Les Atelières en liquidation judiciaire

Le tribunal de commerce de Lyon a placé les Atelières en liquidation judiciaire ce mardi. La société spécialisée dans la lingerie employait 30 salariés sur son site de Villeurbanne. Elle arrêtera son activité le 18 février. L'atelier qui a travaillé en particulier pour Maison Lejaby, n'a pu surmonter les impayés et les baisses de commandes liées à la crise russe.

Les Atelières ont été placées en liquidation judiciaire mardi matin par le tribunal de commerce de Lyon, avec poursuite de l'activité pour 48 h, afin d'achever les commandes en cours sur le site de e-commerce. L'entreprise était en cessation de paiement depuis le 5 février, sous la menace d'un dépôt de bilan.

« Nous avons présenté notre situation financière. Les juges ont essayé de comprendre pourquoi nous en étions là et l'échange a été constructif. Ils ont accepté que nous restions dans l'entreprise jusqu'à demain soir pour terminer quelques commandes reçues cette nuit concernant notre propre collection. Cela nous donne 48 heures pour finir notre activité. Et pour préserver la cohésion de l'équipe jusqu'au bout », a exprimé Muriel Pernin, la présidente, après le prononcé du jugement.

Symbole du "made in France"

Les Atelières ont accumulé 800 000 euros de déficit en  2014, pour un chiffre d'affaires de 230 000 euros (390 000 euros de revenus en 2013 et 500 000 euros de pertes). Symbole du "made in France", la société coopérative spécialisée dans la lingerie corseterie, fondée en 2013 par Muriel Pernin, après la liquidation de Lejaby, employait trente salariés sur son site de Villeurbanne (Rhône).

A partir de jeudi, les salariés seront donc au chômage. « Les plus jeunes recrutés à la sortie de leurs études le seront pour la première fois. Les autres, et notamment, les 5 personnes de Lejaby, revivront un nouveau traumatisme », a expliqué Muriel Pernin. Aussi, a-t-elle voulu réunir son personnel, mardi en fin de matinée, dans les locaux de Villeurbanne, tout simplement pour « parler entre nous ». Et un conseil d'administration de la SA à statut coopératif, a été convoqué à 16 heures.

Transparence à l'égard des donateurs

Il y a moins d'un an, l'entreprise avait évité la liquidation, de justesse, grâce à un refinancement des banques et une opération de financement participatif auprès de particuliers. Ils ont apporté 100 000 euros sur 1,1 million d'euros de fonds propres et quasi fonds propres collectés en deux ans.

« Nous avons toujours été transparents. Dès le départ, nous ne savions pas si nous réussirions l'aventure. Tout le monde savait qu'elle pouvait rater », souligne Muriel Pernin. Quant aux pouvoirs publics, « nous leur avons plus apporté en employant 30 personnes rémunérées correctement pendant 25 mois, qu'eux nous ont donné ».

Muriel Pernin, fondatrice des Atelières (Crédits : Laurent Cerino/Acteurs de l'économie)

70 000 euros d'impayés

Les raisons de l'échec ? « Sans doute aurais-je dû m'adosser davantage à la profession. Nous étions un navire trop léger qui a du faire face à des vents contraires », concède-t-elle. En tant que façonnières spécialisées dans les petites séries totalement faites en France, les Atelières auront, au total, travaillé pour vingt cinq marques haut de gamme qui ont subi la crise russe. D'où « 70 000 euros d'impayés » pour la coopérative lyonnaise. Pour les mêmes raisons, elle a du faire face à une baisse des commandes, en particulier de Maison Lejaby (repreneur en 2012 de Lejaby), seul donneur d'ordres pouvant être cité du fait du partenariat de la première heure noué avec Alain Prost, le fondateur.

Pas de repreneur à l'heure actuelle

Maison Lejaby a représenté 60 % des ventes 2014 des Atelières. « Nous devions leur fabriquer 14 000 pièces, l'an dernier, et ce volume a été ramené à 6 400. Ce qui nous a contraints à deux mois de chômage technique », rappelle Muriel Pernin. Pour s'affranchir de la sous-traitance, la jeune société avait lancé sa propre griffe (principalement de lingerie) en novembre 2014.

À ce stade, aucun candidat ne s'est manifesté pour reprendre tout ou partie des actifs. « Des démarches ont été engagées. Mais cela ne me concerne plus personnellement », répond Muriel Pernin qui, après avoir mis beaucoup de ses forces pour tenter de relever ce défi, va se consacrer totalement à son agence de communication, son métier.

Actualisé le 17/02/15 à 12h05

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Commentaires 7
à écrit le 18/02/2015 à 13:36
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Bonjour, D'autres recherches en développement ont -elle été proposées, un investissement humain est parfois la clé de projets communs. Les salariés de Lejaby, les anciens et les nouveaux dirigeants sont donc envoyés au massacre par le gouvernement d'...

à écrit le 17/02/2015 à 19:10
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Un coup de chapeau quand même a ces femmes qui ont essayé de s'en sortir pour pratiquer un très beau métier. C'était effectivement un parcours semé d'embuches. Les commentaires que l'on voit fleurir sci dessous montrent combien vous n'avez pas été ...

à écrit le 17/02/2015 à 18:37
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800k euros de perte pour 600K euros de CA, il est incroyable que l'entreprise ait même tenu deux ans. Vendre à 43% du prix de revient est irresponsable. 1400k de charges d'exploitation pour 60 employé-ans, cela fait 23k par employé et par an, ce qui ...

à écrit le 17/02/2015 à 14:16
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100% d'accord avec ce que dit churchill plus bas, souvent les nouveaux dirigeants de la scop sont - pour certains - des syndicalistes qui avaient tant critiqué le management précédent : ces "patrons voyous" ... Une fois à la tête de l'entreprise ils ...

à écrit le 17/02/2015 à 10:53
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en tant qu'actionnaires de leur scop, elles devraient recapitaliser l'entreprise ( comme ca les membres du gouvernement ayrault pourraient les traiter de ' sales patronnes negrieres et voyous') pour continuer de faire des investissements ' pas rentab...

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