Covid-19 : toutes les disciplines universitaires se mobilisent autour de la recherche

Si l’épidémie actuelle mobilise l’ensemble des chercheurs du milieu médical, elle concentre aussi l’attention des autres disciplines universitaires. Des dizaines de projets foisonnent depuis le mois de mars dans les universités de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
La santé n'est pas la seule thématique étudiée. Les sujets sont divers et variés, multi-angles et multidisciplinaires. A Saint-Etienne, des travaux ont ainsi été lancés autour du deuil et des rites funéraires en période de pandémie.
La santé n'est pas la seule thématique étudiée. Les sujets sont divers et variés, multi-angles et multidisciplinaires. A Saint-Etienne, des travaux ont ainsi été lancés autour du deuil et des rites funéraires en période de pandémie. (Crédits : Pixabay)

A l'instar du GIMAP, émanation de l'Université stéphanoise Jean Monnet, de nombreux laboratoires universitaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes se sont logiquement lancés dans la course aux progrès médicaux (vaccins/traitements) pour participer au combat mondial contre la pandémie actuelle. Plus étonnant, la quasi-totalité des autres disciplines universitaires se sont également engagées dans de nombreux projets de recherche en lien avec le Covid-19 : les Sciences Humaines et Sociales de façon générale, l'histoire, la géographie, les sciences politiques, les sciences du sport, les sciences économiques, la psychologie etc.

"Cette situation inédite bouleverse complètement notre monde. Le choc est un moteur de créativité", explique Hervé Courtois, vice-président recherche de l'Université Grenoble Alpes.

Même analyse de Stéphane Riou, son homologue à l'Université Jean Monnet.

"Cette pandémie est un choc social, sociétal et économique. Elle éveille forcément l'intérêt des chercheurs. De plus, du point de vue de la méthode scientifique, l'instantanéité de ce choc leur permet d'observer rapidement les changements induits. C'est assez surprenant et inédit que les sciences sociales se mobilisent aussi vite, nous assistons à un véritable feu d'artifice !".

Une effervescence constatée également au sein des universités et grandes écoles lyonnaises.

"La situation met en lumière des sujets peu étudiés habituellement", justifie Isabelle Von Bueltzingsloewen, vice-présidente recherche de l'Université Lumière Lyon 2.

Elle y voit par ailleurs "un effet d'opportunité" :

"Plusieurs financement régionaux et nationaux de recherche sont fléchés sur le Covid-19. Tout n'est pas encore vraiment lancé, mais les intentions ont été formalisées".

Du deuil à la pratique de l'activité physique

Les sujets sont divers et variés, multi-angles et multidisciplinaires. A Saint-Etienne, des travaux ont ainsi été lancés par Gaëlle Clavandier autour du deuil et des rites funéraires en période de pandémie. Aménagements mis en œuvre par les professionnels du funéraire en fonction des contraintes, impacts matériels et psychologiques sur les personnes endeuillées, ressources mises en œuvre par celles-ci pour y faire face.... Cette étude est menée en partenariat avec des équipes suisses et italiennes. Autre sujet étudié au sein de l'université stéphanoise : les possibilités de régulation des fake news. Quels sont les outils juridiques mobilisables pour lutter contre ces fausses informations préjudiciables au contrôle de l'épidémie ? Ce projet de recherche est porté par des juristes et des virologues. Autre sujet : la participation de l'Université Jean Monnet a une étude internationale importante incluant une douzaine d'universités sur la question du changement des pratiques sportives pendant le confinement et des mécanismes menant éventuellement à l'addiction sportive.

Ce sujet de la pratique sportive est également dans le viseur de l'Université grenobloise.

"L'idée est de comprendre ce qui fait que certaines personnes réussissent à maintenir voire à augmenter leur pratique sportive pendant le confinement. Quels sont les ressorts de la motivation ? L'objectif étant d'apporter de la matière aux programmes prônant une augmentation de l'activité sportive", explique la professeure Aïna Chalabaev, directrice du laboratoire universitaire SENS (Sport et environnement social).

Travail en réseau

A Grenoble toujours, les sciences humaines et sociales ont décidé de travailler en réseau. La Maison des Sciences Humaines Alpes (MSH) a ainsi lancé, dès le 15 mars dernier, un appel à une recherche collaborative, déployée via le réseau des MSH (Maison des Sciences Humaines). Une initiative collaborative baptisée Code-Virus (Coordination interDisciplinaire pour l'Etude de l'impact sociétal du CoronaVIRUS) et qui a déjà reçu quelque 500 contributions. Elle est destinée à documenter collectivement et de manière interdisciplinaire les conséquences de la pandémie sur nos modes de vie, nos organisations et nos territoires.

"Toutes les sciences humaines sont remises à plat avec ce virus. Plusieurs enquêtes ont déjà été lancées. Notamment sur la stratégie organisationnelle des industriels, sur le non-recours aux soins, sur les conditions sociales du confinement, sur la fermeture des frontières et leur incidence vis-à-vis des migrants, sur les politiques de santé, sur la manipulation de l'information, le respect de la vie privée", explique la professeure Anne-Laure Amilhat Szary, directrice du laboratoire PACTE à Grenoble.

Son laboratoire a même déjà acheté le nom de domaine resettingtheworld avec l'ambition de collecter les propositions scientifiques réfléchissant au monde de demain.

Les universités lyonnaises travaillent elles aussi en réseau et planchent sur les nouveaux usages du numérique par exemple, les effets de la déscolarisation, le stress des soignants, la résilience, la construction des savoirs scientifiques, le rapport entre science et société civile, les violences dans le milieu intrafamilial etc. Un projet, baptisé Distancing et coordonné par Marie-Claire Villeval, directrice de recherche CNRS du groupe d'analyse et de théorie économique Lyon-Saint-Etienne (GATE, CNRS, Université Lyon1, Lyon 2, Jean Monnet et ENS de Lyon), porte sur la distanciation sociale et l'évolution des préférences sociales en période de crise sanitaire aiguë.

Il doit étudier si le confinement, l'isolement et la peur affectent la capacité des individus à se soucier des autres, leur propension à leur faire confiance et leur plus ou moins grande indulgence envers les contrevenants aux règles sanitaires. Deux hypothèses sont testées : d'un côté le développement d'un sentiment de solidarité et de destin commun, de l'autre le repli plus égoïste avec une méfiance de l'autre. 350 volontaires sont étudiés depuis mi-mars. Les conclusions pourraient déboucher sur des recommandations pour la sortie du confinement.

Autre sujet intéressant, porté par Philippe Vanhems, professeur et praticien hospitalier de l'Université Claude Bernard Lyon1 : la mise en œuvre d'une plateforme de simulation pour évaluer et améliorer les mesures de contrôle contre la diffusion du Covid-19 dans les Ehpad.

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