Biopharma : Theranexus a déjà levé 8 millions d'euros

Theranexus, jeune biopharma lyonnaise, pourrait révolutionner le traitement de la narcolepsie, une maladie orpheline se caractérisant par des accès de sommeil incontrôlables. Ces deux fondateurs ont inventé une technologie issue de leurs travaux au CEA de Fontenay-aux-Roses, en Ile de France.
Franck Mouthon : Co-fondateur et Président et Mathieu Charvériat : Co-fondateur et Directeur Scientifique

C'est une prise en charge thérapeutique plus efficace de la narcolepsie que laisse envisager Theranexus, une biotech lyonnaise employant 10 collaborateurs. Cette maladie orpheline - elle touche quelque 300 000 personnes dans le monde et 10 000 en France - s'exprime par des attaques d'endormissement en pleine journée et une perte brusque du tonus musculaire. Alors que les traitements actuels ne s'attaquent que partiellement aux symptômes, le THN102 développé par la jeune société, les cible dans leur ensemble. Il a prouvé son innocuité et les essais cliniques de phase 2 ont démarré fin 2016.

"Près de la moitié des 48 patients a été recrutée et cette étape 2 s'achèvera courant 2018", précise Franck Mouthon, co-fondateur de Theranexus avec Mathieu Charvériat.

La découverte

Ces deux scientifiques, respectivement normalien et polytechnicien, ont créé la société en mars 2013 dans le prolongement de leurs recherches sur les maladies à prions provoquant une dégénérescence du système nerveux central, au sein du CEA-Imeti de Fontenay-aux-Roses, dans la banlieue parisienne.

"Les médicaments utilisés aujourd'hui agissent sur les neurones. Or, nous avons compris que les cellules non neuronales jouaient un rôle important dans la régulation de l'activité neuronale", explique Franck Mouthon.

Une partie de l'équipe de la biopharma reste domiciliée au CEA dans le cadre d'une poursuite de la collaboration centrée sur le cœur de leur découverte.

Protection jusqu'en 2030

"Nous avons inventé une technologie qui consiste à réunir dans une même gélule deux molécules agissant simultanément sur les cellules neuronales et non neuronales", poursuit le président du directoire. "Nous sommes allés chercher dans la pharmacopée humaine des médicaments libres de droit. Cela permet de réduire le temps nécessaire, de diminuer les coûts et d'augmenter la probabilité de succès".

Pour autant, ce dernier précise que les brevets portant sur la technologie pourraient garantir une protection jusqu'en 2030. D'autres champs d'application se profilent pour le traitement. Des essais cliniques de phase 2 sont annoncés dans la maladie de Parkinson, fin 2017 : "30 % d'entre eux sont en proie à une somnolence excessive", décrit Franck Mouthon. Par ailleurs, deux autres produits sont actuellement prévus pour entrer en clinique en 2017 :  douleurs neuropathiques * (liées à des lésions nerveuses périphériques ou centrales) et la démence d'Alzheimer.

L'accompagnement de Lyonbiopole

Theranexus, dont le siège est basé dans la pépinière Laënnec, a collecté, à ce stade, de l'ordre de 8 millions d'euros de financements. Sur cette somme 3,6 millions d'euros ont été levés, en novembre 2014, auprès d'investisseurs institutionnels majoritaires au capital : Auriga Partners, Sofimac Partners, CEA Investissement et RA Création (devenu Kreaxi). Le solde provient de concours divers : DGA (direction générale de l'armement), Bpifrance, FUI (Fonds unique interministériel)...

 A propos de l'appel à projets gagné auprès du FUI, "Lyonbiopole nous a aidés à construire notre dossier. Cette équipe remarquable nous a apporté des contacts qualifiés avec l'industrie", avise Franck Mouthon. "Nous avons décidé de garder notre agilité en faisant appel à la sous-traitance. Nous n'investissons ni dans des laboratoires ni dans des animaleries. Nous nous concentrons sur notre technologie phare".

Quel modèle économique ?

Amener des médicaments jusqu'à leur mise sur le marché est très onéreux. Quel modèle économique pour Theranexus ? Franck Mouthon se dit ouvert à toutes les solutions de partenariats, financiers mais plutôt industriels. Il souhaite nouer un premier accord de licence pour le THN102 en 2019.

* Ces douleurs chroniques concernent 70 millions de personnes dans le monde.

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