A l'aéroport de Lyon, Vinci teste un parcours 100% biométrique "à la française"

L'aéroport de Lyon se lance lui aussi dans la course à la biométrie. À compter de la mi-octobre, les passagers en partance pour le Portugal (Lisbonne et Porto) pourront expérimenter le tout nouveau service, déployé par Vinci. En remplaçant carte d’embarquement et passeport par la technologie de reconnaissance faciale, l'application mobile Mona vise à "fluidifier" l’ensemble du parcours voyageur, mais aussi à proposer une nouvelle forme de parcours "sans contact", qui se veut "particulièrement adaptée" en temps de pandémie.
Une fois leur dossier passager créé sur l'application mobile Mona (ou via une borne disponible à l'entrée de l'aéroport), les voyageurs pourront ensuite accéder à des coupes-files les identifiant avec l'aide de la biométrie.
Une fois leur dossier passager créé sur l'application mobile Mona (ou via une borne disponible à l'entrée de l'aéroport), les voyageurs pourront ensuite accéder à des coupes-files les identifiant avec l'aide de la biométrie. (Crédits : DR)

Préparer ses documents depuis son canapé sur son application mobile, puis présenter son visage à l'ensemble des points de contrôle de l'aéroport de Lyon (enregistrement, contrôle et embarquement). A compter de la mi-octobre, cette expérience, qui semblait jusqu'ici tirée d'un film de science-fiction, sera désormais réalité pour se rendre à Porto ou Lisbonne, au départ de Lyon. Grâce à un partenariat avec les compagnies Transavia (groupe Air France KLM) et TAP Air Portugal, le gestionnaire de l'aéroport de Lyon, Vinci, se prépare à mener une expérimentation d'un an sur ces deux destinations, en déployant son assistant Mona.

Composé d'une application mobile destinée aux voyageurs, cette nouvelle expérience a nécessité l'installation de portiques utilisant la reconnaissance biométrique -et plus particulièrement la reconnaissance faciale-, ainsi que des outils logiciels pour coordonner les plateformes de l'aéroport avec celles des compagnies aériennes.

Le pari est de taille : d'après les estimations de Vinci, Mona permettrait gagner jusqu'à 30 minutes de temps de parcours lors d'une visite au sein d'un aéroport et a dû, pour cela, rassembler plusieurs niveaux d'expertises. Avec, d'un côté le développement d'une application mobile, proposée par la société Atypik, mais également des portiques, développés par les compagnies Idemia et Résa (Pays de la Loire) ainsi qu'une suite logicielle, avec des CRM fournis par Salesforce ainsi qu'un outil de marketing opérationnel signé VISEO.

L'ensemble de cet écosystème de partenaires a ainsi collaboré, depuis l'an dernier, aux côtés d'une équipe d'une trentaine de personnes issus des rangs de Vinci -provenant en grande partie de son centre d'innovation de Lyon-, sur un projet qui s'affiche d'ores et déjà comme une "première mondiale".

"C'est la première fois au monde que l'on propose d'utiliser la biométrie d'un bout à l'autre de la chaîne, sur l'ensemble du parcours, en y associant également des services et conseils personnalisés jusqu'à l'embarquement", affiche Nicolas Notebaert, directeur général de Vinci concessions et président de Vinci Airports.

Un parcours sans rupture, avec la reconnaissance faciale

De la dépose des bagages au contrôle des identités, en passant par l'entrée à la porte d'embarquement... L'assistant mobile Mona ambitionne de rendre l'ensemble de ces opérations plus fluides aux voyageurs, qui n'auront plus à qu'à décrocher leur masque durant quelques secondes et présenter leur visage, en lieu et place de leur passeport ou de leur carte d'embarquement.

Ces documents, à joindre en amont de leur voyage sur l'application mobile Mona, seront ainsi stockés et reliés à la photographie du voyageur au sein d'un dossier hébergé sur un serveur de l'aéroport. Les informations le suivront tout au long de son parcours, avant d'être effacées une fois que son avion aura décollé.

L'outil, gratuit pour les voyageurs -et qui fonctionnera sur la base du volontariat dans un premier temps-, a reçu une autorisation de la CNIL ainsi que la DGAC pour sa première phase d'expérimentation, qui doit se poursuivre jusqu'à l'an prochain. Avec, à l'issue de cette période, l'objectif affiché de favoriser un déploiement plus large à l'échelle mondiale, en s'appuyant à la fois sur le réseau de Vinci, qui gère 45 aéroports à travers le monde, mais aussi sur des partenariats avec les compagnies aériennes comme TAP ou Transavia.

