Le premier traitement symptomatique contre la Covid-19, made in Auvergne

Le laboratoire auvergnat Vitrobio lance le premier traitement symptomatique de la Covid-19. Il s’agit d’un spray liquide qui, une fois pulvérisé sur la muqueuse nasale, forme un film en polymère sur la muqueuse pour protéger et éviter le syndrome de libération des cytokines (CRS). Implanté dans le Puy-de-Dôme, ce laboratoire est déjà à l’origine du développement d’autres produits comme sous les marques Fervex, Urgo ou Hexatoux.
(Crédits : DR)

"J'ai les meilleurs chercheurs au monde", s'émeut Ravi Shrivastava. Son modeste laboratoire de 25 personnes, installé depuis une vingtaine d'année à Issoire (Puy-de-Dôme), Vitrobio, est le premier au monde et le seul à lancer un traitement symptomatique de la Covid-19.

Cette entreprise familiale, spécialisée dans la recherche et le développement pharmaceutique, pourrait bien offrir enfin un espoir aux malades en début d'infection. Car s'il ne traite pas la maladie en elle-même, le laboratoire Vitrobio a développé une solution filmogène à base de glycérol, contenant deux agents gélifiants et plusieurs polymères spécifiques. Présenté en spray nasal, son Covispray® forme un film absorbant sur la paroi nasale qui attire et neutralise le virus ainsi que les protéines inflammatoires.

Stable pour une période de quatre à six heures, le spray agit instantanément comme une barrière physique, sans aucune interaction avec les cellules, et donc, comme le revendique le laboratoire, sans effet secondaire.

Attirer et neutraliser le virus

"La Covid-19 est une maladie multifactorielle, impliquant non seulement la croissance du virus, mais aussi l'inflammation, la destruction de la paroi nasale et l'entrée du virus dans l'organisme, conduisant au burn-out immunitaire", explique le Dr Ravi Shrivastava.

C'est pourquoi un traitement se devait obligatoirement de tenir compte de tous ces paramètres simultanément. "On estime que près de 90% des cas de Covid-19 sont dus à l'entrée du virus par la cavité nasale. L'objectif de cette approche multi-cibles consiste non seulement à arrêter l'entrée du virus et le neutraliser, mais aussi à bloquer l'inflammation et à réparer la muqueuse nasale, en la débarrassant des contaminants de surface", indique-t-il.

En s'appuyant sur l'idée qu'une barrière muqueuse nasale intacte réduirait la cascade inflammatoire systémique, elle aurait également un effet sur le stress engendré sur le système immunitaire et le risque de détresse respiratoire.

Les tests, menés par l'Université de Toulouse et validés par Tebu-Bio, acteur reconnu des essais in vitro, ont confirmé l'efficacité de cette stratégie.

"Cette méthode avait déjà fait ses preuves pour le traitement de la rhino-sinusite et des maux de gorge d'origine virale, pour lesquels nous avons mis au point des dispositifs médicaux actuellement commercialisés", affirme le Dr Ravi Shrivastava.

Celui-ci rappelle que l'autre avantage majeur de cette solution, appliquée directement dans le nez, est qu'elle permet de respirer normalement et ne provoquerait également "aucun effet secondaire".

S'adosser à des partenaires

Pour protéger ses travaux, Vitrobio avait déjà déposé plusieurs brevets sur l'utilisation de polymères, issus de 20 années de R&D. Son dernier brevet récemment déposé cible plus particulièrement la double action des polymères : rendre le film résistant et capable de neutraliser les molécules spécifiques.

"Le Covispray® est déjà enregistré comme un dispositif médical de classe I en Europe, car la recherche sur ce type de médicaments (polymériques inhibiteurs multi-protéiques, ndlr) a débuté en 2002. Nous avions déjà une expérience dans la conception de sprays, dits topiques osmotiques, filmogènes et topiques anti-grippaux et anti-herpès virus", ajoute le Dr Ravi Shrivastava,

Enregistré depuis mai 2020 auprès de l'ANSM, la production de ce nouveau dispositif a donc pu démarrer rapidement sur le site de Vitrobio, implanté en Auvergne. "Nous discutons désormais avec trois laboratoires pharmaceutiques qui font partie du top 15 mondial pour commercialiser le produit dans le monde, et en priorité France", indique-t-t-il. En s'appuyant sur ses partenaires français, le laboratoire prévoit de disposer de plusieurs millions d'unités à court terme, pour un prix public qui devrait avoisiner les 8 à 12 euros l'unité. Un remboursement par l'Assurance Maladie n'est cependant pas encore envisagé à ce stade.

Pour faire face à la demande, Vitrobio envisage de doubler ses effectifs et recherche désormais des partenaires pour assurer la distribution de ce produit dans plusieurs pays, en vue de contribuer à freiner la pandémie. "Toutes les options sont à l'étude, nous proposons avec ce produit une solution adéquate tant que le vaccin n'existe pas", estime le Dr Ravi Shrivastava.

Si l'enregistrement de ce produit est valable pour tous les pays d'Europe, les autres pays devront suivre une procédure d'enregistrement spécifique "fast-track" pour pouvoir le proposer. Ravi Shrivastava a donc désormais l'espoir d'adosser son entreprise familiale à un géant de l'industrie pharmaceutique.

(avec ML)

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