Startups : pourquoi les fonds d'investissement regardent à Lyon

Dans le dernier classement réalisé par Forbes France fin avril, Lyon est la première ville française où lancer sa startup, après Paris. Mais, dans le domaine du digital, l'écosystème est-il si dynamique et intéressant pour les fonds d'investissement, toujours en quête de nouvelles pépites ? Si la capitale des Gaules peut concurrencer des villes comme Lille ou Nantes, il reste à franchir une étape : celle de la taille critique.

"Bien, mais peut encore mieux faire." Si l'écosystème des startups lyonnaises devait être noté à l'image des collégiens ou lycéens en fin d'année, telle serait la remarque formulée par les fonds d'investissement lyonnais comme parisiens en bas de son bulletin.

"Il est en train de se dynamiser, ce qui n'était pas encore le cas il y a trois ans. Lyon accusait du retard par rapport à des villes comme Lille, Montpellier ou Nantes", note Maximilien Bacot, cofondateur de Breega, un jeune fonds, créé en 2013 à Paris, qui investit uniquement dans le digital, et sur de jeunes entreprises ayant déjà des clients et solutions sur le marché.

French Tech touch

Cependant, depuis, la métropole lyonnaise a rattrapé ce retard. Le tournant ? La labellisation French Tech de la capitale régionale en novembre 2014. Pour Pierre-Henri Dentressangle, président du fonds lyonnais Hi Inov, filiale du holding familial Dentressangle Initiatives, "l'obtention du label a notamment permis de fédérer, de se regrouper, et de parler d'une seule voie".

D'autant plus qu'il s'accompagne du développement d'autres initiatives comme Boost in Lyon, la Cuisine du Web ou d'accélérateurs comme Axeleo (qui vient de lever 25 millions d'euros pour son premier fonds). Si bien qu'aujourd'hui, il n'y a selon lui "aucun trou dans la raquette". Autre élément à noter : dans le secteur du digital, la structure même des startups a également évolué. "Beaucoup d'entreprises étaient des agences, mais elles vendaient du service et ne développaient pas un vrai produit. Aujourd'hui, cela change", analyse Maximilien Bacot.

Sourcing

Alors pour le sourcing, l'écosystème lyonnais attire au même titre que Lille, Nantes ou Bordeaux. En 2016, 135 millions d'euros ont été levés par les startups lyonnaises, dont 6 millions d'euros en amorçage et 129 millions en capital-risque. Du côté de Nantes, la même année, 61,10 millions d'euros ont été levés par les jeunes pousses locales.

Lors de son lancement à Lyon, Hi Inov - qui compte à son portefeuille des pépites locales comme Geolid - était l'un des seuls présents sur le territoire.

"Mais je constate désormais que certains fonds commencent à avoir des antennes à Lyon, ou du moins à avoir les yeux tournés par ici", ajoute Pierre-Henri Dentressangle.

C'est d'ailleurs le cas de Maximilien Bacot. "Lyon figure parmi les grandes villes à suivre en matière d'opportunités business", complète l'investisseur également présent lors du dernier FundDay. Un constat que partage Jean-David Chamboredon, co-président de France Digitale et CEO du fonds parisien Isai :

"Ce sont des startups plutôt early stage, de bonne qualité et avec du potentiel."

"Lyon a cette particularité d'avoir de bonnes écoles de commerce et d'ingénieurs. Par ailleurs, elle est proche de Grenoble, plus spécialisée dans les questions de technologiques. Si bien que les entreprises qui y naissent sont uniques", constate de son côté Pierre-Henri Dentressangle, dont le fonds d'investissement dispose également d'une antenne à Paris.

Outre les startups basées à Lyon, les investisseurs parisiens sont également attentifs aux événements organisés dans la capitale régionale. Lors du Blend Web Mix de l'an dernier, Maximilien Bacot a rencontré l'équipe de Travauxlib et a depuis pris une participation au sein de la startup parisienne.

Rôles modèles

Après le développement, place à la structuration. C'est du moins ce qu'entend Maximilien Bacot :

"Il manque un réseau plus unifié. Par exemple à Lille, EuraTechnologies est un grand espace de type campus, qui regroupe une centaine de startups mais aussi de grands comptes comme Microsoft."

Pour lui "il faut encore créer cette émulsion pour aller contre les statistiques qui veulent que 80 % des startups se situent à Paris." Sur ce point, des projets tels que celui du lieu totem de la Halle Girard pourrait permettre de fédérer davantage l'écosystème.

Tout l'enjeu auquel doit faire face l'écosystème lyonnais réside en un mot clé ? La taille critique. "Les histoires d'écosystèmes sont des histoires de masse critique. Pour l'instant, seule la ville de Paris a atteint ce seuil", estime Jean-David Chamboredon, co-président de France Digitale. Pour que Lyon devienne une place forte, "il faut qu'une boite lyonnaise puisse montrer le chemin. Ces rôles modèles, comme Criteo ou BlaBlaCar à Paris, ont beaucoup d'importance." Il existe "un intérêt à ce que les histoires lyonnaises accélèrent leurs trajets", pour emmener avec elles l'ensemble de l'écosystème.

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Commentaire 1
à écrit le 10/07/2017 à 17:51
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C honteux de pouvoir voir autant d incrédibilité vis a vis de ces grands patrons

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