Grenoble : l'autopartage Cité Lib cherche son modèle économique

Un an et demi après le lancement des I-roads et de Coms - les petites voitures électriques en auto-partage de Toyota - les partenaires du projet font un premier bilan qu’ils estiment plutôt encourageant de l’expérimentation menée à Grenoble. Les véhicules ont séduit 1 000 utilisateurs. Mais le seuil de rentabilité serait encore plus élevé.
Les partenaires ont dressé un premier bilan, un an et demi après le lancement de Cité Lib by Hamo.

1 000 utilisateurs, et un rythme de croissance qui s'accélère avec près de 100 nouvelles adhésions par mois. Le projet Cité Lib by Hamo, qui regroupe 70 petits véhicules électriques (Coms et i-Roads) produits par Toyota et opéré par le grenoblois Cité Lib, monte en puissance.

Une forte mobilité

Après une phase de lancement et de déploiement, l'heure est désormais aux premiers retours des utilisateurs, très attendus par les partenaires (Cité Lib, EDF via Sodetrel, Toyota, Grenoble Alpes Métropole, la Ville de Grenoble). Et parmi les tendances relevées, on retrouve un fort désir de mobilité :

"On constate que 75 % des trajets se font sans retour au point de départ, et durent en moyenne 45 minutes", explique Martin Lesage, directeur de Cité Lib.

D'après les premiers retours obtenus, 71 % des utilisateurs possèdent déjà une voiture. L'ambition n'étant pas de remplacer à tout prix les autres modes de transport, mais bien d'intégrer les Coms et i-Roads au sein du mix de solutions de déplacements disponibles.

Lire aussi : L'avenir est à la mobilité par la multimodalité

Au total, près de 120 bornes de recharge ont été installées par la filiale d'EDF, Sodetrel, sur l'ensemble de l'agglomération, "et il existe 40 bornes supplémentaires qui ne font pas partie du dispositif mais qui sont accessibles", ajoute Christian Missirian, directeur commerce d'EDF Rhône-Alpes Auvergne.

Des ajustements de l'offre

Depuis le lancement, les partenaires ont aussi dû procéder à des ajustements : à commencer par la simplification du tarif, qui est aujourd'hui de 1 euro le quart d'heure, ainsi que la création de packs globaux pour les entreprises comprenant des cartes unitaires pour les salariés.

"Des modifications techniques ont été effectuées sur la direction des Coms et sur les suspensions des i-Roads pour les rendre plus confortables", dévoile Martin Lesage.

Si le projet grenoblois constitue une première à l'échelle mondiale, le constructeur Toyota mène conjointement trois autres expérimentations au Japon (dont Tokyo, Okinawa et Toyota City), via des modèles différents.

"Nous souhaitons beaucoup de retours positifs et négatifs, ainsi que de suggestions de la part des grenoblois", a annoncé Akio Yamamoto, general manager de la division ITS (Intelligent Transport Systems) de Toyota, qui rappelle que l'un des objectifs poursuivi à travers les I-roards et les coms était de diversifier son business model.

"D'ici 5 à 10 ans, aucun constructeur ne pourra survivre en vendant seulement des véhicules. A nous d'inventer une nouvelle utilisation en montant un système de gestion", explique-t-il.

Dessinées pour être "attirantes et faciles à prendre en main", les i-Roads et les Coms visent à étendre le public cible de Toyota, en séduisant aussi le public féminin et les personnes âgées. Pour Martin Lesage, l'arrivée de ces voitures a permis à l'autopartage d'attirer une nouvelle clientèle à l'autopartage, les jeunes. "On a réduit la moyenne d'âge des utilisateurs de 10 ans".

Un modèle économique à trouver

Bien que les premiers signaux semblent plutôt positifs, la décision concernant la poursuite de cette expérimentation ne sera prise qu'à l'issue de la période d'essai de 3 ans.

"Il faut encore laisser du temps à l'expérimentation et être attentifs aux signaux envoyés par les utilisateurs, en matière de nouveaux besoins et envies. Sachons les saisir", a lancé Christophe Ferrari, président de la métropole de Grenoble.

Pour Martin Lesage, il est évident qu'un business model ne se bâtira pas avec 1 000 utilisateurs.

"Au début, on a d'abord eu des gens curieux d'essayer ces nouvelles voitures, tandis que les utilisateurs qui arrivent aujourd'hui le font davantage pour répondre à un besoin", estime-t-il.

Si la flotte de ce projet est limitée à 70 véhicules, le directeur de Cité Lib croit qu'il reste de la latitude pour monter en puissance. "Ces voitures sont en moyenne utilisées 45 minutes à chaque fois. Or, on sait qu'à Paris, la durée d'utilisation d'une voiture en autopartage est sensiblement la même, mais on arrive à 6 à 7 trajets par jour, ce qui laisse un axe de progression".

Les entreprises dans le viseur

Il mise aussi sur le développement de la clientèle professionnelle, encore peu nombreuse, pour répartir les usages. "Pour l'instant, nous avons encore beaucoup de particuliers, et nous ne couvrons pas toutes les périodes de la journée". Plus frileuse, la clientèle des entreprises ? La formation de 1h, gratuite mais nécessaire pour conduire les i-roads (et non les coms), pourrait néanmoins constituer un frein pour certaines entreprises, concède M. Lepage. Une formule destinée aux petites entreprises et professions libérales, dont les besoins peuvent être complexes et variés, reste à l'étude.

Si ce modèle expérimental ne génère pas de marge de service et représente encore un poste d'investissement en R&D pour les différents partenaires, la société Cité Lib, qui opère le service en plus de son propre parc de voitures en autopartage (150 véhicules traditionnels et hybrides), poursuit son développement. Avec cette année, un chiffre d'affaires en progression de 25%, qui devrait s'établir à 1,5 millions d'euros.

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Commentaire 1
à écrit le 29/05/2016 à 11:41
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Les changements des habitudes et des comportements en matières de déplacements urbains ne sont pas instantanés cependant les choses changent notablement à Grenoble et des pionniers/avant-gardistes sont déjà là : http://www.echosciences-grenoble.fr/...

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