Le lyonnais Meanwhile imagine des robots au service des humains

Créé en décembre 2017, Meanwhile conçoit des robots mobiles autonomes pour aider les humains, sur les marchés de l’industrie et des hôpitaux. La jeune pousse vient de décrocher le prix de l’innovation 2020 Medi’Nov, qui lui permettra de bénéficier d’un accompagnement à l’international. Elle a déjà vendu plusieurs dizaines de robots et ambitionne d'en atteindre les 300 unités vendues à compter de 2023.
(Crédits : DR)

Sur le campus la Doua à Villeurbanne, dans les locaux de l'INSA-Valor, la société Meanwhile conçoit des robots depuis fin 2017. "Je travaillais dans la robotique depuis 25 ans quand j'ai décidé de créer Meanwhile", explique Sacha Stojanovic, fondateur et PDG de la jeune pousse. Son objectif : mettre à disposition des technologies au service des humains, pour que ces derniers puissent effectuer des tâches à plus haute valeur ajoutée "pendant ce temps-là" (traduction de Meanwhile).

Avec l'aide de quatre business angels, Sacha Stojanovic a fondé Meanwhile pour fabriquer des robots mobiles collaboratifs à destination des entreprises. La tâche du robot dépend du secteur d'activité qui sollicite la jeune pousse. "Dans l'industrie par exemple, le premier secteur qui nous a sollicités, nos robots récupèrent des caisses d'un îlot de travail et vont l'apporter au suivant, ce qui évite aux opérateurs humains de le faire et diminue les risques de troubles musculo-squelettiques ou d'accident du travail", détaille Sacha Stojanovic. Le robot suit des chemins virtuels pour se diriger et peut se débrouiller par lui-même à partir du moment où il a appris son environnement.

"Au début, nous allons le promener pour l'aider à comprendre où il a le droit d'aller. Il est important de lui apprendre la différence entre un mur et une chaise par exemple. Il apprend le plan du bâtiment, sur plusieurs étages si nécessaires, puis est capable de se déplacer seul", assure Sacha Stojanovic. Au Sido par exemple, le salon de la robotique qui a eu lieu à Lyon début septembre, Meanwhile a présenté un robot permettant de désinfecter l'air. "Nous avons mis 15 minutes pour lui apprendre l'environnement. Pour une usine complète, cela peut prendre une demi-journée", indique-t-il.

Conception et fabrication françaises

Autre application potentielle pour les robots de Meanwhile : l'hôpital. Au CHU de Nancy par exemple, un robot qui est déjà en service depuis un an au niveau du laboratoire de diagnostic apporte les échantillons de laborantin en laborantin, épargnant à ces derniers la peine de quitter leur poste de diagnostic. "De même, si un soignant a besoin d'un médicament qui n'est pas dans le service, le robot peut emprunter les couloirs et les ascendeurs pour aller le récupérer à la pharmacie centrale, dans un tiroir sécurisé qui sera déverrouillé par la personne qui l'a envoyé". Meanwhile répond actuellement à un appel d'offres pour équiper de ce type de robot un hôpital en France.

"Nous sommes la seule société à concevoir, fabriquer et déployer des robots mobiles en France", assure Sacha Stojanovic. La jeune pousse, qui a développé un partenariat avec la Région Auvergne Rhône-Alpes, est désormais considérée comme une PERL (Potential Entreprise to Real Leader) pour sa capacité à devenir un ETI dans les 5 à 10 ans à venir. "En contrepartie de leur aide, nous devons privilégier les fabricants locaux".

Meanwhile fait donc fabriquer localement ses pièces, puis effectue l'ensemble du montage en interne. "Certaines briques technologiques étaient existantes, nous avons donc dû choisir les bonnes briques et signer des partenariats avec des sociétés qui avaient des brevets dessus. D'autres sont à créer", indique Sacha Stojanovic. Avec, au total, une soixantaine de fournisseurs, en très grande majorité basés en Auvergne Rhône-Alpes.

Actuellement Meanwhile se trouve en pleine phase de développement. "En 2019, nous avons doublé le chiffre d'affaires de 2018 (non communiqué) et en 2020, nous nous apprêtons à le tripler", se félicite Sacha Stojanovic. Bien qu'elle ait observé une baisse de ses activités en raison de la crise sanitaire, la jeune pousse a signé deux commandes record en août. "La preuve de concept a été faite auprès de nos clients sur différents secteurs d'activité, qui nous passent désormais commande sur des flottes de robots", poursuit-il.

Un accès rapide au marché

Le catalogue de Meanwhile compte actuellement 9 robots. Ses marchés potentiels sont l'industrie manufacturière, les établissements de santé et les établissements recevant du public (centre commerciaux, musées, salles sportives, etc.). Pour ces derniers, Meanwhile a conçu un robot dédié à la désinfection au plus près des personnes, pour des bâtiments qui ont un plafond à très grande hauteur.

"Il ne vaporise aucun produit et se contente de retraiter l'air, ce qui le rend utilisable en présence des personnes. Il peut être présent dans les salons et les événements professionnels", précise Sacha Stojanovic. Meanwhile a déjà vendu plusieurs dizaines de robots et ambitionne en 2023 d'en vendre 300 par an.

La jeune pousse n'a encore réalisé aucune levée de fonds et s'est financée grâce à des fonds propres, des business angels, des subventions de BPI France et de l'argent gagné suite à des concours. "Nous sommes lauréats du réseau Entreprendre par exemple", indique le PDG de Meanwhile.

Il souligne aussi que l'entreprise a accédé rapidement au marché en signant des commandes qui lui ont permis de croître.

"Nous ne sommes pas dans une course à le recherche d'investisseurs car nous avons construit notre modèle économique, avec une croissance réalisée à petits pas. Si nous voulons nous autoriser à aller plus vite, il faut trouver des partenaires financiers qui ont la même vision que nous, c'est-à-dire technologique et pas seulement financière", explique Sacha Stojanovic.

Des discussions sont en cours avec une société gestionnaire de fonds d'investissements. Meanwhile, qui compte désormais 12 salariés, vient de remporter le 9 septembre le prix de l'innovation 2020 Medi'Nov, organisé en partenariat avec le pôle de compétitivité Lyon Biopôle, qui devrait également lui ouvrir de nouvelles opportunités. Avec, parmi elles, celle d'aller prospecter désormais à l'étranger, avec le support du Club CIC International qui l'accompagnera pour adresser un autre pays européen.

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