Ces entreprises qui vont au-devant de la pénibilité

En Rhône-Alpes, des PME ont devancé la loi sur la pénibilité qui entre en vigueur cette année. Pour mieux s’y préparer ou pour aller plus loin, dans une démarche globale d’allongement de la vie professionnelle.

Malgré leurs réticences, c'est acté. Depuis le 1er janvier 2015, les entreprises doivent tenir un compte prévention pénibilité pour leurs salariés exposés au travail « de nuit » ou « répétitif », « en équipes successives alternantes » ou « en milieu hyperbare ». Quatre critères au lieu de dix. L'an dernier, un bras de fer avec le patronat a en effet contraint le gouvernement à repousser à 2016 la prise en compte des six autres facteurs, dont le port de charges ou les postures pénibles. En 2017, les salariés concernés pourront en fonction de leur cumul de points, se former, passer à temps partiel ou partir en pré-retraite. Et leurs employeurs verseront une cotisation dédiée.

Pas d'explosion de la pénibilité

En Rhône-Alpes, quelques entreprises ont devancé ce calendrier. Ainsi, début 2014, 18 transporteurs de la Loire ont évalué leurs pénibilités et construit un plan action dans le cadre d'une expérimentation lancée par la FNTR-42. L'occasion d'affiner leur regard. « Avant, par exemple, nous ne distinguions qu'un type de conducteur, note Romain Barroux, DRH de 2TMC, transporteur de voyageurs à Sury-le-Comtal (42). Or, transporter des scolaires, des ouvriers ou des touristes n'induit pas les mêmes conditions de travail ». La diversification des « postes », cependant, n'a pas fait « exploser » la pénibilité. Sur 90 salariés, seul un mécanicien sera exposé pour deux critères (postures contraintes et exposition à des produits), en 2016. « Nous adaptons son poste », assure le RRH.

Aux Transports Perbet, à Saint-Etienne (200 salariés), le facteur de pénibilité n°1, pour 44 conducteurs, est le travail de nuit. « Nous ne le supprimerons pas, concède Sandra Cellier, (RRH). Mais nous limitons son effet en décalant des courses ou en faisant tourner le personnel ». Depuis le 1er janvier, la RRH tient les comptes pénibilité grâce à un logiciel élaboré dans le cadre de l'action collective. «L'expérimentation a dédramatisé la pénibilité », estime Sylvie Plotton, de la FNTR-42.

L'usure : une notion dynamique

D'autres entreprises accompagnées par Aravis (*) abordent la pénibilité avec un autre mot : l'usure. « Cette notion embrasse la santé, l'engagement au travail et l'équilibre vie professionnelle-vie privée, explique Christine Martin-Cocher, chargée de mission à Aravis. Et implique d'observer l'exposition dans le temps et à tous les âges ». Ainsi, à Echirolles (38), la Société dauphinoise de l'habitat (220 salariés) enregistre-t-elle de l'usure dans deux types de postes : des fonctions en backstage, au siège, tenues à 60% par des seniors « frustrés » de reconnaissance, et des métiers de terrain confiés à 60% à des jeunes qui sont, eux, « en quête » de reconnaissance. « Et en proie à du turn over et de l'absentéisme », constate Sarah Parvi, DRH.

Avec un groupe de travail, elle a construit un plan en quatre axes : gestion de l'usure face aux changements, co-construction des parcours, renforcement de la prévention et de l'équilibre de vie et suivi du dispositif. Et elle est déterminée : « Il nous faut arriver à un véritable accord sur la qualité de vie au travail. Pour que les RH ne reste pas dans une logique de la réparation de la pénibilité, mais dans la prévention ».

(*) Agence Rhône-Alpes pour la valorisation de l'innovation sociale et l'amélioration des conditions de travail

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.