Cleantech : Comment EverCleanHand veut révolutionner la désinfection des mains

Alors qu’il avait tout juste commencé à déployer ses bornes de désinfection connectées pour les mains à base de lotion végétale, l'isérois EverCleanHand, boosté par la crise sanitaire, vient d’installer une borne sans contact au sein du réseau de transport en commun du Sytral à Lyon. Et mène en parallèle une seconde levée de fonds pour accélérer la marche.
La borne installée à la station de la Part-Dieu du réseau de transport lyonnais, développée par EverCleanHand, permet d'appliquer en quelques secondes et selon une technique de micro-nébulisation un gel hydro-végétal désinfectant.
La borne installée à la station de la Part-Dieu du réseau de transport lyonnais, développée par EverCleanHand, permet d'appliquer en quelques secondes et selon une technique de micro-nébulisation un gel hydro-végétal désinfectant. (Crédits : DR)

Depuis cette semaine, une première borne connectée de désinfection des mains de l'Isérois EverCleanHand a fait son apparition à la station de métro Part-Dieu. Une expérimentation, tout juste lancée en partenariat avec le Syndicat des transports en commun lyonnais, Sytral, qui doit donner lieu à la fourniture progressive d'une dizaine de bornes du même type à destination des usagers des transports publics, en vue de préparer le déconfinement à venir.

Concrètement, Les lyonnais peuvent passer leurs mains à travers cette borne, qui leur applique, en quelques secondes et selon une technique de micro-nébulisation, un gel hydro-végétal désinfectant. Soit une solution 100% végétale et sans alcool, qui peut être utilisée par des publics sensibles tels que les femmes enceintes, les enfants ou encore les personnes atteintes d'eczéma.

"On estime qu'il est possible de faire passer jusqu'à 7 personnes par borne et par minute", affirme le co-fondateur d'EverCleanHand, Asbed Kechichian, qui propose déjà, depuis mars 2019, des contrats de location incluant plusieurs de ses automates.

Avec, parmi ses clients, des sociétés comme Sodexo, la société de nettoyage ISS, le CEA de Grenoble, ou encore Aéroports de Lyon, qui grâce à un accord avec Vinci, proposent désormais sept bornes Smart & Safe, mises à la disposition des voyageurs. Avec, un objectif : installer près de 10 000 dispositifs d'ici 2 à 3 ans, en France et en Europe, toujours, un focus sur le marché B to B.

Une formule hydro-végétale

L'idée de rendre l'hygiène des mains plus attractive avait germé dans la tête d'Asbed Kechichian bien avant la crise du Covid-19, dès 2015.

"Alors que je travaillais beaucoup à l'international au sein de mon ancien poste, j'étais moi-même embêté de ne pas trouver de solution pratique pour me désinfecter les mains lors d'un voyage, sauf à avoir du gel hydro-alcoolique sur soi que l'on oublie souvent", reconnaît-il.

Cet ancien responsable commercial s'était ensuite associé à un industriel du secteur des dispositifs médicaux, Guillaume Belle, avant d'obtenir le soutien de Bpifrance ainsi qu'une place au sein de l'incubateur grenoblois Linksium.

C'est en réunissant plusieurs technologies et composants disponibles sur le marché que les deux associés ont conçu l'automate Smart & Safe.

"Près de 90% des pièces sont achetées dans en Auvergne-Rhône-Alpes, à l'exception des écrans qui ne sont plus fabriqués en France. L'assemblage est réalisé dans notre atelier de Meylan, près de Grenoble, tandis que nous faisons travailler à nos côtés pour la fabrication des pièces deux ESAT basés en Isère", affirme Asbed Kechichian.

EverCleanHand est allé jusqu'à développer sa propre lotion hydro-végétale, en partenariat avec le chimiste Salveco.

"Cette lotion garantit un niveau de désinfection complet en respectant les normes en vigueur, mais dans un usage plus durable et plus sain. Elle peut également être commercialisée sous forme de mousse seule, pour un tarif de 9 euros les 400 ml".

Et selon son co-fondateur, pas de risque de pénurie sur cette formule, puisque la capacité de production mobilisable est d'ores et déjà estimée à "plusieurs millions de litres par mois".

"C'est uniquement pour la mousse, utilisée sans la borne, que l'une des phases de transformation peut faire l'effet d'un goulot d'étranglement, car la demande est actuellement très forte en Europe", concède-t-il.

De son côté, EverCleanHand a déjà déposé un brevet sur la technique de pulvérisation de son automate, qui reprend le principe de la micro-nébulisation de la lotion, "afin d'offrir une expérience utilisateur plus agréable". Ces bornes sont également connectées à un réseau internet, afin de faciliter leurs recharges ainsi que leur maintenance. Chaque réserve de deux litres, qui permet de réaliser jusqu'à 2 000 pulvérisations, coûte 32 euros, tandis que les bornes sont louées pour un tarif mensuel compris entre 175 à 250 euros pièce.

Des marchés très larges

Et depuis l'apparition du Covid-19, son carnet de commande se remplit à vitesse grand V.

"Avec l'épidémie actuelle, notre croissance des prochains mois va être équivalente à celle que nous aurions pu avoir en plusieurs années", considère Asbed Kechichian.

En ciblant, en premier lieu, les entreprises souhaitant protéger leurs collaborateurs, ainsi que le secteur de la restauration, des transports, voire même les Ehpad, crèches ou centres de loisirs.

Car en se positionnant comme une solution alternative aux systèmes de désinfection manuels ou automatiques, souvent en pénurie de gel hydro-alcoolique, son automate est susceptible d'intéresser un vivier de clients très large. En France et à l'international, puisque la société équipe déjà le site de Paypal au Luxembourg, ainsi qu'un centre commercial en Slovénie.

"Il n'existe pas aujourd'hui de concurrent qui propose une solution de dispersion par micro-nébulisation de lotion hydro-végétale", rappelle Asbed Kechichian.

Afin de répondre à la demande actuelle, la jeune pousse de neuf salariés se fixe l'objectif de multiplier rapidement "par 5, puis par 10" ses capacités de production, qui demeurent pour l'instant confidentielles. Et devrait, pour cela, clôturer un second tour de table d'ici la fin d'année, après une première levée de fonds de 350 000 euros réalisée en décembre 2018.

Car pour son co-fondateur, nul doute que l'on assiste aujourd'hui à une évolution durable.

 "L'urgence est d'avoir des outils pour démarrer, mais l'hygiène des mains est une tendance qui est là pour durer. Le Covid-19 va très certainement bouleverser le marché".

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