Compagnie alpine d'aluminium  : la doyenne sauvée par la Scop

Le tribunal de commerce d'Annecy a accepté mercredi le plan de reprise de la Compagnie alpine d'aluminium par ses salariés, sous la forme d'une Société coopérative et participative (Scop). L'entreprise présente depuis 1765 à Cran-Gevrier (Haute-Savoie) conservera 65 de ses 110 employés.
Les représentants syndicaux Jean-Yves Briot (CFDT) et Didier Rosa (CGT) avaient signé le pacte syndical conclu avec Grégoire Hamel (au centre), permettant la reprise par la Scop.

Le tribunal de commerce d'Annecy a autorisé la poursuite d'une histoire industrielle commencée il y a 250 ans, quand cette entreprise qui s'appelait alors les Forges de Cran fabriquait déjà des casseroles et des fourneaux. La forge était approvisionnée par les mines de Sevrier, de St-Jorioz et de Lathuile.

Au début du XXe siècle, les Forges de Cran se tournent vers la production d'aluminium. Au début des années 2000, l'entreprise bénéficie de son statut de fournisseur de Tefal, basée à Rumilly, à moins de 20 kilomètres de la forge d'aluminium à laminage froid.

Achevée par une escroquerie

Mais cette longue histoire a bien failli s'arrêter après que la Compagnie alpine d'aluminium soit passée successivement, depuis 40 ans, entre les mains de grands groupes industriels (Péchiney, Alcan, Novelis) puis du fonds d'investissement AIAC, basé dans le Delaware, un état américain souvent comparé à un paradis fiscal. AIAC rachète la forge en 2006 pour un euro.

La baisse des commandes avait déjà fragilisé l'entreprise dans les années 2000, mais c'est une escroquerie au président qui assène le coup de grâce en 2014 : l'entreprise y laisse 1,2 million d'euros, avant de déposer son bilan à la fin de l'année dernière.

Perspectives de niches

Alors que l'entreprise réalise un chiffre d'affaires de 38 millions d'euros par année, le projet de Scop réunit un tour de table de 11 millions d'euros. « Nous avons aussi obtenu des lettres de soutien de nos clients pour les deux ans à venir », précise Grégoire Hamel, actuel directeur commercial de la Compagnie alpine d'aluminium et futur dirigeant de la Scop Alpine d'Aluminium.

La relance de l'activité vise des marchés de niche où l'aluminium peut remplacer avantageusement d'autres matières. « En Europe, on observe une croissance naturelle de l'aluminium dans le bâtiment au détriment du zinc et du cuivre, détaille M. Hamel. En Allemagne, en Autriche et en Italie, les produits en aluminium ont même pris le pas sur le zinc. »

La Scop Alpine d'Aluminium compte également développer son offre de produits techniques à destination de l'industrie pharmaceutique. Elle maintiendra aussi sa position de fournisseur de disques de fonds de casseroles à Tefal, qui ne représente toutefois que 15% des ventes actuelles.

Les efforts des salariés

« La forme coopérative est particulièrement adaptée à ce métier dont le savoir-faire est important. Nous avons affaire à des salariés compétents, qui s'engagent comme associés repreneurs, ce qui explique la signature du pacte syndical », souligne Michel Rohart, directeur de l'Union régionale des Scop Rhône-Alpes, qui pointe le manque d'investissements depuis 2006.

Si 40 des 65 salariés qui seront conservés participent financièrement à l'aventure coopérative, l'engagement du personnel ne se limite pas à l'investissement financier. La signature d'un pacte syndical entre les salariés repreneurs et les représentants syndicaux a conduit à revenir à la convention collective, en renonçant à ce qui allait au-delà. Par exemple, les jours de RTT ont fondu, passant de 22 à 7. Les efforts ajoutés les uns aux autres ont permis à la Scop de présenter un plan de reprise qui prévoit une masse salariale réduite de 10%.

Toutefois, 45 employés ne sont pas conservés dans la Scop. « Nous avions une pyramide des âges décalée, qui comptait beaucoup d'employés âgés de plus de 55 ans », nuance Grégoire Hamel. Et les compétences des plus expérimentés seront transmises aux plus jeunes via une association, précise le futur dirigeant.

Chiffres clés du tour de table

  • Fonds propres, dont participation des salariés : 4 millions d'euros
  • Emprunts bancaires : 3 millions d'euros
  • Emprunts à court terme (affacturage...) : 3 millions d'euros
  • Programme investissements d'avenir (ex-Grand Emprunt) : 1,4 million d'euros

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