Moissonnier, un ébéniste traditionnel qui joue avec les finitions

Durant tout l'été, Acteurs de l'économie vous propose de découvrir des artisans emblématiques de la région Rhône-Alpes. Premier de la série : Moissonnier. Cette manufacture de meubles perpétue depuis 1885 un savoir faire rigoureux, fait appel à des artistes pour peindre ses commodes et autres bibliothèques. Elle creuse son sillon à l'étranger où il réalise 90 % de ses commandes.

  « Je suis fier de l'ouverture du show-room, à Pékin », s'émerveille d'emblée Jean-François Perche, le président de Moissonnier, ébéniste à Bourg-en-Bresse, dans l'Ain. L'inauguration officielle de cet espace de 250 mètres carrés, au sein d'un design center, aura lieu fin août. L'investissement a été supporté par un partenaire chinois rencontré par son épouse Christine, par ailleurs dg de la Pme bressane, lors d'une mission dans ce pays conduite par Ubifrance. « Il a voulu des meubles et une scénographie, très haut de gamme. Nous avons fait appel au décorateur, Pierre Court. La concrétisation du projet a nécessité un an », énumère t'il. En Asie, le fabricant est déjà représenté à Hong-Kong, par un distributeur, et en Corée où l'enseigne bat pavillon à Séoul avec un show-room financé, lui aussi, par un acteur local. Il en va de même à Moscou, où elle a pignon sur rue, depuis 3 ans. L'Allemagne, est un autre bon client. Mais, elle a plus de mal à se développer aux Etats-Unis, malgré une présence à New-York.

 Reprise en 2009

Sans conteste, Moissonnier illustre bien l'appétence des étrangers pour les savoir-faire traditionnels tricolores. L'exportation assure aujourd'hui 90 % de ses ventes de meubles de style, Louis XVIII ème, Empire, Restauration... « made in France ». Pour autant, Jean-François Perche ne néglige pas le marché national qu'il aborde désormais par l'intermédiaire des prescripteurs : architectes et décorateurs. Ancien cadre chez Kraft Foods France, devenu ensuite consultant en stratégie, il a repris l'ébénisterie, en 2009. Jean-Loup Moissonnier, voulait prendre du recul tandis que Annie-Pierre (Moissonnier), demeure la créatrice maison. La société employait 33 salariés pour  3 millions de chiffre d'affaires, à l'époque de l'acquisition, en pleine crise bancaire. Depuis, les effectifs ont grimpé à 40 collaborateurs et la croissance annuelle, au rythme de deux chiffres, pourrait amener l'entreprise à frôler les 7 millions d'euros de revenus pour l'exercice démarré en mai 2014 (versus 3,75 millions et 74.000 euros de bénéfice net pour le bilan clos fin avril 2013, le dernier publié).

 

De la découpe du bois aux finitions

Ces dernières années, « nous avons essayé de libérer la créativité sans changer le fond des choses ». La fantaisie s'exprime  « dans les couleurs et les finitions, en général », confirme Annie-Pierre Moissonnier. Confère cette commode 573 au pelage léopard (en relief), agrémentés de ses ornementations en bronze dessinées en interne, ou plus récemment celle aux décors tropicaux (Jungle), peints à la main par des artistes extérieurs. Les patines ne sont pas des caches- misère. Il suffit de visiter les ateliers (6000 mètres carrés) pour vérifier la qualité des bois (chêne, hêtre, merisier, poirier). Thomas exécute très scrupuleusement le débit,  première étape consistant à ne garder que la partie noble des essences de la région. Viennent ensuite le corroyage - pour donner forme au bois -, le placage... Intervient alors Thomas qui sculpte les pieds d'une table, la rosace d'une tête lit représentant 4 jours de travail. Ludovic, règne, lui, sur les finitions qui, elles-mêmes, se décomposent en 20 séquences. La trentaine d'artisans s'est formée  pour les uns par la célèbre école Boulle et, pour les autres par les Compagnons du devoir. Certains cumulent plusieurs CAP et diplômes de métiers d'art. L'attachement à la maison est fort : beaucoup sont là depuis 25 à 35 ans mais, mais dans le même temps, l'équipe se rajeunit et la transmission des savoirs se transmet naturellement, y compris par l'apprentissage.

 

Entreprise du Patrimoine vivant

Tous concourent à produire 1600 à 1700 pièces par an et le catalogue décline une centaine de références : cinq ou six sont renouvelées d'une année l'autre. De plus, à la rentrée, Moissonnier se dotera d'un atelier réservé aux commandes spéciales. Elles représentent 40 % des demandes. Et, « il faut faire admettre que l'ajout, ne serait-ce que d'un centimètre supplémentaire, à une armoire, par exemple, entraîne un surcoût », observe le président. Fondée en 1885 par Emile Moissonnier, la société est labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant ». Toutefois, à l'instar de plusieurs autres artisans, elle est en contentieux avec l'administration fiscale qui a rejeté, en 2010, son dossier d'octroi du crédit d'impôt pour les métiers d'arts. « Nous n'avons pas d'explication », assure Jean-François Perche. Il attend maintenant le verdict du tribunal administratif. 

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