Retail : Veertus, la plateforme web qui permet d’éviter l’essayage en cabine

Eviter l’étape de l’essayage, tout en accompagnant les consommateurs dans la recherche d’un vêtement à la bonne morphologie : ce type de logiciel pourrait bien être utile aux enseignes de prêt-à-porter dont le quotidien est bousculé par l’arrivée du Covid-19. A Grenoble, Veertus vient de se transformer pour développer une plateforme web basée sur une technologie d’image recognition.
Veertus pourrait bien faciliter la phase de déconfinement pour les enseignes de prêt-à porter en proposant aux consommateurs une plateforme mobile qui permet de connaître la taille et la coupe des vêtements, grâce à des algorithmes d'IA et une technologie d'image recognition.
Veertus pourrait bien faciliter la phase de déconfinement pour les enseignes de prêt-à porter en proposant aux consommateurs une plateforme mobile qui permet de connaître la taille et la coupe des vêtements, grâce à des algorithmes d'IA et une technologie d'image recognition. (Crédits : DR)

Alors que les boutiques de prêt-à-porter ont été autorisées à rouvrir leurs portes depuis le 11 mai dernier, l'exercice relève de la gageure pour une partie d'entre elles. Car entre la nécessité de mettre en place une organisation qui facilite les gestes barrières ainsi que les règles de distanciation sociale, le secteur du prêt-à-porter se heurte à une problématique de taille : comment gérer la question de l'essayage en cabine, et des produits que les clients choisissent de ne pas conserver ?

"Les enseignes devront, à court terme, apporter une alternative aux essayages et redonner confiance aux clients, alors que près de 80% des ventes du secteur de l'habillement se faisaient jusqu'ici en magasin", résume Jean-Marie Caoudal, cofondateur et président de Veertus.

Si la Fédération Nationale de l'habillement (FNH) a émis quelques recommandations à ce sujet, la jeune pousse grenobloise pourrait bien faire la différence en pleine période de crise.

Fruit d'un développement de deux années entre stylistes et experts de l'IA, Veertus a en effet mis au point un assistant virtuel qui offre, grâce à une série d'indicateurs morphologiques simples et renseignés en amont, des informations précises sur la taille et la coupe des produits scannés par un smartphone. Et ce, sans même passer en cabine.

Cette plateforme web sera mise à disposition, dès la semaine prochaine, des enseignes de prêt-à-porter qui en feront la demande. Car en signe de solidarité face à la crise du Covid-19, Veertus a décidé d'offrir l'abonnement à ses futurs clients jusqu'à la fin de l'année.

"Nous sommes en train de formaliser les contrats avec une dizaine d'enseignes et des discussions sont encore en cours avec trois grands groupes également", affirme Jean-Marie Caoudal, qui rappelle que son partenaire historique, les Galeries Lafayette, a déjà fait référencer près de 50 000 références sur la plateforme de Veertus.

Avec un objectif : enregistrer une centaine d'enseignes partenaires d'ici la fin de l'année.

Des cabines à la plateforme intelligente

Pourtant, le début d'année avait plutôt mal commencé pour la jeune pousse qui, juste avant le confinement, misait encore sur le déploiement de ses cabines intelligentes. Bardées de capteurs, celles-ci promettaient de scanner le contour de la silhouette d'un client en quelques secondes, pour dispenser ensuite des recommandations sur ses achats.

"Cette crise a nécessité de faire preuve de beaucoup d'agilité car nous avions déjà signé de premiers contrats avec les Galeries Lafayette ainsi qu'avec une grande foncière européenne afin de réaliser quatre implantations en avril/ mai, que nous avons dû stopper net", explique Jean-Marie Caoudal.

Veertus planchait également, depuis un an, sur un autre projet : une plateforme web faisant le lien entre des données fournies par un consommateur et une base de 3 000 silhouettes, en vue de déterminer quelle serait la morphologie la plus proche.

"On n'arrive pas encore au même niveau de précision que la cabine intelligente, qui allait jusqu'à mesurer 25 000 points différents, mais étant donné que les essayages risquent de ne plus être d'actualité durant un moment, cette solution représentait un avantage certain", résume Jean-Marie Caoudal.

D'autant que d'un point de vue technique, cette offre s'avère rapidement déployable à grande échelle, à condition que les boutiques lui confèrent un accès à leur catalogue de produits numérisés. Concrètement, les enseignes fournissent ainsi leurs fiches "produit" à Veertus, qui les passe au crible de plusieurs algorithmes "maison".

"Chaque fiche produit subit deux traitements d'IA, dont une reconnaissance d'image pour déterminer comment le mannequin porte le vêtement, ainsi qu'un modèle de text mining, qui s'appuie également sur le texte pour compléter la caractérisation de l'article", ajoute-t-il.

A l'issue de cette étape, les articles seront reconnus automatiquement par la plateforme de Veertus. Et lorsque qu'un consommateur les scanne en magasin avec son smartphone, la plateforme web est capable de faire le lien et de lui prodiguer des conseils.

"L'idée est d'apporter de la gaité dans cette période de crise, et de dire par exemple quelles sont les caractéristiques morphologiques de la personne que le vêtement mettrait en valeur, ou encore quelle est la taille qui lui irait le mieux".

"Une nouvelle manière de consommer"

La startup vise ainsi toutes les gammes de prêt-à-porter (homme, femme, enfants) et espère, à compter de 2021, proposer ses services sous forme d'abonnement mensuel aux enseignes clientes.

"Actuellement, on est sur un tarif d'environ 10 euros mensuel par point de vente où la technologie est utilisée, alors que notre clientèle cible dispose bien souvent d'un parc de plusieurs centaines de boutiques", résume Jean-Marie Caoudal.

Veertus envisage de pouvoir apporter ensuite des services additionnels aux enseignes, comme une meilleure connaissance des consommateurs, voire des possibilités de marketing ciblé afin de promouvoir leurs nouveautés ou leur promotions. Son président n'exclut pas non plus un retour des cabines intelligentes, à moyen terme, en vue d'accompagner les transformations à venir du comportement des ménages.

"Après cette crise, les consommateurs vont probablement acheter de manière plus raisonnée et pertinente. La surabondance des collections pourrait être derrière nous, au profit de cabines qui accompagneront mieux les utilisateurs sur des sujets plus pointus, comme les vêtements techniques", croît Jean-Marie Caoudal.

Basée à Grenoble, la startup emploie 8 personnes (dont 4 cofondateurs, au sein desquels figure l'ancien dg de GoSport, Philippe Wargnier) et se prépare à réaliser une seconde levée de fonds d'ici mars 2021 pour l'accompagner dans ses développements.

Avec, dans le viseur le marché de l'équipement de la personne, dont les ventes représentant chaque année 48 milliards d'euros en France, ainsi qu'à terme, le marché européen, qui s'élève à 510 milliards d'euros.

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Commentaires 2
à écrit le 16/05/2020 à 11:01
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Souhaitons bon vent à cette appli et au secteur du prêt à porter. Mais, faudrait pas que si on essaie virtuellement un pantalon, on reçoive un pantacourt...

à écrit le 16/05/2020 à 10:41
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vive les reseaux convolutifs bon cela dit, quand on voit que quand on achete une chemise d'une certaine couleur c'est pas exactement la meme qui arrive, on se dit qu'entre l'idee et l'execution, y a de la marge

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