Deux ans après son départ d'Eye Tech Care, qu'il avait fondée en 2008, Fabrice Romano renoue avec l'aventure entrepreneuriale. Toujours dans le secteur de l'ophtalmologie et toujours avec un projet innovant.

À tel point que lui aussi semble bluffé par la pépite sur laquelle il a mis la main. "Une incroyable machine", s'exclame-t-il. Keranova développe un équipement chirurgical qui permet de repenser les procédures chirurgicales et ainsi de réduire les interventions manuelles.

5 millions d'euros

Difficile d'en savoir plus, car l'innovation déjà protégée par quatre brevets, ne sera totalement dévoilée que lorsque le dirigeant de Keranova aura vérifié ses intuitions.

"Nous apporterons un changement profond et radical à la chirurgie en ophtalmologie", promet Fabrice Romano.

Assez pour convaincre Mérieux Développement et CEA Investissement d'apporter quatre millions d'euros à Keranova, tandis que Bpifrance s'associe à cette opération en apportant un soutien supplémentaire d'un million d'euros.

Course contre la montre et la concurrence

Ainsi doté en cash, Fabrice Romano estime avoir au moins deux ans devant lui pour affiner son modèle de développement et mettre au point un premier prototype.

"Aujourd'hui, nous avons un démonstrateur de laboratoire, nous avons encore besoin de plusieurs mois pour aller au prototype et encore de plusieurs mois pour réunir un pool de chirurgiens partenaires et commencer à travailler sur les autorisations", calcule-t-il.

D'ici à moins de deux ans, la startup basée à Saint-Étienne devrait donc de nouveau faire appel au marché pour financer son déploiement. Quatre ans et près de 20 millions d'euros ont été nécessaires à Eye Tech Care pour lancer la commercialisation de son dispositif médical pour traiter le glaucome, l'histoire devrait se répéter...

D'autant que Fabrice Romano sait que le temps lui est compté.

"Nous avons des colosses en face de nous. Tous les grands fabricants de matériel opératoire sont présents sur le segment de l'ophtalmologie, donc nous devons aller vite", lâche-t-il.

De quoi expliquer le mystère qui plane autour de cette fameuse machine.

Un pool de chercheurs stéphanois à la manœuvre

"Cette machine a été mise au point par des chercheurs de différentes disciplines, tous basés dans des laboratoires stéphanois au sein de l' l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne. Ce sont eux qui m'ont sollicité en me demandant si je pensais que leur innovation pourrait avoir une application dans le domaine chirurgical. J'ai de suite vu que le potentiel était énorme", retrace Fabrice Romano.

Aussi, si l'ophtalmologie est le premier marché visé par Keranova il n'est pas le seul.

"Il n'est pas impossible que nous allions ailleurs", élude le dirigeant de Keranova.

Pour l'heure, rejoint dernièrement par Sophie Valla, ancienne directrice business développement pharmacie et Chirurgie EMEA chez Bausch & Lomb / Valeant, il s'emploie à recruter. L'objectif est de réunir une équipe d'au moins 20 personnes d'ici à la fin de l'année dont un tiers sera basé à Vénissieux (Rhône) et le reste à Saint-Etienne.

L'autre challenge sera de prouver aux chirurgiens que même si cette machine est capable de reproduire avec une incroyable précision certains gestes et donc de gagner en rapidité et en sécurité, elle ne remet nullement en cause leur présence dans le bloc opératoire.

Une fois ces premiers défis relevés, Fabrice Romano envisage le développement de sa nouvelle entreprise à grande échelle. Keranova devrait donc se lancer à l'assaut du marché de la chirurgie ophtalmologique d'ici à moins de cinq ans, à l'échelle mondiale et en produisant en interne les équipements qu'elle aura mis au point.