Comment l’EuroMusic Contest veut dépoussiérer l’Eurovision

Lancé au mois de mars, l’EuroMusic Contest entend faire passer le kitchissime mais néanmoins célèbre Eurovision au rang d’archive télévisuelle. Son arme : utiliser les réseaux sociaux pour capter une génération jeune et connectée.

« Musicalement c'est pauvre. » Quentin Lechémia est catégorique à l'égard de l'Eurovision, d'ailleurs « samedi je ne le regarderai pas, comme beaucoup de Français », prévient-il. Jeune musicien et startuper à l'origine de l'application mobile à succès Pornostagram, le Lyonnais fait partie de ces personnes qui ne seront pas devant France 3, samedi 10 mai, pour la 59ème édition du cultissime concours européen de la chanson se déroulant à Copenhague. Mais sera occupé à organiser l'EuroMusic Contest. Une nouvelle compétition musicale destinée à « génération ultra connectée » et adepte des réseaux sociaux.

Baptisé l'Eurovision 2.0, l'EuroMusic Contest est destiné à tous les artistes de la scène émergente et indépendante européenne. « Nous voulons encourager la qualité, la diversité et la créativité artistiques choisies par le public européen », souligne Quentin Lechémia, cofondateur du concours avec sa cousine Romy Roynard, le premier à Lyon avec sa startup My Band Market, la seconde à Bristol en Angleterre avec Div'up, société créatrice de concepts.

Un vote par Facebook

Lancée au mois de mars sur internet, la compétition donne la possibilité à tout candidat de proposer son projet musical en le soumettant au vote des internautes depuis une page Facebook, créée pour l'occasion. Depuis son lancement, 3 000 artistes se sont enregistrés et 260 000 votes ont été comptabilisés (93 000 uniques). Ils pourraient atteindre 350 000 à la fin de la semaine. Au 30 juin, les 10 finalistes retenus par un jury composé de professionnels de l'industrie musicale se produiront à Paris à la salle Le Divan du Monde. Et le vainqueur remportera trois jours d'enregistrement dans les studios grecs Black Rock Studio.

Des partenaires de choix

Pour cet événement, le duo organisateur s'est entouré de partenaires stratégiques européens. D'abord pour la diffusion. Euronews retransmettra en direct sur son site internet la soirée (8 millions de visiteurs uniques chaque mois), ainsi que Le Plus-Le Nouvel Observateur grâce à la technologie Youtube Live. « Déjà partenaire des Nuits Sonores organisées à Lyon, nous avons fait le choix de soutenir cet événement musical car c'est exactement ce type d'initiative que nous voulions mener, après le lancement, en 2012, de notre compilation Eurovibes », explique-t-on du côté de la chaîne Euronews.

Suivra ensuite, une diffusion sur la chaîne iConcerts (Suisse), spécialisée dans la musique live. L'EuroMusic Contest a également le soutien de Jamendo, site luxembourgeois d'écoute et de téléchargement de musique, de Zimbalam, distributeur digital de musique (France), et du magazine Wired Italia.

Différences avec l'Eurovision

Outre leur dimension européenne, 36 nations sont en lice pour l'Eurovision, 40 pour l'EuroMusic Contest, les comparaisons entre les deux concours s'arrêtent là. Le premier, fondé en 1956, est financé par les membres de l'Union européenne de radio-télévision dont les « cinq grands » (la France en fait partie) et bénéficie d'un budget fluctuant entre 15 millions d'euros (édition 2013) et 100 millions d'euros (édition 2012) quand celui des Lyonnais atteint moins de 100 000 euros, apportés uniquement par des fonds privés. Côté audience, plus d'une trentaine de pays diffusent l'Eurovision soit un potentiel de 130 millions de téléspectateurs par éditions contre quelques millions pour la 1ère édition de l'EuroMusic Contest.

Autre différence, la langue. Les candidats à l'Eurovision chantent le plus souvent dans la langue de leur pays. Pour le concours 2.0, la plupart le font en anglais dans une « optique d'internationalisation » de la musique. Puis, alors que l'interminable séance de diffusion des résultats des votes à l'Eurovision plombe la soirée, l'EuroMusic Contest donnera la possibilité aux internautes de le faire en direct, et en temps réel pendant la finale de juin.

« Dépoussiérer » le modèle d'origine, les organisateurs lyonnais ne s'en cachent pas. Face à une grosse machine, bien huilée et puissante mais fuie par la jeune génération, l'Eurovision 2.0 fait le pari de la viralité des réseaux sociaux afin de créer l'événement et de devenir la première compétition européenne hyper connectée.

 

 

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