Oé, la start-up lyonnaise qui secoue la grappe (de raisin)

Spécialisée dans le vin biologique et sans pesticides, Oé veut rendre la viticulture plus vertueuse. Sa démarche séduit : la startup lyonnaise est notamment devenue la première marque en France à remettre en place la consigne dans le vin, avec son partenaire lyonnais, Rebouteille. Après avoir levé 2,5 millions d’euros cet été, elle ambitionne de doubler son chiffre d’affaires d'ici fin 2020.
La jeune pousse lyonnaise Oé, créée en 2015, propose du vin biologique, végan et sans pesticides.
La jeune pousse lyonnaise Oé, créée en 2015, propose du vin biologique, végan et sans pesticides. (Crédits : DR)

"La vigne représente 4% des surfaces agricoles françaises. Pourtant, elle couvre à elle seule 20% des pesticides utilisés en agriculture. Nous pouvons faire bouger rapidement les lignes, même à notre échelle de startup". Thomas Lemasle est le cofondateur de la jeune pousse lyonnaise Oé, créée en 2015 avec François-Xavier Henry. Leur créneau : le vin biologique, végan et sans pesticides.

Des vins qu'elle achetait jusqu'ici à une vingtaine de vignerons français et qu'elle revendait via son réseau de distribution (e-commerce et points de vente). Depuis quelques semaines, Oé a rebattu ses cartes. Elle propose désormais ses propres bouteilles, brandées uniformément Oé donc, mais toujours issues de son réseau de viticulteurs bio et engagés pour une viticulture respectueuse de l'environnement.

"Les bouteilles continuent de mettre en valeur le producteur, car nos vignerons sont très importants pour nous. Mais avec une marque unique, c'est beaucoup plus facile de négocier avec nos partenaires", commente Thomas Lemasle.

Réintroduire la consigne dans le vin

Au-delà de l'aspect marketing, cette réorientation permet à la start-up certifiée B-Corp d'aller plus loin dans son engagement vert. Avec des packagings plus responsables notamment (zéro capsule, étiquette constituée à 95% de déchets de canne à sucre et à 5% de chanvre, colle hydrosoluble permettant un décollage facile de l'étiquette, bouchon naturel). Et, nouveauté dans le monde du vin, la mise en place depuis quelques jours d'une consigne.

"Nous sommes attentifs à la cohérence globale de notre projet. Or, c'est un non-sens de jeter des bouteilles qui n'ont servi qu'une fois. Les bouteilles sont réutilisables jusqu'à 50 fois !", indique Thomas Lemasle.

Selon lui, réemployer une bouteille (au lieu de la recycler) permet d'économiser jusqu'à 33% d'eau et 76% d'énergie, tout en produisant 79% d'effets de serre en moins. Pour mener à bien cet usage, toujours en vigueur pour la bière ou la limonade par exemple, mais désormais disparu dans le secteur du vin, Oé s'est associée au Lyonnais Rebouteille, spécialiste du sujet. La startup devient ainsi la première marque en France à remettre en place la consigne dans le vin.

"Cela nous coûte plus cher que si nous achetions de nouvelles bouteilles parce que pour l'instant, ce marché n'est pas mature, les volumes ne sont pas suffisants. Si d'autres acteurs, comme nous, s'engagent sur ce chemin, acceptent ce coût supplémentaire, progressivement les volumes de réemploi dans le vin augmenteront et les opérateurs pourront pratiquer des tarifs plus intéressants", insiste ainsi le dirigeant, dans un appel à peine voilé à ses confrères/concurrents.

Oé renforce ainsi son engagement dans la partie aval du processus. Sur la partie amont, elle est également impliquée puisqu'elle reverse 1% de son chiffre d'affaires au programme "Oé pour la bio-diversité". Il permet de financer deux partenariats. Le premier avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) pour favoriser la biodiversité dans les vignes, le second avec Biomed pour démétalliser les sols viticoles, grâce à la plantation de certaines espèces végétales.

L'année du décollage

2020 semble être l'année du décollage pour Oé. Et ce, malgré la crise. Elle avait vendu 100.000 bouteilles en 2019 (chiffre d'affaires non communiqué), et devrait en vendre 200.000 cette année. La jeune pousse a en effet pu renforcer son équipe (14 collaborateurs actuellement) et dynamiser son réseau de distribution, grâce à une levée de fonds de 2,5 millions d'euros annoncée cet été, et réalisée essentiellement auprès de business angels.

Jusqu'ici essentiellement présente sur le marché via son site de e-commerce et en B2B, elle a renforcé considérablement son réseau de distribution physique depuis quelques semaines. Elle compte désormais une centaine de points de vente, principalement en Auvergne-Rhône-Alpes dont, depuis peu, 70 épiceries bio L'Eau Vive. Les bouteilles Oé font également leur arrivée à Paris, via le réseau de coopératives Les Nouveaux Robinson (20 boutiques).

D'ici 5 ans, Oé espère dépasser le million de bouteilles vendues (France et international) en convainquant producteurs et clients de la "nécessité absolue" de faire évoluer le monde du vin.

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