Si la startup lyonnaise a vécu difficilement le confinement, comme toutes les entreprises en lien avec la restauration, elle a néanmoins reçu une excellente nouvelle pendant cette période : Ictyos a été sélectionnée pour rejoindre la maison des startups LVMH, au sein de Station F.

En quelques semaines, elle a déjà bénéficié de mises en relation "très intéressantes" avec des marques du géant du luxe, dixit Benjamin Malatrait, co-fondateur de l'entreprise en 2018, sous le nom de Cuir Marin de France.

"Au-delà de LVMH, depuis la crise du coronavirus, on perçoit un changement très net. Jusqu'ici, dans nos contacts avec les marques de luxe, nous pouvions voir qu'elles cherchaient, qu'elles réfléchissaient à de nouvelles solutions durables. Désormais, elles passent à l'action. Nous sentons bien qu'elles veulent avancer vite, bien plus vite que ce qu'elles pouvaient imaginer il y a quelques mois à peine".

Dans l'ère post-covid, les marques pressentent, en effet, qu'il sera de plus en plus difficile de faire accepter aux consommateurs l'idée d'élever des crocodiles, ou autres, uniquement pour fabriquer des sacs à mains ou des chaussures. Avec leur concept de tannerie de cuir marin, Benjamin Malatrait, Gauthier Lefébure et Emmanuel Fourault se positionnent à l'exact opposé de cette philosophie. Leur idée ? Valoriser la peau des poissons utilisés par la restauration et les industriels de l'agroalimentaire pour les transformer en cuir à destination de la mode et du secteur du luxe.

"Nous avons déjà refusé des projets avec des poissons qui seraient uniquement élevés pour cela. C'est hors de question, nous n'utiliserons jamais un poisson sorti de l'eau pour sa peau. Notre ambition est vraiment de valoriser ces peaux qui ne sont que des déchets aujourd'hui".

Trois poissons sont pour l'instant exploités : le saumon, la carpe et l'esturgeon.

Levée de fonds de 500 000 euros

Après plus de deux années de travail et de préparation, les trois entrepreneurs, ingénieurs chimistes de formation ont ouvert leur tannerie, à Saint-Fons fin 2019. Ils ont mis au point une technique de tannage végétal, selon une recette secrète aux plus de 1500 paramètres.

Ils ont déjà vendu pour plusieurs dizaines de milliers d'euros d'échantillons à des marques du monde entier (Chine, USA, Australie, Finlande etc). Ictyos ambitionne un chiffre d'affaires de 3 à 4 millions d'euros sous 5 ans avec une trentaine de salariés (2 actuellement).

Pour accélérer la mise en avant de ses savoirs-faire et des applications possibles, la start-up déploie depuis quelques semaines une nouvelle stratégie : proposer des produits finis comme vitrine. Un premier pas a été réalisé avec la maroquinerie lyonnaise Le Feuillet pour la création d'un porte-carte mêlant cuir de veau et cuir de saumon. La jeune pousse devrait renouveler rapidement l'expérience, avec une chaussure cette fois, en cuir marin également.

Pour atteindre ses objectifs, Ictyos souhaite se donner de nouveaux moyens commerciaux grâce à une levée de fonds de 500 000 euros, déjà bien engagée. Le closing devrait intervenir d'ici le mois de septembre.