Corail Artefact : le projet qui pourrait sauver la barrière de corail

En Haute-Loire, la SCOP Fontanille et l’artiste plasticien parisien Jérémy Gobé mettent au point une dentelle capable de potentiellement sauver la barrière de corail.
(Crédits : DR)

La SCOP Fontanille, près du Puy-en-Velay, une PME textile, reprise à la barre du tribunal de commerce fin 2012 par 40 de ses salariés, accueille en résidence l'artiste plasticien parisien, Jérémy Gobé.

Un partenariat qui pourrait sauver la Grande barrière de corail, en Australie. Pourtant, le projet Corail Artefact a émergé au détour d'un incroyable hasard.

De la dentelle au corail

Il est né à la suite du dernier FITE, le festival international des textiles extraordinaires (Clermont-Ferrand).

"J'aime travailler sur les enjeux contemporains et les savoir-faire en déclin. Le festival m'a mis en contact avec cette entreprise. Je suis arrivé sans aucune idée préconçue, je ne savais pas vers quel projet artistique nous nous orienterions", raconte Jérémy Gobé.

Mais l'artiste est rapidement frappé par la dentelle en points d'esprit de Fontanille.

"Pour avoir travaillé sur le corail par le passé, j'ai immédiatement reconnu dans cette dentelle la structure microscopique du corail. Tout correspond exactement. C'est stupéfiant. Ce point a été inventé il y a 450 ans, il est évident que la structure des coraux n'avait pas été étudiée à l'époque mais nous pouvons imaginer que ces formes sont présentes dans la nature et reprises plus ou moins consciemment par l'Homme".

L'intuition est là, immédiatement : Et si cette découverte pouvait sauver le corail ?

L'idée fait boule de neige. La résidence chez Fontanille prend alors une tournure dont les enjeux s'envolent bien au-delà de l'art pour atteindre les sciences, l'industrie et l'avenir de la planète.

Un protocole est mis en place avec des équipes scientifiques, notamment celle d'Isabelle Domart-Coulon au CNRS. La DRAC soutient financièrement le dossier. "Les coraux sont nécessaires aux écosystèmes marins, à la biodiversité, à l'alimentation des habitants des littoraux. Mais ils dépérissent en raison du réchauffement climatique. Ils perdent leur microalgues symbiotiques, cela empêche leur renouvellement".

Depuis le début de l'année, l'artiste, l'entreprise et les scientifiques travaillent ainsi au développement d'un substrat en dentelle permettant de développer des boutures de corail et de les implanter sur les récifs décimés, grâce à la colonisation de nouvelles larves de corail.

"Cette dentelle a tous les avantages : la transparence, la biodégrabilité, la rugosité...", poursuit Jérémy Gobé. Cinq motifs de dentelle ont été dessinés. La symbiose est en cours de validation dans les aquariums de la Porte Dorée, à Paris.

Un projet industriel audacieux

"Nous avons travaillé avec Fontanille pour ramener le coût de production à 400 euros les 100 mètres de dentelle. Au-dessus, le projet n'était pas viable économiquement", souligne l'artiste.

Le budget global du projet de recherche, qui devrait se prolonger jusqu'en 2021 avoisine les 400 000 euros. Dont une partie supportée par la SCOP altiligérienne.

Une entreprise bien implantée dans la région grâce à ses 150 ans d'existence mais qui se remet doucement de sa liquidation il y a cinq ans. Avec un chiffre d'affaires de 3,2 millions d'euros, elle affiche un résultat net légèrement bénéficiaire. Elle n'a pourtant pas hésité à se lancer dans l'aventure.

"C'est vrai qu'il y a un risque mais si le projet va jusqu'au bout, cela pérenniserait l'entreprise et la métamorphoserait complètement ! Et puis, c'est un projet citoyen. Nous avions envie de nous investir", souffle Rolland Arnaud, le dirigeant de la SCOP.

Si son travail va désormais bien au-delà de l'art, Jérémy Gobé n'en a pas moins oublié cet aspect puisqu'il réalise une fresque monumentale en dentelle reproduisant un récif coralien. Elle sera exposée à partir de la fin du mois au Musée Bargoin de Clermont-Ferrand, puis en Roumanie en 2019.

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