Ecoles d'entreprises : vers une refonte du système éducatif ?

S'inscrivant dans une responsabilité sociétale, décidées à se préoccuper des "problématiques de leur territoire en donnant une chance à ceux qui n'entrent pas dans le moule du système scolaire", les écoles d'entreprises bouleversent les codes de l'enseignement traditionnel, participant ainsi au débat sur la refonte du système éducatif français.

A l'image des structures Geolid, LDLC ou Sogilis, les écoles d'entreprises se multiplient. En se dotant de leurs propres organes de formation, les entreprises bouleversent les codes de l'enseignement traditionnel.

Mais aussi, chacun de ces nouveaux acteurs de la formation que nous avons rencontrés place sa démarche dans une logique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) :

« Notre école à vocation à former des intrapreneurs qui auront la capacité seuls ou au sein d'une structure, de porter un projet numérique et donc d'être acteurs de la transformation numérique. Certains le feront chez nous, d'autres dans des PME ou en créant leur propre entreprise. Cette école sert LDLC, mais pas seulement. C'est aussi un moyen de prendre soin de notre écosystème », analyse Olivier de la Clergerie.

Point de départ d'un réseau professionnel ?

 De son côté, Philippe Marcadé, estime lui aussi, que faire monter en compétence les (futurs) salariés de Veolia, c'est dynamiser et professionnaliser l'ensemble de son écosystème.

« Une société comme la nôtre ne peut pas se permettre de ne pas se préoccuper des problématiques de son territoire », résume-t-il. « Former des gens en interne sera le moyen de donner une chance à ceux qui n'entrent pas dans le moule du système scolaire, mais aussi de prouver que notre modèle fonctionne à plus grande échelle », fait valoir pour sa part Christophe Baillon.

>> A lire : le premier volet de notre enquête "Quand l'entreprise fait école".

Un constat unanimement partagé donc et peut-être pas forcément désintéressé, puisqu'il renvoie aussi à la notion de réseau. À mots couverts d'ailleurs, chacun reconnaît que ces écoles internes pourraient effectivement devenir le point de départ d'un réseau professionnel. Reste que, pour l'heure, le but recherché n'est pas celui-là. Pas plus qu'il n'est de faire de l'ombre aux acteurs établis de la formation, dont personne ne conteste le métier. Non plus l'expertise pour donner de solides bases théoriques, mais un peu moins pratiques.

Veolia campus

Une concurrence pour les grandes écoles ?

C'est peut-être pour ça que de l'autre côté de la barrière, cette multiplication d'écoles internes interpelle, mais n'inquiète nullement. Brigitte Plateau, administrateur général du groupe INP Grenoble, défend :

« Ces structures se positionnent souvent sur des créneaux sur lesquels l'enseignement public et privé n'est pas présent, souvent sur des niches. Il ne faut pas voir dans ce phénomène une menace pour nos cursus. Les deux systèmes doivent s'enrichir mutuellement »

Une analyse partagée par Michel Delorme, directeur des programmes à l'Esdes de Lyon, qui connaît bien ce phénomène pour l'avoir vu naître et évoluer outre-Atlantique.

« J'ai été associé aux travaux du groupe GE (General Electric), qui a lancé son école dans l'État de New York. Ce qu'ils font colle parfaitement aux besoins de leur entreprise, car cela répond à des besoins précis chez eux. Au Canada, d'autres groupes possèdent également des écoles internes, toujours dans cet état d'esprit. Par ailleurs, nous assistons depuis plusieurs années déjà outre-Atlantique à une montée en puissance de MBA très spécialisés à destination, par exemple, des secteurs des biotechnologies. Il ne faut pas opposer ces dispositifs spécifiques à des filières ou à des entreprises aux nôtres. Les deux ne sont pas en compétition, ils sont complémentaires. Cette montée en puissance de l'enseignement dispensé par des entreprises doit nous inciter à repenser notre façon d'enseigner et à nous rapprocher des communautés d'affaires pour retravailler nos programmes et nos méthodes d'enseignement. Ainsi chacun pourra prendre sa place », estime-t-il.

Veolia campus

Coopération entre entreprises et établissements scolaires

Des messages parfaitement entendus par les entrepreneurs. LDLC a d'ailleurs largement fait appel à des enseignants pour structurer son équipe pédagogique. Sogelis n'exclut pas de travailler avec Grenoble INP pour certains enseignements et aucun des entrepreneurs rencontrés ne jette l'opprobre sur le système traditionnel.

« L'école d'entreprise est très applicative. C'est un moyen de rapporter de la créativité au sein de l'entreprise. Nos cursus ne le sont pas moins. Ces écoles ne remplaceront pas les grandes écoles et les universités. Il faut y voir une dynamique concurrentielle et il faut s'en féliciter », explique Michel Coster, professeur en entrepreneuriat et directeur de l'incubateur EMLYON.

La concurrence reste modeste puisque, de Xavier Niel aux acteurs régionaux, aucun ne prétend former plus de quelques dizaines de jeunes par an, quand les universités et les grandes écoles en accueillent des milliers. Reste qu'en investissant le créneau de la formation, ces trublions semblent déjà avoir relevé une partie de leur pari. Interpeller, interroger, intéresser et donc insuffler de l'audace et de la créativité pour aller vers une remise en question permanente dans l'entreprise, mais aussi tout au long du cursus de formation hors ou dans les murs de l'entreprise.

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