Numérique : quel avenir pour l'emploi ?

Le secteur du numérique en Auvergne Rhône-Alpes représente 11 % de l'activité nationale. S'il favorise la création d'emplois dans la région, il est également l'objet de craintes et de contestations, notamment en matière d'organisation et de conditions de travail.
Table ronde aux 21es Rencontres Économie Emploi Travail de la Direccte Auvergne Rhône-Alpes

Avec 5 240 établissements (+12 % entre 2008 et 2014) et 89 500 emplois salariés, le numérique en Auvergne Rhône-Alpes, sur la base du périmètre des "secteurs producteurs des TIC défini par l'OCDE à l'exclusion des secteurs des contenus et des supports", représente 11 % de l'activité nationale. C'est ce que révèle une étude conduite par la Direccte Auvergne Rhône-Alpes, présentée ce jeudi 21 janvier, lors de ses 21es Rencontres Économie Emploi Travail.

Ce sont les entreprises aux activités de fabrication des TIC (construction de réseaux, fabrication de produits informatiques...) qui pèsent le plus dans l'écosystème, représentant 14 % des activités de la région et employant 20 % des effectifs. A contrario, le secteur du numérique génère seulement 4 % du chiffre d'affaires national (8,9 milliards dont 10 % réalisé à l'export) et 6 % de valeur ajoutée (4,4 milliards d'euros).

Incontournable numérique

Si malgré la crise le numérique a continué à générer de l'emploi salarié dans la région (+ 4 % entre 2008 et 2014), son impact sur l'emploi, sur les métiers et le management questionne.

"Le succès du numérique fait peur, mais il est plus que jamais temps de s'y mettre", souligne Daniel Ratier, coordinateur du rapport de la Direction générale du travail "Impact des TIC sur les conditions de travail" en 2012.

Les entreprises sont conscientes qu'elles ne doivent pas passer à côté du numérique, artisan compris.

"Nous représentons 1/3 des emplois de la région. Nous ne pouvons pas rater le passage au numérique qui implique des savoir-faire nouveaux, des impacts particuliers sur nos métiers. Personne ne doit être laissé pour compte", témoigne Bertrand Fayet, secrétaire général de l'UPA Auvergne Rhône-Alpes.

Entreprise dichotomique

"Avec le numérique, on assiste à la création d'une entreprise dichotomique dans laquelle s'opposent les process et les projets", poursuit Daniel Ratier.

La création de process utilise le numérique pour favoriser l'automatisation des tâches, avec une utilisation massive des logiciels et de la robotique. Ils touchent de plein fouet les travailleurs peu qualifiés, réduits à obéir aux injonctions d'une machine.

Dans la logistique, par exemple, le voice speaking (un casque qui transmet à l'opérateur les ordres de commande et contrôle son exécution) est désormais largement imposé aux préparateurs. S'il a considérablement augmenté les gains de productivité, son impact sur l'humain n'est pas neutre : limitation du langage des opérateurs, troubles musculosquelettiques (TMS), etc.

Une multiplication des process qui peut conduire à la disparition de nombreux emplois - jusqu'à trois millions à l'horizon 2025 selon une étude du cabinet Roland Berger.

Numérique et confiance

Paradoxalement, le numérique renforce l'autonomie des salariés qualifiés, ceux qui élaborent ou renouvellent les process, travaillant sur les projets. Ils saisissent ainsi l'occasion d'un surcroît de liberté - même s'ils subissent aussi une révolution du travail (fusion de la vie privée/professionnelle, explosion du temps de travail, moins d'engagement citoyen), entrainant de nouveaux modèles au quotidien.

Lire aussi : Dominique Foucard (Michelin) : "L'industrie du futur doit donner plus d'autonomie aux ouvriers"

Par exemple, le développement du télétravail, mis en place depuis 2007 au conseil départemental du Puy-de-Dôme. Lancé à titre expérimental en s'inspirant de nos voisins européens, il concerne aujourd'hui 294 agents réguliers ou ponctuels sur les 2 400 que compte la collectivité.

"Aujourd'hui, 90 % des agents estiment qu'ils sont plus concentrés et effectuent un travail de meilleure qualité", explique Jean-Patrick Serre, directeur des ressources humaines du conseil départemental du Puy-de-Dôme.

Un principe qui fonctionne uniquement sur le principe de confiance mutuel.

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