La Haute-Savoie en pointe de la recherche sur les micropolluants

Le ministère de l'Écologie a retenu le projet SIPIBEL-RILACT de Bellecombe (Haute-Savoie) parmi ses 13 projets de lutte contre les micropolluants dans les eaux urbaines. Un des objectifs sera d'évaluer la dangerosité de ces substances de plus en plus présentes dans l'eau.
L'hôpital Alpes-Leman et sa station d'épuration, point de départ du projet de recherche.

La chasse aux micropolluants est ouverte. Le projet savoyard SIPIBEL-RILACT (Risques et leviers d'actions relatifs aux rejets de médicaments) de Bellecombe en Haute Savoie a été choisi par le ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie parmi 13 autres projets de lutte contre ces substances chimiques, dont la présence augmente, et qui échappent encore aux stations d'épuration.

"Cette annonce signifie l'octroi d'un million d'euros supplémentaire sur trois ans pour financer ce projet unique en France", souligne Élodie Brelot, la directrice du Groupe de recherches Rhône-Alpes sur les infrastructures et l'eau (GRAIE), l'association qui pilote ce projet.

Au départ, un hôpital

C'est la construction du centre hospitalier Alpes-Léman à Contamine-sur-Arve, en 2010, qui avait lancé le signal de départ de ce projet de recherche novateur. La préfecture de Haute-Savoie avait alors imposé au syndicat des eaux des Rocailles et de Bellecombe de traiter séparément les rejets de l'hôpital et les effluents urbains.

Le syndicat des eaux avait chargé le GRAIE du suivi de ces rejets. C'est ainsi qu'un premier projet avait vu le jour sur le site pilote de Bellecombe (SIPIBEL) : le projet franco-suisse IRMISE, doté d'un financement annuel de 700 000 euros de fonds publics. L'objectif était de créer des outils de suivi d'une centaine de micropolluants dans les eaux usées.

Un consortium national de recherche avait été créé, avec notamment la participation de l'ENTPE Lyon et celle de chercheurs réputés comme Christophe Dagot, responsable du département Eau et environnement à l'Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieur de Limoges.

Les médicaments viennent d'abord de la maison

En 2012, le GRAIE réussit à mettre en place le suivi de 14 médicaments, de détergents, de désinfectants et de polluants classiques. Les premières conclusions révèlent que les rejets de médicaments dans les eaux usées proviennent davantage des réseaux urbains que de l'hôpital. "Les effluents hospitaliers sont souvent plus concentrés", explique Élodie Brelot, "mais les flux les plus importants sont domestiques, en raison de la consommation de médicaments à domicile, notamment après les traitements ambulatoires".

Le financement supplémentaire obtenu pour le projet SIPIBEL-RILACT  permettra désormais aux chercheurs d'identifier les risques sanitaires et environnementaux liés à ces micropolluants de plus en plus répandus.

Connaître la dangerosité

"On retrouve des traces de médicaments dans les trois quarts de l'eau qui arrive dans les usines de potabilisation de l'eau", affirme Martin Guespereau, le directeur général de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse. "Le nombre de molécules augmente chaque année. Il est important de connaître leur impact sur l'environnement et potentiellement sur la santé", ajoute-t-il.

Les travaux du SIPIBEL-RILACT contribueront à donner de nouvelles pistes de solutions aux futures stations d'épuration. Celles qui arrêteront un jour les micropolluants. En attendant, la solution la plus prometteuse reste de réduire les émissions à la source, précise Martin Guespereau, qui cite par exemple les actions menées dans la vallée de l'Arve pour diminuer les rejets métalliques dans l'eau par les industriels.

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