Jean-François Daber, le fleuron de l’archet français

L’entreprise Jean-François Daber, située à Lyon, est l'une des dernières manufacture spécialisée dans les archets haut de gamme dans le monde. Dirigée depuis 2008 par Vincent Tricou et Gilles Saurais, archetiers internationalement reconnus, ils tentent ensemble de préserver et promouvoir le savoir-faire français.
Vincent Tricou en train de travailler sur un archet. Crédits : Yamina Tayeb

A la fin du XVIIIe siècle, l'archetier François-Xavier Tourte a l'idée de se servir du bois de Pernambouc pour réaliser des archets haut de gamme. Ce bois, exploité pour les teintures, est importé en grandes quantités en France à l'époque. Il présente l'avantage d'avoir une forte densité et d'être plus élastique, lui permettant d'étoffer sa gamme de notes de musiques, autrefois impossible.

En 1980, Jean Schmitt, célèbre luthier, décide de créer l'entreprise Jean-François Daber, à Lyon, afin de perpétuer le savoir-faire français. Aujourd'hui, la société est dirigée par Vincent Tricou et Gilles Saurais, archetiers, et ne produit que des archets haut de gamme. Mais l'archèterie française doit faire face à la concurrence mais aussi à l'épuisement des matières premières et se doit d'innover pour persister sur ce marché concurrentiel.

Des matières premières bientôt épuisées

Le bois de Pernambouc utilisé dans la conception des archets vient de la côte Atlantique du Brésil, mais la déforestation massive a conduit les autorités à réguler l'exportation. Gilles Saurais, co-associé chez Jean-François Daber, se rend deux fois par an au Brésil afin de sélectionner le meilleur bois, celui qui fera un archet parfait :

« Avec une tonne de Pernambouc, on peut réaliser 600 archets, un seul sera exceptionnel et c'est celui-ci que nous fabriquons. Pour cela, nous devons choisir un bois sans nœuds, qui sera saisonné, c'est à dire soumis aux aléas météorologiques durant les quatre saisons, pendant 15 ans afin qu'il ne se déforme plus après la fabrication de l'archet ».

A cela, s'ajoute des morceaux de bois d'ébène, également espèce protégée. Concernant le crin, les deux associés se rendent régulièrement en Mongolie, où les chevaux sont protégés de certains parasites grâce aux températures froides. Une fois le crin récupéré, il est envoyé en Chine et trié, un par un, afin de ne conserver que le meilleur. Un processus long et coûteux mais nécessaire pour atteindre le niveau haut de gamme propre à la maison Jean-François Daber.

Des innovations pour préserver le savoir-faire

« Pour devenir archetier, il faut dix années de formation, et pour être un bon archetier, il faut encore dix années d'expérience » souligne Gilles Saurais. Mais il n'existe plus qu'une seule formation préparant à ce métier en France et pour l'associé « il est voué à disparaître d'ici une vingtaine d'années ». La clientèle japonaise de l'entreprise s'inquiète de la situation car le savoir-faire français est le meilleur en matière d'archets. 

Pour continuer à apporter une plus-value, Gilles Saurais et Vincent Tricou travaillent depuis sept ans sur la réalisation d'un archet hybride, composé d'une tige de bois recouverte par de la fibre de carbone tressée.  « Pour fabriquer un archet, même bas de gamme, il faut minimum 10h de travail, ce qui représente du temps et de l'argent. Avec cet archet hybride, dont toutes les capacités musicales sont conservées, nous aimerions réduire ce temps à une heure afin de passer à une industrialisation plus importante » précise Gilles Saurais.

Pour pouvoir continuer à faire vivre Jean-François Daber, la société ne compte plus que les deux associés et un employé et a réduit son marché uniquement au haut de gamme, Son chiffre d'affaire devrait passer de 500 000 euros en 2013 à 150 000 en prévision pour 2014.

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Commentaires 2
à écrit le 13/08/2014 à 22:40
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Je suis bien triste pour ces 2 ( archetiers ? ) Les rares archetiers français ne parlent jamais d'innovation mais de leurs œuvres . Leur talent est celui des artistes et leur renommée est discrète et reconnue par les musiciens et amateurs d'art du m...

à écrit le 01/08/2014 à 23:47
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Une tonne de permabouc fait un volume un peu supérieur à 1m3 (le bois est réputé plus léger que l'eau), un archet fini est constitué de autour de 25cm3 de bois (0,5 cm2 de section sur 1m de long); en fin de process 600 archets cumulent autour de 15 l...

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