Apix Analytics lève 5 millions pour ses détecteurs de gaz nouvelle génération

Le grenoblois Apix Analytics complète une nouvelle levée de fonds de 5 millions d’euros auprès de ses partenaires historiques, en vue de lancer sa nouvelle génération de détecteurs multigaz basés sur des technologies silicium avancées (NEMS) d’ici la fin de l’année. Malgré un léger décalage de commandes enregistré en raison de la crise sanitaire en Europe et en Chine, les débouchés de son analyseur sur les marchés de l’énergie et de l’environnement en ressortiraient même boostés.
Apix Analytics développe un détecteur à base de silicium et de nanocomposants mécaniques (NEMS pour Nano Electro Mechanical Systems), qui permet de détecter des gaz et des liquides selon un principe d'analyse chimique.
Apix Analytics développe un détecteur à base de silicium et de nanocomposants mécaniques (NEMS pour Nano Electro Mechanical Systems), qui permet de détecter des gaz et des liquides selon un principe d'analyse chimique. (Crédits : DR)

Quelques semaines après le déconfinement, le grenoblois Apix Analytics voulait se donner les moyens de ses ambitions en complétant une troisième levée de fonds de 5 millions d'euros avec le soutien de ses partenaires historiques. Celle-ci porte le total des fonds recueillis par la jeune pousse à 16,7 millions d'euros, depuis sa première levée en 2015.

Cette fois encore, ses investisseurs historiques seront de la partie : avec, parmi eux, les fonds Ecotechnologies du Programme d'investissements d'avenir (PIA), Demeter, Supernova Invest, Kreaxi, Engie New Ventures, le fonds Aliad d'Air Liquide Venture Capital, ainsi que les réseaux bancaires BNP Paribas Développement, BNP Paribas et Banque Populaire Aura.

"Ce nouveau tour de table doit nous permettre de développer notre offre commerciale et de continuer notre R&D, ainsi que d'accompagner notre développement industriel à venir de notre nouvelle génération d'analyseurs de gaz et de liquide", annonce Eric Laporte, Ceo d'Apix Analytics.

Car si elle avait déjà procédé à l'acquisition, courant 2017, du fabricant d'instrumentation scientifique et technique NCX, basé à côté de Pau (64) afin de se donner les moyens d'assurer sa production en interne, la deeptech iséroise se prépare à revenir en force d'ici la fin d'année avec avec une nouvelle génération de détecteurs, encore plus sensibles et destinés au marché de la détection des gaz.

Une combinaison de nanomécanique et d'électronique

Si Apix semble avoir réussi à convaincre ses investisseurs et partenaires industriels de remettre la main à la poche, c'est en partie en raison des applications potentielles de sa technologie, protégée par 25 brevets.

Depuis sa création en 2014 par ses trois cofondateurs (Philippe Andreucci, Pierre Puget et Eric Colinet), le deeptech iséroise s'est spécialisée dans le développement d'analyseurs multigaz sur la base de travaux menés en partenariat issue avec le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) et  l'Institut de technologie de Californie, Caltech (California Institute of Technology).

Avec un savoir-faire combinant l'électronique, la nanomécanique et la chimie, le cœur de la technologie d'Apix Analytics repose sur un détecteur à base de silicium et de nanocomposants mécaniques (NEMS pour Nano Electro Mechanical Systems), qui permet de détecter des gaz et des liquides selon un principe d'analyse chimique, la gravimétrie, rendant sensible son dispositif aux molécules qui le traversent.

Son détecteur, qui ouvre ainsi la voie à des applications de contrôle qualité sur des lignes industrielles ainsi que de la surveillance de l'air au sein des locaux professionnels par exemple, se positionnerait ainsi en concurrence directe avec les détecteurs à ionisation de flamme (FID) nécessitant de l'hydrogène.

Avec un atout majeur selon la jeune pousse : "Notre détecteur se suffit à lui-même et n'a pas besoin de bouteilles d'hydrogène pour fonctionner, ce qui fait qu'il est utilisable sur des lignes de process industriels ainsi que dans des milieux potentiellement explosifs", ajoute Eric Laporte.

Son partenaire historique, le CEA, présente lui-même sa technologie comme "des modules miniaturisés de chromatographie en phase gazeuse, deux fois moins coûteux et dix fois meilleurs en résolution que les équipements de laboratoire".

Des débouchés dans l'énergie et l'environnement

Qu'il s'agisse d'applications industrielles (suivi de procédés, mesure de la qualité des gaz, pétrochimie...) ou environnementales (pollutions, émissions de composés organiques volatiles), les marchés de la deep tech iséroise Apix Analytics sont en plein boom.

Rien que le secteur de la chromatographie, qui regroupe les techniques physico-chimique permettant de séparer les différentes substances présentes dans un mélange, pèse lui-même déjà près de 6 milliards d'euros.

"Nos champs d'applications vont de l'industrie pharmaceutique à l'agroalimentaire en passant par l'énergie, l'environnement, les cosmétiques. Nous proposons un détecteur universel, ce qui signifie que nous pouvons aller jusqu'à détecter des centaines de composés en une seule analyse", reprend Eric Laporte.

La jeune pousse a cependant retenu prioritairement deux premiers marchés cibles, que sont l'énergie, en vertu de ses actionnaires historiques (Engie, Air Liquide) mais aussi le milieu de l'environnement, avec l'évaluation de la qualité de l'eau et de l'air.

"Nos détecteurs permettent de vérifier une contamination potentielle sur des questions de qualité de l'air par exemple, mais aussi d'analyser la composition des gaz, ou encore de détecter un type de gaz ou une faille", indique le Ceo.

Un autre débouché possible résiderait également dans l'analyse et la quantification des nouveaux biogaz (biométhane, etc) afin d'en mesurer la composition.

" Le secteur de l'environnement est l'un de nos principaux axes de développements à venir, car la demande croît dans le monde entier, du fait des règlementations et des évolutions sociétales. Des pays comme la Chine commencent par exemple à prendre des dispositifs réglementaires qui vont les contraindre à mettre des outils de mesure en place", affirme Eric Laporte.

Avec 25 salariés pour un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros en 2019, Apix Analytics se prépare encore à croître "fortement", sans pour autant préciser de cible.

Elle prévoit notamment de procéder à une demi-douzaine de recrutements d'ici fin 2021, et d'ouvrir prochainement une filiale en Chine, l'un de ses principaux marchés avec l'Europe.

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