Arnaud Mourot, Directeur Europe Ashoka : "Lyon est le parfait écosystème pour l'entrepreneuriat social"

Le réseau Ashoka, 1er réseau mondial d'entrepreneurs sociaux a décentralisé pour la première fois à Lyon, la présentation de ses lauréats pour 2015. Arnaud Mourot, Directeur Europe d'Ashoka, détaille la stratégie du réseau, notamment sur la Métropole de Lyon.

Acteurs de l'économie-La Tribune : Vous avez présenté mercredi à Paris les huit entrepreneurs sociaux sélectionnés par Ashoka cette année. Pour la première fois, vous l'avez fait aussi en région à Lyon jeudi. Concrètement comment sélectionnez-vous les entrepreneurs sociaux de votre réseau ?

Il n'y a pas d'appel à projets. Pour nous, il est plus utile et pertinent, de travailler avec un réseau de prescripteurs que nous avons mis en place dans toute la France. Nous avons formé des personnes à nos critères et qui à un moment voient passer des projets, des pépites potentielles. Cela permet de faire une première sélection et ensuite de nous focaliser sur les projets qui nous paraissent les plus intéressants. À ce moment-là, commence un processus qui est assez long, puisqu'il va prendre entre 6 mois et un an avec beaucoup de rencontres et de discussions.

Quels sont les critères phares ?

Ce qui nous intéresse chez les entrepreneurs sociaux, ce n'est pas leurs business plans. Nous accordons beaucoup d'importance à la trajectoire de l'entrepreneur. Comment le projet s'ancre dans l'histoire de la personne. Nous cherchons à comprendre également quelle est l'innovation qui est réellement apportée. Quelle est la nouvelle façon d'aborder le problème et le prendre à la racine ? Cela prend beaucoup de temps pour établir la confiance, mais nous ne sommes pas pressés, car une fois qu'ils auront passé le processus, les entrepreneurs sociaux choisis deviennent membres du réseau à vie. Nous devons donc nous assurer que nous avons bien les bonnes personnes.

Quel est l'accompagnement que vous proposez ?

Il y a une logique de réseau, ils ont accès à toutes les compétences des partenaires sur de l'expertise, de la communication, etc. Ils ont accès à du mentorat, à un réseau d'autres entrepreneurs sociaux dans le monde, il y a en a environ 3 000, qui peuvent, sur les mêmes thématiques être d'un précieux secours. Enfin, nous avons un réseau d'entrepreneurs business, eux ont envie de partager leur expérience avec du sens et des valeurs, et l'entrepreneuriat social colle très souvent à leurs aspirations.

Il y a une dimension de retour, également pour ceux qui intègrent le réseau. On leur demande de devenir à leur tour des accompagnateurs. Notre métier, c'est d'animer cette communauté, de développer un esprit de famille, et dans une famille, généralement on s'entraide.

Pourquoi cette décentralisation sur Lyon ?

Cela correspond à notre stratégie en France. Lyon est la première ville dans laquelle nous avions envie de nous arrêter. Nous pensons qu'il y a le parfait écosystème à Lyon pour développer ce que nous souhaitons faire. C'est-à-dire des programmes qui visent à trouver des réponses innovantes et entrepreneuriales aux grands enjeux de société.

Cela combine à la fois les approches des entrepreneurs sociaux, mais aussi de plus en plus une attention portée au rôle des entreprises privées. Elles peuvent avoir dans le champ de l'intérêt général des actions importantes au travers de leurs business, quand elles le font un peu différemment. Et enfin, il y a les pouvoirs publics qui ont tout à gagner à l'essor de l'entrepreneuriat social et de ses nouveaux modèles. Nous sommes dans une logique de faire travailler ensemble des écosystèmes différents pour qu'ils se renforcent et avoir au final plus d'impact social.

Je pense qu'il existe ici, le bon écosystème composé d'entrepreneurs sociaux, d'entreprises locales avec cette dimension internationale. Il y a le tissu académique. L'ensemble des ingrédients est réuni pour que la recette fonctionne. Cela nous parait tout à fait pertinent de venir à Lyon et de mettre plus de moyens et de ressources. Car ce faisant, nous aurons un impact sur le territoire et nous pourrons très certainement utiliser cette expérience lyonnaise pour la décliner dans d'autres villes de France.

Est-ce que cela veut dire que vous allez implanter une structure pérenne à Lyon ?

Nous avons fait le choix de ne pas avoir une structure uniquement étiquetée Ashoka. Nous sommes en train de travailler sur un projet qui s'appelle le 107 que nous sommes en train de mener avec Ronalpia et d'autres partenaires. Nous avons voulu travailler dans une démarche collaborative qui correspond bien à notre esprit. Mais aussi parce qu'il y a beaucoup de complémentarité entre les différents acteurs autour du 107. Ce lieu va nous permettre d'entrer sur le territoire de la Métropole et d'avoir des ressources variées avec nos réseaux.

Pour les huit personnes qui seront là jeudi soir, c'est aussi une façon de les mettre en relation avec le territoire ?

Exactement, la vocation d'Ashoka, c'est aussi d'aider à la duplication des projets et donc de leur trouver à ces entrepreneurs les bons terreaux pour leurs développements. Nous sommes convaincus que les projets présentés sont pertinents pour le territoire de l'agglomération lyonnaise.

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