La qualité de vie au travail, une vague de fond

En matière de bien-être au travail, l'aménagement des locaux peut permettre d'améliorer la qualité de vie des salariés. Mais les points de frottements principaux demeurent les relations humaines et donc le management.

Dans cette salle de repos cosy et lumineuse, dix couchettes ou fauteuils moelleux sont mis à disposition des 300 personnes qui travaillent dans l'immeuble Woopa, à Vaulx-en-Velin (Rhône). Le bâtiment livré en 2012 abrite plus particulièrement des entreprises à caractère social (Rhône Saône Habitat, la banque solidaire la Nef, etc.) et a voulu soigner la qualité de vie de ses occupants. Outre la salle de repos, ceux-ci profitent d'une salle de sports, avec cours de boxe, yoga, zumba et d'une salle de repas spacieuse et gaie. L'accès à ces lieux de détente et de convivialité est inclus dans le loyer payé par les entreprises installées ici.

La sieste un sujet tabou

Peu à peu, des habitudes ont été prises, mais il a fallu vaincre des réticences. Cécile Galoselva, P.-D.G. de la SAS Etic, spécialisée dans les projets immobiliers pour les acteurs du développement durable, précise :

« Faire une sieste pendant ses heures de travail était un sujet tabou. Certains ont encaissé des réflexions de leurs managers. Nous avons dû faire des ateliers sur les micro-siestes et le message semble être passé. Aujourd'hui, on voit des gens faire des siestes de vingt minutes après le déjeuner et avouer être davantage d'attaque pour travailler »

 Déployée à Woopa, Etic en gère les espaces communs selon ses valeurs fondatrices : écoute, entraide, qualité de vie. « C'est bien que ce soit un lieu partagé. Je ne me serais pas inscrite au yoga si la salle de sports avait été à côté de mon bureau. Aucune envie de faire du sport avec ma chef ! » Cette réflexion de Noémie démontre toutefois qu'en matière de bien-être au travail, les points de frottements principaux demeurent les relations humaines et donc le management.

La QVT, objectif accessible

« Des études ont montré que les managers passent 90 % de leur temps à renseigner un système. Le reporting a pris un poids écrasant. Les managers ne sont plus sur le terrain pour entendre la parole des salariés. L'interrogation centrale en termes de qualité de vie au travail (QVT) peut se formuler ainsi : Qu'attend-on des managers aujourd'hui ? »

Cette question était posée le 2 octobre 2014 par Hervé Lanouzière, au cours d'une matinale ANDRH (Association nationale des DRH), en partenariat avec l'IAE de Lyon sur cette thématique de la QVT. Car l'objectif du bien-être semblant complexe à cerner et à mettre en œuvre, le monde du travail s'est fixé un but plus raisonnable avec la QVT.

On se retrouve là en terrain balisé avec des diagnostics pour en évaluer le niveau, une méthodologie pour l'installer, auxquels s'ajoute un dispositif légal puisque, le 19 juin 2013, les partenaires sociaux signaient un accord national interprofessionnel visant l'amélioration de la QVT et l'égalité professionnelle. Mieux, le nouveau Plan santé au travail en phase de finalisation se penche désormais sur la QVT.

Petit déjeuner entre voisins

Évaluer le niveau de QVT d'une structure suppose de passer au scanner bien des dimensions : organisation du temps de travail, environnement physique, sens du travail, autonomie, équilibre vie privée-vie professionnelle, dialogue social, relations managériales, égalité professionnelle, etc. Le plat ne serait-il pas indigeste au final ? L'Anact, qui a été désignée par les signataires de l'accord comme accompagnateur des expérimentations, prône des espaces de liberté pour justement expérimenter. Aller pas à pas, viser le sur-mesure.

La Ville de Grenoble (4 000 agents) s'est lancée dans l'aventure QVT. Des objectifs prioritaires ont été ciblés, par exemple, améliorer l'environnement et les espaces de travail. Surtout, une attention particulière est portée au ressenti des agents, via une enquête qui constitue de fait un baromètre sur la durée.

Le conseil général de Haute-Savoie a lui emprunté la route de la QVT depuis plusieurs années, débouchant sur des initiatives précises : un nouveau service de communication interne relié au service ressources humaines, une charte du recrutement qui privilégie la mobilité interne, des petits-déjeuners entre services voisins géographiquement, mais sur des métiers différents. Le mouvement QVT est lancé et touche aussi bien les grandes organisations, qui y déploient néanmoins une certaine lourdeur que les PME, plus facilement réactives et à l'écoute des salariés.

Une vague de fond

QVT, bien-être au travail : il s'agit bien d'une vague de fond « et surtout pas d'un effet de mode. Cela correspond à des changements sociologiques profonds : vieillissement de la population, allongement de la vie professionnelle, évolution du travail via l'hyperconnexion, exigences d'équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle », souligne Thierry Rochefort, expert QVT pour la DRH du groupe EDF.

La crise économique rend ces enjeux encore plus aigus. Elle peut aussi menacer cette quête de bien-être :

« Au début de la crise, notre groupe de travail sur le bien-être avait beaucoup de succès. À présent, nous sommes sur des thématiques plus dures, pragmatiques. Les dirigeants sont essoufflés, ils sentent une chape de plomb sur leurs épaules », témoigne Antoine Pivot.

N'est-il dès lors pas temps de se préoccuper aussi du bien-être du dirigeant ?

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Commentaire 1
à écrit le 03/06/2015 à 15:48
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Une démarche de qualité de vie de travail, initiée par un projet participatif et collaboratif, évaluée par des indicateurs de suivi des plans d’action, pilotée par un well-being manager, permet le développement de l’attractivité de l’entreprise, l’am...

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