Printemps des entrepreneurs : une loi travail plus flexible ?

Lors du Printemps des entrepreneurs, qui se tenait au Double mixte hier, Pierre Gattaz a dénoncé la nouvelle version de la loi travail, qui ne correspond pas aux attentes des TPE et PME. Du côté des dirigeants présents lors de ce salon organisé par le Medef Lyon-Rhône, le constat semble aller dans le même sens : la flexibilité est au cœur des préoccupations des entrepreneurs régionaux.
(Crédits : DR)

Alors qu'une nouvelle journée de mobilisation contre la loi travail rassemblait un millier de personnes à Lyon, Pierre Gattaz, patron du Medef, se trouvait aussi ce mardi dans la capitale des Gaules. Le sujet de son intervention au Printemps des entrepreneurs ? La loi travail. Il affirme son opposition à la nouvelle mouture du projet de loi porté par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, réclamant plutôt un retour à la première version du texte. "L'intérêt de cette loi est qu'elle permettait davantage de liberté", souligne-t-il lors d'une conférence de presse, prônant un marché du travail "ouvert et vivant".

Or, dans sa dernière proposition, le gouvernement a supprimé le plafonnement des indemnités prud'homales et "impose l'obligation de passer par un mandat syndical", ce qui complexifie les échanges en entreprise, selon lui. La première version était donc là pour "déverrouiller le travail", répète-t-il, notant que les TPE et PME sont les premières impactées par ce retour en arrière. Une position adoptée depuis quelques jours à l'appel de la CGPME.

Medef Pierre Gattaz Laurent Fiard

Laurent Fiard, président du Medef Lyon-Rhône, aux côtés de Pierre Gattaz, président du Medef, lors du Printemps des entrepreneurs.

Législation complexe

Mais quelles sont les positions des entrepreneurs, sur le terrain ? Emmanuel Guerineau dirige une PME. Son entreprise, Isorg fondée en 2010 et spécialisée dans les capteurs électroniques imprimés, a plutôt le statut de startup, mais elle emploie déjà une trentaine de salariés. Quand on lui parle de la loi travail, celui qui "est parti de zéro" est quelque peu réticent. "Je n'ai pas suivi le texte dans les détails."

Mais une chose est certaine :

"même si on fait l'effort de respecter la législation, celle-ci est tellement complexe et évolue tellement rapidement que cela devient compliqué. Alors, quand on est une entreprise qui essaie de se développer, cela prend du temps, de l'énergie et de l'argent."

Concernant la suppression des indemnités prud'homales, il souligne que "l'important, en rentrant dans un contrat, c'est de savoir comment on entre, mais aussi comment on en sort." Alors les indemnités de rupture "doivent être encadrés afin de savoir à quoi s'attendre."

Une plus grande flexibilité

La flexibilité figure parmi les autres maître-mots de cette loi travail. Un directeur d'entreprise lyonnaise, croisé dans les couloirs du Printemps des entrepreneurs, mais qui souhaite garder l'anonymat, estime qu'il faut "davantage de souplesse."

"Nous accompagnons régulièrement de jeunes entrepreneurs. Quand ils créent leur entreprise, ils ont peur d'embaucher au cas où l'activité baisserait."

Un constat partagé par Laurent Fiard, président du Medef Lyon-Rhône et co-président de la société Visiativ.

"La réforme du code du travail doit s'adapter à cette demande d'agilité. Les TPE et PME souhaitent pouvoir mettre les curseurs là où elles ont envie. Ouvrir les vannes pour embaucher nécessite de donner davantage de facilités."

Des intrapreneurs

Dans le hall réservé au concours Waoup, Tanguy Bard de Coutance discute. Le jeune homme a fondé en 2012 la startup Biodegr'AD, une régie publicitaire éphémère.

Il se dit peu concerné par la loi travail du fait de la structure même de son entreprise.

"Dans les startups, ce sont souvent des jeunes qui sortent des études, qui sont des intrapreneurs. Nous sommes donc moins confrontés à ces questions, même si lors des premières embauches on se pose quelques questions."

Une philosophie et une évolution qui ne serait pas seulement propre aux petites structures. Ainsi, Laurent Fiard estime que la "transformation interne des entreprises va vers davantage de transversalité."

Et si finalement, il s'agissait du modèle vers lequel il faudrait justement tendre ? Une entreprise dite "libérée", dans laquelle flexibilité ne rimerait pas nécessairement avec précarité. La semaine dernière, Maviflex en faisait la démonstration auprès de Myriam El Khomri : dans cette société industrielle, les horaires des employés sont aménagés en fonction de leurs impératifs familiaux, et plus particulièrement le rythme scolaire de leurs enfants.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.