Santé : Bioaster décloisonne le tissu académique et industriel

Lancé en 2012, l'Institut de recherche technologique (IRT) Bioaster favorise le développement de projets dans le domaine de la santé. Mais pour faire émerger l'innovation dans le secteur plus particulier de la microbiologie, il se base sur un modèle spécifique : le développement de projets collaboratifs de type public-privé.

Au cœur du Biodistrict Lyon-Gerland, le bâtiment qui abrite le siège social de Bioaster n'est pas vraiment nouveau. Cependant, ce jeudi 2 février, il vient tout juste d'être inauguré. "Nous avons mis moins de temps à le construire, 15 mois, qu'à trouver une date pour son inauguration, 18 mois", sourit Philippe Archinard, président de cet institut dédié à l'innovation technologique en microbiologie et destiné à favoriser le développement des projets dans le domaine de la santé.

"Cependant ce bâtiment n'est pas une finalité. Il est au service d'un projet innovant", poursuit Philippe Archinard.

Il se place "au cœur de la stratégie" de Bioaster, puisque ses sept plateformes technologiques y sont installées, sur une surface de 3 600 m², dont les deux tiers sont consacrés aux laboratoires. De fait, "il permet de meilleures normes de qualification pour une translation plus rapide des résultats de la recherche dans le monde industriel", souligne Marie-Josée Quentin-Millet, directeur général de Sanofi Pasteur, un des fondateurs de Bioaster.

La construction de l'immeuble ainsi que l'achat des premiers équipements représentent un budget global de 14 millions d'euros. Pour le financer, la région Auvergne Rhône-Alpes et le Grand Lyon ont participé à hauteur de 5,2 millions d'euros, Sanofi Pasteur a effectué une donation d'un million d'euros et Bioaster a contracté un emprunt auprès de la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes d'un montant de 2,6 millions d'euros.

Recherche technologique

Un des vocations de Bioaster, et des IRT (Institut de recherche technologique) de façon plus générale, est de favoriser un champ disciplinaire encore peu accompagné en France : la recherche technologique. "Nous avons dressé ce constat qu'en France, la recherche académique est hypertrophiée au détriment de celle technologique", indique Philippe Archinard.

"Ce nouvel objet dans le monde des maladies infectieuses correspond à une innovation technologique. Or, il s'agit du maillon faible en France. Nous avons une force d'innovation en amont et une force en aval. Alors, les IRT viennent combler ce manque entre les deux", détaille également Marie-Josée Quentin-Millet.

Projets collaboratifs

Bioaster, dont le budget total pour 2017 est de 20 millions d'euros, s'affiche également comme un démultiplicateur de créativité, venant faire un pont entre la recherche académique d'un côté, et les industriels, PME et startups, de l'autre, afin que les deux mondes se rencontrent. L'idée est de décloisonner le tissu académique et celui industriel.

L'avantage pour les entreprises ? Un accès à de nouvelles technologies, qu'elles n'auraient pas pu financer, mais aussi un partage du risque entre elles, Bioaster et le monde académique. Pour ce dernier, cette combinaison permet une accélération de la recherche.

Pour Yannick Neuder, vice-président du conseil régional Auvergne Rhône-Alpes, en charge de l'enseignement supérieur, de l'innovation et de la recherche, la problématique se résume ainsi : "La recherche sans industrie est condamnée. L'industrie sans recherche est déjà morte",

Car la particularité de Bioaster réside avant tout dans son fonctionnement : des projets collaboratifs de type public-privé.

"L'innovation est de plus en plus liée à des interactions entre des acteurs différents. Les faire travailler ensemble était fondamental dans notre démarche", se souvient le président de Bioaster.

47 projets accompagnés

Les IRT ont été créés par les investissements d'avenir. Le dossier de Bioaster a, au départ, été porté par Lyonbiopôle, rejoint par l'Institut Pasteur. Puis par des institutions publiques, le CEA, le CNRS et l'Inserm, des industriels du domaine de la santé, Danone, l'Institut Mérieux et Sanofi Pasteur, et un groupe d'une quarantaine de PME. Le projet a été labellisé en 2011. Sur les 8 IRT retenus, Bioaster est le seul à opérer dans le champ de la santé. Il est officiellement lancé en 2012.

Depuis cette date, Bioaster a travaillé sur 47 projets, "un chiffre considérable dans ce domaine", souligne Nathalie Garçon, CEO de Bioaster. Les budgets des projets vont de 0,5 à 8 millions d'euros, avec une moyenne de 1,6 million d'euros. En décembre 2016, quatre nouveaux projets ont été signés, notamment avec la biotech lyonnaise MaaT Pharma et Imaxio.

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