "il n'y a pas de chèque à la fin du rendez-vous", sourit un participant. Mais plutôt de prendre le pouls, d'obtenir l'avis des investisseurs mais aussi "de se faire challenger", explique Julien Petit, ambassadeur France Digitale et militant la Cuisine du web. Alors qu'il s'attelle à servir de l'eau aux participants en cette journée estivale, il ajoute : "Les startups doivent présenter leurs projets, mais aussi essayer d'obtenir des informations sur ce qui fonctionne ou non chez les autres." D'autant plus que les fonds présents à Lyon ont participé à 90 % des dernières levées françaises. Parmi eux, Breega Capital, Partech ou encore Avolta Partners.

Kayla Roark, directrice générale de France Digitale, sillonne entre les chaises et traverse la pièce au pas de course. "Lors des deux dernières éditions du France Digitale Tour nous avions organisé un concours de startups et sélectionné trois fonds qui investissaient, au total, un million d'euros dans la startup gagnante. Mais ce concours n'est pas notre valeur ajoutée. Nous avons décidé d'avoir une démarche plus inclusive, qui nous semble plus adaptée en nous ouvrant davantage : si nous lâchons le contrôle davantage d'investissements seront effectués à la fin de l'année." Si bien que cette année, des jeunes pousses de toutes tailles et de différents secteurs ont pu présenter un dossier. Libre ensuite aux fonds d'investissement de sélectionner celles qu'ils souhaitent rencontrer.

Sourcing

Un signal, dont le son est semblable à celui de la fermeture des portes d'un métro, retentit. Il est temps de changer de table. Le 7e round de la journée peut commencer. Pochette sous le bras, André May, lui, sort de son rendez-vous. Dans l'après-midi, le fondateur de City Lity a eu trois entretiens, qu'il a pris en prévision d'une levée de fonds de 2 millions d'euros qui ne sera lancée que d'ici la fin de l'année 2017. Christophe Giraud, cofondateur de Swabbl, attend sa septième rencontre. Pour l'instant, il se montre plutôt satisfait : "Notre produit est mature, les rendez-vous ont suscité l'intérêt de trois investisseurs sur quatre."

Les entretiens s'enchaînent à un rythme effréné. Toutes les vingt minutes, le signal se fait entendre dans la pièce. Certains essaient de gagner quelques précieuses secondes. D'autres se lèvent plus rapidement. François Santi remet son manteau, prend sa sacoche et enfile ses lunettes de soleil. Pour ce chargé d'affaires chez CapHorn Invest, la journée est terminée. Selon lui, l'intérêt de cet événement est à la fois la partie conseil mais aussi le sourcing : "Cela nous permet de rencontrer de jeunes boites intéressantes, de les identifier, que ce soit pour lever des fonds maintenant ou plus tard."