Benjamin Bordet, directeur des opérations au sol de Transavia, entrevoit même déjà une future généralisation au sein de l'aéroport de Nantes par exemple, opéré par Vinci. Et, à terme, vers d'autres villes, une fois un feu vert obtenu, pour sa version définitive, à la fois par l'Etat français, mais également par les pays voisins.

Un lancement en temps de pandémie

"Nous avons choisi le Portugal car il s'agit d'un pont aérien très important, avec des ressortissants qui voyagent beaucoup entre les deux pays, et nous avons déjà commencé à mener un travail auprès des autorités portugaises afin de les convaincre d'utiliser notre technologie", confirme Nicolas Notebaert.

Alors que l'ensemble des partenaires demeurent discrets sur la jauge de voyageurs attendue sur cette expérimentation, qui démarre en pleine crise sanitaire -où les volumes de fréquentation des aéroports s'affichent en baisse de 30 à 50% en moyenne-, Transavia rappelle qu'elle opère pour l'instant deux rotations quotidiennes au départ de Lyon vers le Portugal.

"En dehors de la Covid, on dessert habituellement beaucoup de destinations au départ de Lyon comme le Magreb, les îles grecques, Israël, Beyrouth, etc. Mais en ce moment, leur nombre s'est réduit et recentré sur les destinations Schengen, puisqu'une partie des autres destinations demeurent encore fermées", ajoute Benjamin Bordet.

Pour Nicolas Notebaert, "il reste très important de lancer une telle innovation dans le contexte actuel, car cela permet aussi d'éviter des contacts entre personnes, de toucher trop d'équipements. Car plus il y aura d'échanges de pièces biométriques, et moins il y aura de contacts entre personnes".

Des visées mondiales

Alors que des expérimentations sont désormais menées depuis plusieurs mois au sein de différents aéroports (Paris Orly avec ADP, Singapour, Atlanta ou encore Istanbul...) qui souhaitent tous prendre un train d'avance sur cette technologie, Vinci demeure discret sur le coût de ce projet, et se rêve déjà comme "une nouvelle technologie de biométrie à la française", susceptible de conquérir ce marché.

Le groupe évoque uniquement la fourchette de "quelques centaines de milliers d'euros" nécessaire au financement de l'expérimentation -dont "quelques milliers d'euros" par portique déployé-, tandis que l'impact sur l'emploi n'est pas connu à ce stade. Le jeu en vaudrait toutefois la chandelle pour le groupe, puisqu'il lui ouvrirait des perspectives dans plusieurs domaines.

A commencer par la fluidification du trafic passagers - toujours plus nombreux d'année en année, avant que la Covid-19 ne mette un frein au trafic des aéroports- mais aussi l'ambition d'offrir d'un parcours client "sans contact", qui se veut utile en période de pandémie. Cette expérimentation est également, pour Vinci, une occasion de s'offrir un lien plus privilégié avec ses clients, tout en respectant les exigences des nouvelles réglementations RGPD.

Car en créant leur profil biométrique, les passagers se verront également proposer, tout au long de leur parcours, des informations concernant à la fois leur vol (informations pour se rendre aux contrôles de sécurité, horaire d'ouverture des portes d'embarquement, etc), mais aussi de nouveaux services que pourraient lui offrir les partenaires de l'aéroport, comme des réductions aux espaces de restauration ou de duty free par exemple.

"Lyon était justement spécialisé dans le domaine de l'expérience clients et il nous fallait, de plus, un site dont la taille était suffisante pour mener à bien ce genre d'expérimentation, en vue de pouvoir le déployer ensuite à une échelle plus large", confirme Nicolas Notebaert.

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Commentaires 3
à écrit le 06/10/2020 à 22:14
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Ahhhh ça y est ! Nous y somme ! Vinci est donc le premier à sortir du bois ... bientôt un passeport social "à la française" ?

à écrit le 06/10/2020 à 18:29
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Disons que La quête "administrative simplifiée" n'empêchera pas "L'enquête administrative extrêmement complexifiée" qui pourrait arriver très prochainement. Cette dernière relevant en effet du concessionnel de cet aéroport et aussi et surtout de son ...

à écrit le 06/10/2020 à 13:33
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Plus la sécurité est numérisée plus elle est facilement piratable mais bon heureusement que comme nous l'ont exposé le consortium de journalistes avec ce scandale prouvant que mafia et finance ne font qu'un, ben que mafia et finance ne mont qu'un, du...

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