Fundovino : le financement participatif viticole arrive en Beaujolais

Lancée l’été dernier, la plateforme de crowfunding Fundovino promeut uniquement des projets du monde viticole. Un coup de pouce modeste qui peut être décisif. Un viticulteur du Beaujolais s'est lancé. Explications.

Dans un contexte où les aléas climatiques ont grévé ou anéanti les dernières récoltes, les banques rechignent à prêter davantage à des viticulteurs généralement déjà endettés. Pourtant, pour maintenir la qualité du vin qu'ils produisent et développer leur exploitation, il leur est vital de continuer d'investir. C'est pour résoudre cette équation que quatre quadragénaires, anciens élèves de la même école de commerce parisienne et amateurs de vin, ont imaginé la plateforme de crowdfunding Fundovino, le premier site de financement participatif dédié à l'univers du vin. Les projets affichés s'élèvent en moyenne à 9000 euros : achat de parcelles, de nouvelles charrues, de cuves... Le système permet au viticulteur d'accéder à un financement rapide et simple, sans procéder à un montage financier complexe ni faire appel à une caution.

Le principe du donnant-donnant

Le principe est le même que les plateformes de crowdfunding classiques : l'internaute contribue au financement d'un projet en versant un montant qu'il choisit. Le porteur du projet s'engage à lui offrir une contrepartie en nature. Tout naturellement, les bouteilles figurent en tête de liste de ces échanges. Mais on peut aussi se voir proposer un week-end dans le domaine viticole, un dîner à une table étoilée... Dans le cas où le projet n'est pas financé, l'internaute est remboursé de sa mise.

L'équipe de Fundovino garantit le sérieux du projet, s'assure que son porteur honorera ses engagements, puis l'épaule dans l'élaboration de sa campagne de promotion (texte, vidéo, choix des contreparties...) Elle ne prend de commission que si le projet est effectivement financé : 8%, frais bancaires inclus. Le viticulteur ne paie donc le service Fundovino que s'il en récolte effectivement les fruits.

Des amateurs de vin séduits

Depuis son lancement en août dernier, la plateforme a permis le financement de huit projets (soit deux tiers des projets présentés), pour un montant global de 90000 euros. Un taux « très honorable » pour un nouvel acteur de crowfunding, selon l'avis de Jérôme Worth, co-fondateur et directeur général. De fait, 550 donateurs ont été séduits, et le don moyen s'élève à 155 euros. Quid des viticulteurs dont les projets n'ont pas remporté les suffrages ? Pour Jérôme Worth, ils n'ont pas dépensé leur énergie à perte : « Même en cas d'échec, la démarche est à voir comme l'opportunité de faire la promotion d'un domaine, d'un vignoble, d'un projet, d'un homme ou d'une femme. »

Une forme de « mediatraining » pour un monde peu rompu à l'autopromotion. De l'autre côté de l'écran, l'internaute amateur de vin fait connaissance, à travers les vidéos et les textes de présentation, des personnes qui produisent le vin qu'il consomme. Il découvre le savoir-faire, l'expérience, la technicité, bref, les coulisses du monde viticole. Au-delà de la bouteille, il s'approprie une histoire. Le vin qu'il aura financé n'en sera que meilleur... presque comme s'il avait participé aux vendanges.

Un viticulteur du Beaujolais s'est lancé

Frédéric Sornin est viticulteur dans le Beaujolais, à Lantignie (Rhône). Il possède un domaine d'une vingtaine d'hectares et tente le crowdfunding pour financer une partie de l'acquisition de 2,5 ha supplémentaires. « C'est dans l'air du temps, c'est une bonne expérience. Le cout d'acquisition total est de 25 000 euros. Je suis à la recherche d'au moins 5000 euros, et je m'engage à autofinancer le reste. », explique-t-il tout en restant prudent : « on verra bien si ça va jusqu'au bout. »

Vidéo du projet de Frédéric Sornin sur Fundovino

S'il a apprécié l'accompagnement « très efficace » de l'équipe de Fundovino, il met en garde : « Certes, ce n'est pas un prêt, je n'aurai personne à rembourser. Mais les contreparties ne sont pas des petites bricoles : elles ont une valeur réelle. Pour obtenir 5 000 euros, j'offre l'équivalent de 4 000 euros en nature. » A 20 jours de la clôture, 1 625 euros ont été récoltés par le vigneron sur la plateforme.

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