Numérique : la pénurie de main-d'œuvre devient problématique dans la Loire

Selon une étude menée récemment par Digital League, le département de la Loire et ELO, plus de 500 postes seraient à pourvoir sur le territoire. Une pénurie qui peut nuire à la compétitivité des entreprises et également engendrer des tensions entre concurrents.
(Crédits : DR)

Le constat de l'observatoire de la filière numérique dans la Loire*, réalisé par le Département, le cluster Digital League et ELO, est sans appel : les entreprises ligériennes de la filière du numérique sont gênées dans leur développement par la pénurie de main-d'œuvre. A l'instar de la problématique régionale mise en lumière par le dernier observatoire EY du numérique en Auvergne-Rhône-Alpes, le principal frein au développement dans la Loire est la difficulté de recrutement pour 35,7% des entreprises, bien plus que les questions de fiscalité et de charges sociales (28,6%) ou même de concurrence (21,4%). La filière numérique ligérienne compte 180 entreprises et emploie environ 3.200 personnes.

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Alors que la filière ligérienne compte 180 entreprises et emploie environ 3 200 personnes, 580 postes ne seraient actuellement pas pourvus dans le département. Problème majeur pour une filière locale se disant à minima stable (25 %) ou en progression (75%). "Les carnets de commandes sont pleins pour les 3 à 6 mois à venir", commente Michael Ngo, délégué territorial Loire pour Digital League, en charge de la réalisation de cette étude.

Des développeurs, encore des développeurs !

Plus de 68% des besoins en recrutement concernent les métiers de programmation et de développement, très loin devant les autres métiers. Le deuxième profil le plus recherché, - direction, management et stratégie -, ne pèse en effet que pour 7,2% des demandes non satisfaites. "Certes, les développeurs représentent le plus gros des bataillons de l'emploi dans le numérique. Mais les formations actuelles ne sont pas assez nombreuses, même si les écoles de codes se multiplient. Et surtout, elles ne sont pas toujours adaptées aux besoins des entreprises", poursuit Michael Ngo.

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"Dans ce secteur, il faut évoluer tout le temps. Les formations ne s'adaptent pas assez vite. Par exemple, l'année dernière, nous avons eu une stagiaire qui apprenait encore la technologie flash à l'école. Pourtant, cette technologie est morte. Plus personne ne l'utilise !".

Le délégué territorial rappelle néanmoins que dans la Loire, plusieurs écoles ont émergé récemment, ou sont en cours de création : Simplon à Roanne, Design Tech avec Telecom Saint-Etienne ou encore House of Codes avec le Cnam.

Concurrence d'attractivité

Pour attirer de nouveaux talents, les entreprises du numérique de la Loire font appel, pour 64,3% d'entre elles, aux réseaux sociaux et au bouche-à-oreille (60,7%). Pôle Emploi n'arrive qu'en troisième position des relais de recrutement.

"La pénurie de profils de développeurs crée des tensions entre les entreprises de la filière. Puisqu'il n'y a pas assez de candidats sur le marché de l'emploi, la seule solution est le débauchage", explique le délégué territorial. La pénurie faisant monter les salaires, un jeune développeur Bac +2 serait ainsi assuré d'un salaire d'au moins 2 000 euros nets dans la Loire.

Certaines entreprises font également "appel à des spécialistes de l'attractivité pour essayer d'attirer des profils parisiens. Cela peut fonctionner mais ce n'est pas suffisant pour couvrir les besoins. De plus en plus d'entreprises envisagent de créer leur propre école", poursuit-il. C'est par exemple ce qu'a entrepris le groupe de matériel informatique LDLC en créant son propre institut de formation dès 2014, pour répondre à la fois à ses besoins mais aussi à ceux de l'écosystème.

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* L'étude a été menée auprès d'un échantillon représentatif de 66 entreprises du numérique (analyse selon codes NAF avec une définition du numérique élargie par rapport à l'observatoire EY).

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