ProovStation : des capteurs et de l'IA pour digitaliser l'inspection automobile

Série CES 2021 (4/5). Fondée en 2018 à Lyon, la jeune pousse ProovStation veut dépoussiérer le domaine de l’inspection automobile, jusqu'ici réalisé manuellement, avec ses portiques connectés et son application mobile utilisant de l'intelligence artificielle. Avec 80 dispositifs déjà installés en Europe, elle vise une levée de 10 millions en 2021 pour accélérer la cadence.
Le lyonnais ProovStation a conçu un portique bardé d'une vingtaine de capteurs optiques qui, associés à de l'IA, pourrait faciliter les inspections réalisées par les constructeurs, distributeurs, transporteurs et même loueurs de véhicules.
Le lyonnais ProovStation a conçu un portique bardé d'une vingtaine de capteurs optiques qui, associés à de l'IA, pourrait faciliter les inspections réalisées par les constructeurs, distributeurs, transporteurs et même loueurs de véhicules. (Crédits : DR)

C'est son troisième CES, dans une année qui devrait résonner comme celle de la montée de son industrialisation... Pour Cédric Bernard, le fils du fondateur du distributeur automobile Bernard, la création d'une jeune pousse servant le milieu de l'automobile résonnait comme une évidence.

« Nous avons démarré dans le placard à pneus de l'un des garages du groupe familial, où nous avons commencé à monter notre système. Notre première station s'est ensuite déployée dans l'un d'entre eux, à Bourg-en-Bresse », se souvient Cédric Bernard, cofondateur et président de ProovStation.

C'est pourquoi à l'issue d'un parcours au sein du groupe familial en tant que responsable de l'innovation, il a choisi de se pencher, avec ses quatre associés, sur une problématique bien précise : « comment automatiser et standardiser le processus d'inspection automobile, que l'on est constamment obligés de faire dans le cadre d'un transport, d'une location ou encore d'une réparation d'un véhicule, et qui demeurait jusqu'ici un procédé fastidieux, chronophage, cher et surtout partial car il ne disposait que d'un niveau de précision humain », précise-t-il.

Concrètement, le lyonnais a conçu un portique bardé d'une vingtaine de capteurs optiques, sous lequel peut ainsi se glisser une voiture afin d'analyser sa carrosserie, en l'espace de quelques secondes seulement -au lieu d'une trentaine de minutes lorsque cette tâche est réalisée par un humain-.

 « Notre station vient scanner automatiquement le véhicule, en prenant une série de plusieurs centaines de photos, sous tous les angles. L'IA permet d'identifier ensuite, au moyen d'un algorithme, l'ensemble des dommages présents sur le véhicule, en indiquant leur localisation, leur sévérité ou encore leur taille », explique Cédric Bernard.

Chaque passage est ensuite horodaté, géolocalisé et consigné, afin de pouvoir assurer une traçabilité de l'inspection menée, qui est ensuite transmise à une plateforme logicielle où ses clients peuvent retrouver l'ensemble de leurs rapports.

Un gain de temps pour l'ensemble de la chaîne

Une automatisation qui ferait ainsi gagner de l'argent à l'ensemble de la chaine des acteurs automobiles, même si elle n'a donc vocation à remplacer un contrôle technique ou un diagnostic de la mécanique interne de la voiture.

« Les personnes qui réalisaient les inspections auparavant étaient par exemple souvent des garagistes, pour lesquels cette tâche représentait une perte de temps. Cela leur permet de se concentrer sur leur métier principal », souligne Cédric Bernard.

Ses applications seraient nombreuses puisque l'industrie automobile requiert, de par la nature du produit utilisé, des inspections que ce soit pour acheter, louer ou encore faire réparer un véhicule.

« La voiture est l'un des seuls produits que l'on transporte sur des camions sans emballages, et les dommages peuvent être nombreux », rapporte le président de ProovStation.

Celui-ci rappelle d'ailleurs qu'une voiture neuve peut ainsi être habituellement contrôlée jusqu'à 11 fois, entre le moment où elle sort de son entrepôt, et celui de sa livraison. « Notre solution peut également être utilisée par les réparateurs qui ont la charge d'un véhicule, mais aussi par les réseaux de location qui génèrent des flux importants », reprend-t-il.

Car la force de son concept est basée en grande partie sur l'IA, et notamment son algorithme, qui demeure entraîné quotidiennement en interne par son équipe, est de pouvoir s'améliorer et apprendre en s'appuyant sur une masse de données toujours plus nombreuses. Au total, ProovStation emploie désormais 50 collaborateurs dont 25 datascientists et sous-traite la fabrication de son portique à un industriel français.

Elle collabore également avec Nvidia Corp, le géant de l'informatique graphique, qui lui fournit notamment une partie de sa technologie embarquée.

Objectif : près de 200 stations en 2021

En l'espace d'une année, et non des moindres lorsqu'on parle de 2020, la jeune pousse est parvenue à déployer 80 stations à travers 13 pays européens dont la France, et s'apprête à livrer un premier client aux Etats-Unis en 2021, un constructeur dont le nom est pour l'instant tenu confidentiel.

« Nous avons par exemple le loueur British Car Auctions (BCA) qui gère un parc de 1,3 millions de véhicules parmi nos clients ainsi que des sociétés spécialisées dans le transport comme Dekra qui ont également des centres de contrôles techniques équipés de nos solutions », avance Cédric Bernard.

Même si 2020 « n'était pas franchement l'année la plus facile pour se lancer », la technologie de ProovStation a déjà atteint ses objectifs annuels et vise à doubler le nombre de stations vendues dès l'an prochain. « Nos premières livraisons vont déjà nous permettre d'enregistrer près de 9 millions d'inspections annuelles », précise-t-il.

Sur ce marché, le lyonnais, qui loue sa solution pour une enveloppe de 5.000 euros mensuelle (avec des contrats de 48 mois), mise sur son algorithme puissant pour distancer ses concurrents.

 « Nos principaux compétiteurs se situent en Israël, en Allemagne et en Angleterre mais nous défendons un fort niveau de précision, de l'ordre de 95%, tandis que notre système est capable d'analyser 1.500 véhicules par jour », relève le président de ProovStation.

Après avoir démarré sur les fonds propres de ses cofondateurs ainsi qu'avec une première levée d'amorçage (montant : NC), la startup envisage de passer à la vitesse supérieure dès cette année avec un tour de table de 10 millions d'euros à l'agenda. Objectif : consolider sa présence en Europe, et mettre un pied en Amérique du Nord. « Il n'y a d'ailleurs aucun acteur aux Etats-Unis, c'est pourquoi nous souhaitons adresser ce marché au plus vite », glisse-t-il.

« Bien entendu, la crise du Covid a retardé certains de nos déploiements mais nous n'avons eu aucune annulation de contrats. Nous arrivons justement à un moment où les entreprises ont besoin de digitaliser leurs processus et de réaliser des économies », estime Cédric Bernard.

Même si la tenue du CES en version digitale s'avère pour l'heure moins fournie en prises de contacts que les précédentes pour les startups régionales, Cédric Bernard relativise : « Dans notre domaine -et au vu des volumes adressés par certains constructeurs ou distributeurs, ndlr-, il suffit d'un seul bon contact ».

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