“Le Google Street View” grenoblois du bâtiment expérimente en milieu réel son innovation

Modéliser des bâtiments 3D en vue de créer leur jumeau numérique sur une plateforme d’accès facile, à la sauce Google Street View. Telle est la mission que s’est fixée la start-up grenobloise My Digital Buildings. Elle vient d’ailleurs de s'associer à une expérimentation Territoires Solutions, portée par French Tech in The Alps au sein de l’espace de congrès de la Maison Minatec, en vue de tester en milieu réel les usages du numérique au sein de bâtiments accueillant du public.
(Crédits : DR)

Créée officiellement il y a seulement quelques mois par 3 associés (Arnaud Le Bihan, Emeric Mourot et Nicolas Gerchenzon), My Digital Buildings utilise des technologies de scanner 3D en vue de numériser des bâtiments, afin de proposer ensuite une plateforme web permettant à ses clients de visualiser et annoter "le jumeau numérique" de leur bâtiment au sein d'une plateforme web à l'accès simplifié.

Et pour cause : sa navigation peut sembler familière puisqu'elle reprend les codes d'un navigateur tel que Google Street View. Avec, à la clé, une simplification de la démarche, en vue d'en démocratiser les usages auprès des professionnels, qu'ils soient architectes, mais aussi logisticiens, chefs d'entreprises, etc.

"Pas besoin de logiciel, ni d'être expert en 3D pour accéder aux représentations 3D et 2D de son bâtiment", glisse Nicolas Gerchenzonco-fondateur de My Digital Building.

Après avoir travaillé sur les sujets de numérisation 3D dans le domaine des applications mobiles avec son associé Emeric, Nicolas Gerchenzon a eu l'idée de se lancer dans la création de ces "doubles"numériques.

"L'idée était de créer un avatar digital d'un bâtiment, combinant à la fois son aspect géométrique ainsi que sa photo et des vues 360 degrés, en utilisant un charriot de numérisation mobile, muni de capteurs 3D, qui permet de scanner jusqu'à 20 000 m2 de bâtiment par jour", explique-t-il.

Avec un avantage concurrentiel face aux dessins tracés habituellement par des géomètres et leurs scanners statiques : "Nous venons réaliser des captations plus rapides, à des prix compétitifs, et permettent plusieurs options concernant l'exploitation de ces jumeaux numériques".

Des applications larges

Derrière cette ambition, se trouvent plusieurs marchés : le secteur de la construction, avec l'arrivée des maquettes BIM, mais aussi le secteur industriel dans son ensemble, afin de pouvoir notamment accompagner les usines dans leurs projets de transformation et d'implantation de nouvelles machines.

"Les jumeaux numériques nous permettent dans ces cas d'avoir une représentation de leur usine et de se projeter plus rapidement. Mais c'est aussi une occasion d'améliorer le diagnostic de certaines pathologies comme les troubles musculo-squelettiques en modélisant les manipulations au sein des chaines de production", illustre-t-il.

Une technologie qui s'adresse donc non seulement à des grands comptes qui gèrent un important parc de bâtiments mais aussi d'organisations qui reçoivent du public, comme des hôpitaux ou encore des gares. De premiers tests ont d'ailleurs déjà été réalisés avec des groupes tels que Orange, mais aussi des sites de Dassault Systems, l'Occitane, la SNCF ou le centre commercial Grand Place.

Les chiffres du Cabinet ABI Research estimaient d'ailleurs l'an dernier que, si seulement 6% des entreprises manufacturières s'étaient déjà dotées d'un tel outil de modélisation, 83% d'entre elles avaient commencé à se renseigner tandis que 29% prévoyaient de sauter le pas dans les 12 mois.

Une entrée dans l'événementiel

Et la jeune pousse vient de pousser la porte d'une nouvelle expérimentation qui pourrait bien donner un coup de projecteur à sa solution de modélisation. Depuis cet été, cette dernière vient de rejoindre l'expérimentation Territoires Solutions, portée par French Tech in The Alps au sein de la Maison Minatec, un espace de congrès de 1000 m2 qui accueille chaque année près de 40 000 visiteurs au sein de la Presqu'île Scientifique.

Ce projet vise à "expérimenter et valider des usages de solutions IoT dédiés aux marchés Smart City/ Smart Building", aux côtés de partenaires que sont les sociétés Adeunis, eLichens, Jyse, ainsi que le groupe Orange et CEA Tech.

"Dans le cadre de la Maison Minatec, nous travaillons sur un jumeau numérique qui permet une visite virtuelle et de le mettre à disposition des partenaires de ce projet afin de proposer une interface avec des solutions existantes visant à mesurer la qualité de l'air, la consommation énergétique des bâtiments, etc", explique Nicolas Gerchenzon, qui précise que sa solution peut intégrer une nomenclature afin d'y ajouter le positionnement de points d'intérêts.

"Tous les capteurs installés dans la maison Minatec peuvent être listés comme des points d'intérêts afin de pouvoir être localisés et de comprendre dans quel environnement ils évoluent, et de faire remonter des informations en temps réel". Une expérimentation qui permet aux différents partenaires de pouvoir tester des fonctionnalités de maintenance au sein d'un espace événementiel, telles que la prise de côtes à distance avec une précision millimétrique par exemple, tandis que la jeune pousse entrevoit, grâce à cette expérience de nouvelles perspectives.

"Il s'agit d'une brique de localisation et de guidage indoor visant à permettre à un technicien de maintenance de localiser et de se diriger au sein d'un bâtiment afin d'atteindre directement une pièce défectueuse", souligne Nicolas Gerchenzon.

Et rappelle que, d'après une étude des cabinets Gartner et IDC, les entreprises investissant dans un jumeau numérique observeraient 30% d'amélioration au sein de leurs processus critiques. Un cas d'usage qui présenterait, d'après lui, l'intérêt de ne pas nécessiter la pose d'infrastructures (relais, balises, etc), habituellement nécessaire aux systèmes de localisation Gps.

Avec quatre salariés, la startup, pour l'instant hébergée au sein d'une extension du Tarmac, ne souhaite pas communiquer sur son chiffre d'affaires mais cite déjà quelques chiffres :

"Différents cabinets d'analyse estiment que le marché mondial des jumeaux numériques sera compris entre 13,9 milliards de dollars en 2022 et 15,66 milliards de dollars en 2023".

Et pour assurer ce passage à l'échelle, la jeune pousse compte bien sur le déploiement de partenariats.

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