Neige de culture : le réchauffement climatique est-il une aubaine ?

Avec des stations qui font valoir des besoins en neige grandissant, on pourrait croire le marché de la neige artificielle porteur. Pourtant, la réponse est négative. Du moins, si on s'en tient au cas français. Les entreprises du secteur se tournent vers l'export, à la conquête des nouveaux marchés russes ou chinois. Pour s'imposer, elles capitalisent sur la recherche et développement.
Les enneigeurs produits par TechnoAlpin sont de plus en plus performants, grâce à des investissements dans la recherche et développement.

Avec le réchauffement climatique, et des vacanciers qui souhaitent se lancer sur les pistes dès le début du mois de décembre, le marché de la neige de culture pourrait paraître des plus fructueux. Pourtant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, le bilan est bien plus contrasté.

Un marché français mature

Si le taux d'équipement des stations françaises est plutôt faible, une piste sur trois contre 50 % des pistes en Autriche est équipée d'enneigeurs, presque la totalité des stations disposent de ces diffuseur de neige de culture. Si bien qu'en France, "le marché est arrivé à maturité", expliquent Max Rougeaux, responsable marketing de TechnoAlpin, et Régis-Antoine Decolasse, président de l'entreprise spécialisé dans la neige de culture. "Aucune station ne se crée", soulignent les deux hommes.

De son côté, Vincent Douillet, directeur général de Sufag, le pôle enneigement de MND affirme :

"Le marché français est encore porteur, pour les extensions ou les renouvellements. Mais les investissements sont stables d'une année sur l'autre."

Autrement dit, si le marché reste vif, il n'est pas celui qui porte la croissance des entreprises.

D'autant plus que la mise en place d'enneigeurs, afin de garantir de la neige tout au long de la saison, représente un coup important : "entre 2 et 4 % du chiffre d'affaire des remontées mécaniques", détaille Laurent Reynaud, délégué général des Domaines skiables de France. Or, "ces dernières années, l'arbitrage sur les investissements en station s'est davantage fait envers les remontées mécaniques", analyse Vincent Douillet. Chez TechnoAlpin, on note toutefois une légère reprise en 2015.

Vers de nouveaux marchés à l'est

Toutefois, le tableau n'est pas si négatif. Si le marché français, voire celui européen, est arrivé à maturité, les entreprises du secteur se tournent désormais vers d'autres espaces géographiques plus porteurs.

TechnoAlpin, dont 60 à 70 % du chiffre d'affaires est réalisé hors France, a jeté son dévolu du côté de la Russie et du Kazakhstan. Comme l'indique Régis-Antoine Decolasse, "en Russie, il existe une véritable tradition des sports d'hiver. Je crois beaucoup en ce marché, ainsi qu'en celui de l'Europe centrale où se développe un classe moyenne."

Du côté de Sufag, qui réalise 50 % de son chiffre d'affaires à l'export, la Turquie et le Moyen-Orient de façon plus générale sont des nouveaux pays-cibles. Tout comme les pays russophones. Mais un des principaux marchés de développement de l'offre de neige de culture reste l'Asie.

"La Corée est bien équipée mais le Japon, qui l'était, dispose d'un parc désormais vétuste si bien qu'il est amené à le renouveler. La Chine est quant à elle en plein essor. Il s'agit de notre premier client sur les 12 derniers mois", souligne Vincent Douillet.

D'ailleurs, une filiale du groupe vient de s'ouvrir dans ce pays qui accueillera les Jeux Olympiques d'hiver en 2022.

Alors, le réchauffement climatique est-il une aubaine pour ces sociétés ? Vincent Douillet reste tempéré :

"les stations qui ne sont pas équipées sont condamnées à mourir, donc il existe de réelles opportunités. Mais le revers de la médaille est que les conditions de production sont de plus en plus difficiles, il faut donc trouver de nouvelles innovations technologiques."

Recherche et développement

Car, pour continuer à se développer, tant sur les marchés intérieurs qu'extérieurs, les entreprises misent sur la recherche et développement. TechnoAlpin y consacre environ 5 % de ses 27 millions de chiffre d'affaires. Dans leurs deux centres de R&D, l'entreprise dont la filiale française est basée à Dardilly, travaille sur la réduction de la consommation en air des enneigeurs. "Qui dit réduction de la consommation, dit réduction de l'énergie et donc des coûts pour les stations", souligne Max Rougeaux. De fait, la consommation énergétique a diminué de 10 % ces 20 dernières années.

L'autre axe d'innovation repose sur la capacité des enneigeurs à produire de la neige à des températures plus élevées, voire positives. Actuellement, pour produire de la neige de culture, "on pulvérise des gouttelettes d'eau dans l'atmosphère qui se congèlent au contact de l'air", illustre Vincent Douillet. Un tel procédé fonctionne parfaitement par -10°, "à -1, -2°, c'est plus compliqué. Mais aujourd'hui, nous tentons d'être plus performants sur ces températures marginales", souligne le directeur général de Sufag.

"Avec les évolutions climatiques, les plages horaires pour fabriquer de la neige sont de plus en plus courtes. Pourtant, les besoins restent les mêmes", ajoute-t-il.

En ce début d'année 2016, TechnoAlpin vient ainsi de lancer une nouvelle offre, Snowfactory. Un version mobile d'enneigeurs. "Il peut produire de la neige jusqu'à des températures de +35°C en produisant de fines paillettes de glace congelées", fait savoir le groupe dans un communiqué. Mais pour l'instant, cet outil ne peut être utilisé que sur des zones très restreintes, loin donc des besoins des grands domaines.

Du côté des stations, le travail doit être amorcé en termes de "renforcement et d'optimisation", souligne Laurent Reynaud. Quelle que soit leur taille, les enneigeurs sont devenus de "véritables outils d'aide à l'exploitation" qui leur permettent de faire face à la concurrence de pays comme l'Italie ou l'Autriche. "Le modèle à atteindre en terme de neige de culture", résume-t-on chez TechnoAlpin.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.