MesInfos veut restituer les données personnelles à ceux qui les émettent

2 000 Lyonnais expérimentent MesInfos, un projet de "Self Data" soutenu par la Métropole qui vise à rendre au citoyen la maîtrise de ses données personnelles. Collectivités et acteurs privés ne peuvent plus faire l’impasse sur la confiance des utilisateurs, devenue cruciale dans l’économie numérique.

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800 pages. C'est ce qu'a reçu il y a quelques jours une journaliste française après avoir demandé, comme la loi l'autorise, à l'application de rencontres Tinder de lui fournir l'ensemble des données que l'entreprise possédait sur elle. Le large écho médiatique reçu témoigne de la sensibilisation croissance des utilisateurs à l'usage qui est fait de l'usage de leurs données personnelles. La perte de confiance semble actée.

Dans ce contexte, les initiatives éclosent pour redonner le pouvoir au citoyen sur ses propres données. Un mouvement de fonds baptisé Self Data, et qui se voit actuellement appliqué dans le Grand Lyon, où 2 000 citoyens-testeurs expérimentent MesInfos. En 2016, la Métropole de Lyon rejoint ce projet expérimental de réappropriation des données lancé par la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération), un do-tank engagé sur les enjeux de la transformation numérique.

Rendre la maîtrise des données

"Nous sommes dans un monde de données et il importe de se demander à qui revient le bénéfice des services", déclare Karine Dognin-Sauze, vice-présidente de la Métropole déléguée à l'innovation. Raison pour laquelle la Ville contribue au projet MesInfos en mettant à disposition une partie de ses 900 jeux de données. Les organisations privées partenaires s'engagent à procurer les données personnelles qu'elles ont sur leurs clients, afin que ces derniers puissent les utiliser. Fonctionnant sous logiciel libre, la plateforme de Cozy Cloud permet à des tiers de développer des "connecteurs", qui relient le "cloud" personnel au fournisseur de services, ainsi que des applications permettant de croiser ces informations.

Pour l'utilisateur, les usages qui naîtront des nouvelles pratiques de self data viendront simplifier la vie quotidienne, assure Benjamin André, CEO de Cozy Cloud, startup associée au développement de MesInfos.

La confiance comme avantage compétitif

Si l'empowerment de l'individu est au cœur du mouvement Self Data, le rétablissement du lien de confiance entre individus et organisations peut aussi être vecteur d'innovation et d'opportunités.

"Certains acteurs privés du service comprennent très bien l'avantage compétitif que représente la confiance, l'outillage des citoyens" dans la maîtrise des données, commente Jacques-François Marchandise, délégué général de la FING.

"La réappropriation des données par les citoyens interroge le modèle économique des assureurs", reconnait Romain Liberge, Chief Digital Officer de la MAIF, partenaire du projet. Adopter la logique du Self Data représente un "changement de paradigme", insiste Romain Liberge. Un point de vue auquel adhère Benjamin André : "plutôt que de devoir envoyer vos données au service, c'est le service qui vient travailler en local, sans jamais devoir dévoiler vos données commerciales". Si, pour l'utilisateur, les usages qui naîtront des nouvelles pratiques de Self Data viendront simplifier la vie quotidienne, pour les fournisseurs de services c'est l'occasion de sonder le potentiel de nouveaux services.

L'initiative MesInfos permettra également d'anticiper les importants changements législatifs apportés par le nouveau Règlement européen sur la protection des données. Un "big bang"  des données personnelles qui entrera en vigueur en mai 2018.

Lire aussi : Vie privée et données personnelles : la nouvelle donne

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