INRIA : quels sont les projets de recherche qui vont révolutionner le secteur privé ?

Culture, transports, industrie, ou encore santé... Tous les secteurs de l'économie pourraient être, à terme, touchés par l'émergence de l'intelligence artificielle, l'une des spécialités de l'INRIA, le centre de recherche de Montbonnot, situé en périphérie de l’agglomération grenobloise. Il accueillait cette semaine une école d’été PAISS où se sont côtoyés durant cinq jours chercheurs, étudiants et industriels afin d’évoquer les enjeux soulevés par le développement de l’intelligence artificielle, dont son transfert et ses applications vers le secteur privé.
Le centre de recherche de Montbonnot, situé en périphérie de l’agglomération grenobloise accueillait cette semaine une école d’été PAISS où se sont côtoyés durant cinq jours chercheurs, étudiants et industriels afin d’évoquer les enjeux amenés par le développement de l’intelligence artificielle.
Le centre de recherche de Montbonnot, situé en périphérie de l’agglomération grenobloise accueillait cette semaine une école d’été PAISS où se sont côtoyés durant cinq jours chercheurs, étudiants et industriels afin d’évoquer les enjeux amenés par le développement de l’intelligence artificielle. (Crédits : DR)

Avec près de 700 collaborateurs répartis en région Rhône-Alpes entre les sites de Grenoble et de Lyon, le centre de recherche de l'INRIA de Montbonnot s'intéresse aux sciences de numérique, à la robotique et au traitement de l'image. A Grenoble, son antenne se spécialise plus particulièrement dans les images numériques, l'intelligence artificielle et le calcul de haute performance.

A ce titre, le site accueillait cette semaine une école d'été sur l'intelligence artificielle où près de 200 chercheurs, étudiants et industriels issus de 44 nationalités ont été invités à débattre sur les enjeux soulevés par l'intelligence artificielle : reconnaissance visuelle, apprentissage automatique, optimisation mathématique, robotique, sciences cognitives.

"Face à un très grand nombre de candidatures - près de 700 -, nous avons dû opérer une sélection", affirme Julien Mairal, chercheur de l'équipe THOTH, étudiant l'apprentissage de modèles visuels à partir de données massives.

Partenaire de l'événement, le leader coréen de l'internet Naver, implanté depuis l'été 2017 à Meylan après le rachat du site de recherche de Xerox, a même mis en place des bourses afin que des étudiants puissent y participer.

Durant ces cinq jours, aux côtés des chercheurs de l'INRIA, de grands noms se sont succédés tels que Yann Le Cun, directeur du laboratoire de recherche de l'intelligence artificielle de Facebook, Rémi Munos, chercheur au laboratoire Google Deepmind ou encore Andrew Zisserman, chercheur à l'université d'Oxford spécialiste de la lecture optique.

Lire aussi : Yann le Cunn, Facebook : "Les sociétés privées ont besoin de la recherche académique"

Des rencontres qui visent avant tout à échanger entre les différentes spécialités, mais aussi à donner lieu à de nouvelles collaborations et mises en relations, en corrélation avec la stratégie du centre.

"Notre politique est de mettre en place des équipes communes avec d'autres partenaires comme le CNRS, le monde universitaire, mais aussi avec des entreprises pour aller chercher des problématiques et des cas d'usages", souligne Patrick Gros, directeur du centre de recherche.

Le site grenoblois a notamment mis sur pied des laboratoires communs avec des PME et des industriels comme Alcatel (devenu Nokia), Microsoft et des partenariats avec des acteurs comme STMicroelectronics ou Schneider Electric.

"Nous travaillons aussi avec des start-ups, qu'elles soient issues de l'interne comme 4D View (qui conçoit des systèmes de Vidéo 3D en temps réel) ou de l'externe, comme ToutiTerre, une start-up qui conçoit des robots et véhicules intelligents pour l'agriculture biologique et qui avait besoin de technologies de guidage", illustre Patrick Gros.

La voiture autonome en tests

Financée à 75% par des dotations de l'Etat contre 25% pour des ressources propres (ANR, projets européens, contrats avec des entreprises), l'INRIA planche actuellement sur plusieurs projets dont les applications pourraient se révéler cruciales pour le secteur privé, tels que le développement d'algorithmes pour équiper la voiture autonome Renault Zoé de l'Institut de Recherche Technologique (IRT) Nanoelec (projet Perfect), aux côtés du CEA de Grenoble.

"L'enjeu est de développer une technologie qui soit capable de capter son environnement, de percevoir ce qui bouge ou pas, ce qui est à éviter ou pas", précise Patrick Gros.

Une problématique d'actualité, comme l'a confirmé le récent accident mortel d'une voiture autonome Uber survenu en mars dernier au Texas.

"Durant cet accident, une partie des capteurs avaient détecté un obstacle bien avant la collision, mais pas les caméras, et c'est le logiciel embarqué qui n'a pas su prendre en compte convenablement ces informations. Les travaux de l'équipe Chroma portent précisément sur ce point et nous pensons apporter des solutions innovantes à ce problème", confie le professeur Olivier Simonin, en charge de l'équipe Chroma à l'INRIA.

Ces travaux ont fait l'objet d'un brevet (HSBOF à l'Inria, mais aussi au CEA), et font actuellement l'objet d'un transfert industriel avec l'entreprise Easymile. "L'objectif est de déployer cette technologie dans sa prochaine génération de véhicule autonome", ajoute-t-il.

Des projets "made in Grenoble"

Autre projet applicable au sein de l'écosystème grenoblois ? Le Grenoble Trafic Lab imaginé par l'équipe NECS de l'INRIA, qui n'est rien de moins qu'une plateforme de prédiction du trafic qui permet d'observer en temps réel et de prédire les temps de parcours sur la rocade sud, grâce à la mise en réseau de 130 capteurs.

Avec un objectif : permettre ensuite aux services publics de disposer d'un outil de régulation du trafic et de prévision des épisodes de bouchons ou de pollution.

"Nous travaillons aussi avec la métropole de Grenoble et la société à laquelle elle a délégué la gestion des feux rouges pour améliorer la gestion du trafic. Nous avons démontré que notre système permettrait de faire gagner 20 % du temps de transport en moyenne", souligne Patrick Gros.

L'INRIA travaille également à destination de l'industrie cinématographique, des jeux vidéos et du monde artistique, avec sa plateforme multi-caméras Kinovis. Equipée de 68 caméras sur 170m2, cette plateforme permet d'obtenir des modèles de représentation 3D complets des formes et des mouvements sans avoir à utiliser des systèmes traditionnels de marqueurs pour capturer le mouvement.

"Cette technologie permet de gagner du temps en postproduction, puisque le logiciel permet d'automatiser certaines fonctions, et de mouler des représentations virtuelles très réalistes de certaines formes, comme le pli d'une robe", affiche Laurence Boissieux, ingénieur de recherche à l'INRIA.

Une idée qui a récemment séduit l'enseigne de prêt-à-porter Zara, qui a utilisé la plateforme Kinovis pour concevoir une expérience de réalité augmentée où une application mobile permet de voir les hologrammes de ses deux mannequins défiler avecles nouvelles pièces de la collection printemps-été 2018.

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