La prison, et après, la réinsertion professionnelle ?

Derrière les murs des prisons, l'enjeu est double : l'aspect sécurité, bien évidemment. Mais le personnel veille aussi à la réinsertion. Faciliter celle-ci, c'est aussi - avec d'autres facteurs - réduire les risques de la récidive. Différentes actions sont mises en place dans cet objectif, à l'instar de l'opération "1 semaine pour 1 emploi" qui s'est déroulée dans l'enceinte carcérale de Valence.

Au centre pénitentiaire de Valence (Drôme), 244 détenus sont "occupés". Cela signifie qu'ils suivent une formation - qualifiantes ou pré-qualifiantes -, ou qu'ils travaillent dans l'un des ateliers de la prison. Parmi eux, 87 ont suivi une formation dans les domaines de la restauration, de la menuiserie ainsi que du bâtiment. Sept d'entre eux sont même titulaires d'un CAP.

Derrière les murs, l'enjeu est en effet double : l'aspect sécurité, bien évidemment. Mais le personnel veille aussi à la réinsertion. Faciliter celle-ci, c'est aussi - avec d'autres facteurs - réduire les risques de la récidive. Différentes actions sont mises en place, telles ces formations ou encore la présence régulière d'une conseillère Pôle Emploi "justice".

Ce lundi 10 octobre, le centre pénitentiaire de Valence organisait - en collaboration avec Pôle emploi - des ateliers et des rencontres avec des professionnels de la formation ainsi que des employeurs, dans le cadre de l'événement "1 semaine pour 1 emploi". Selon Pôle Emploi Valence, 70 % des détenus accompagnés trouvent un emploi à leur sortie de prison. Même si ce ne sont encore que des contrats à durée déterminée ou de l'intérim. Cette nouvelle opération, pour l'administration et ses partenaires, présentait déjà des retours positifs.

Des secteurs porteurs d'emplois

Imaginez en effet une quarantaine de détenus de la maison d'arrêt se presser dans différentes salles afin de s'informer autour de diverses thématiques : la logistique, les espaces verts, le nettoyage industriel, la vente, restauration encore le bâtiment. Voire même la création d'entreprise ! Objectif affiché : permettre aux personnes incarcérées d'avancer dans leur projet avant leur sortie de détention. Un job dating était même organisé lors de l'après-midi, avec de réels employeurs et des postes à pourvoir.

Lors d'un premier atelier, dans la matinée, la thématique choisie était celle du bâtiment. Chaque détenu n'était pas là par hasard. "Ce fut un long travail mené depuis 5 à 6 mois", précise Patricia Pasquion, responsable d'équipe à Pôle emploi. Force fut en tout cas de constater que les échanges furent nombreux.

Lire aussi : Moi, David Vallat, ex-djihadiste repenti par l'entreprise

Quelques détenus étaient en effet là pour découvrir l'activité. Mais pour d'autres, le futur projet professionnel était mûrement réfléchi. Il faut dire que dans certains cas, la fin de peine était proche. Et trouver un travail en détention n'est pas forcément chose aisée, les détenus n'ayant pas accès directement aux offres. "Cela permet de discuter avec le patron. On a besoin d'informations, ça nous rassure aussi. C'est très bien que les patrons se déplacent", confie l'un des détenus.

L'importance de la formation

Mais comment trouver un emploi ? La formation parait être une base indispensable. Un refrain martelé tout au long de l'atelier. "Lorsque l'on veut travailler dans le bâtiment et que l'on est qualifié, on ne connait pas le chômage", lance Claude Bret, formateur Gepsa.

Il faut dire que le secteur recrute. Et les professionnels présents n'ont fait que le rappeler. "Quand on arrive avec un Caces et une expertise, c'est plus facile", précise l'un d'eux. Ajoutant que la formation en interne était aussi possible. Ce qui ne donnera pas forcément un diplôme d'Etat, mais à défaut de l'expérience. Et bien sûr, il y a la motivation. "Si un détenu est motivé, a envie d'apprendre, alors c'est du bonheur à manager," poursuit un autre.

banc prison Valence

 
Des chantiers-écoles sont par exemple proposés aux détenus afin de se former dans l'enceinte du centre pénitentiaire. Certaines réalisations sont visibles aux yeux de tous, comme ce banc, disposé près de l'accueil des familles. Photo A.T.

"La clé de l'employabilité, c'est d'être formé. Même si on le sera dans une entreprise, on a toujours besoin d'une base. Par exemple, ll y a de nouvelles réglementations concernant le métier de plaquiste", ajoute encore Claude Bret. Sans oublier, évidemment, la technicité et la capacité d'analyse nécessaire pour tout métier.

Alors, autant dire que les détenus étaient attentifs lorsqu'on leur a présenté les possibilités qui s'offraient à eux en termes de formation. Ou comment saisir une chance pour espérer un meilleur avenir. Redonner confiance aussi, dans un univers où les personnes incarcérées tiennent souvent des discours négatifs.

Donner une seconde chance

Cette manifestation aura sans aucun doute permis à tous les détenus de visualiser tous les acteurs du dispositif. Celle-ci voulait aussi permettre aux employeurs de se familiariser avec la détention et d'être moins réfractaires à l'idée de recruter un ancien détenu. Parmi les professionnels interrogés, cela ne posait toutefois pas de problème.

"Tout le monde a le droit à une seconde chance. L'important est d'être motivé et d'avoir envie de s'en sortir", indique Quitterie Morizet, chef d'agence chez Bernard Philibert (Saint-Gobain).

Même sentiment pour Mathieu Dumont, gérant de la société Attila Systeme à Valence. "Je suis sensible à la réinsertion. Ça ne me dérange pas tant que la personne est motivée", explique-t-il également. Ce lundi, il cherchait d'ailleurs deux nouveaux collaborateurs et sa présence dans l'enceinte de l'établissement pénitentiaire n'y était pas étrangère.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.