Un nouveau plan de relance pour Alpexpo

Après avoir accumulé près de 7 millions d'euros de dettes, le parc événementiel grenoblois Alpexpo est-il sur la voie de la relance ? C'est en tous les cas ce que veut croire la communauté d'agglomération et la ville de Grenoble, qui ont dévoilé leur nouveau plan de relance pour l'équipement. Il comprend à la fois un passage en société publique locale (SPL) puis une délégation de service public (DSP) à un exploitant privé qui reste à identifier.

Après avoir gagné le salon Semicon en 2014 , le centre événementiel grenoblois Alpexpo reprendrait-il des couleurs ? D'après son président, et désormais directeur général (depuis mars dernier) Claus Habfast, Alpexpo serait sur la voie du redressement.

D'une SPL à une DSP

Malgré un déficit qui atteint encore 1 million d'euros en 2015 et près de 12 millions d'euros de travaux réalisés au cours des 4 dernières années, le parc événementiel compte renouer avec l'équilibre budgétaire dès 2016. En comptant notamment sur des salons phares comme Semicon Europa ou Moutain Planet, qui reviennent tous les deux ans (années paires), Alpexpo annonce un chiffre d'affaires prévisionnel de 9 millions d'euros et un bénéfice d'exploitation de 500 000 euros en 2016. "Il s'agit d'estimations réalistes, au vu des chiffres que nous avons déjà fait et des événements annoncés", précise le directeur général, Claus Habfast.

C'est pourquoi la ville de Grenoble et la Metro, ses principaux actionnaires (à 37% et 32%), souhaitent désormais changer le modèle de l'équipement en passant d'une SAEML à une société publique locale (SPL), aux commandes 100% publiques, qui pourrait ensuite donner les clés d'une délégation de service public (DSP) de longue durée à un acteur privé. Un modèle qui détonne dans l'industrie de l'événementiel, un marché plutôt dominé par les acteur privés, mais dont la nouvelle municipalité souhaite voir les atouts.

Augmenter le chiffre d'affaires

"Nous passons par une DSP car nous ne pouvons pas réaliser les investissements annuels qui s'élèvent à 1 à 2 millions d'euros par an pour que le parc reste concurrentiel. Pour cela, il faut une hausse du chiffre d'affaires, - qui est de 8,2 millions en 2014 et 6,5 millions en 2015 -, et développer de nouvelles pistes qu'on aurait eu du mal à développer seuls", résume Claus Habfast.

La part assumée par la Metro et la ville de Grenoble reste toutefois encore en discussion. "Grenoble a besoin d'équipements de gala et d'événementiel, mais aussi d'un modèle de développement plus sobre", a souligné Fabrice Hugelé, vice-président à l'économie, à l'industrie, à l'attractivité du territoire et au tourisme de Grenoble Alpes Métropole, qui souhaite grâce à cette DSP redonner un souffle et une nouvelle attractivité à cet équipement public.

Investir et mutualiser

Si la salle de concerts du Summum (5 000 places) génère une marge importante, sa scène reste encore trop petite pour accueillir des spectacles de plus grande ampleur, réservés aux zéniths. "Il faut donc investir pour réaliser à terme une marge de 2 à 3 millions d'euros de CA", précise M. Habfast. "De même, des services comme la vidéosurveillance, la traduction ou l'installation ne nous permettent pas de proposer des tarifs avec la même marge qu'un grand groupe qui gère une trentaine de sites", poursuit-il.

De quoi séduire des investisseurs potentiels ? Claus Habsfast assure que des contacts ont déjà été pris par des acteurs privés. "On peut ainsi s'attendre à de beaux bénéfices durant les années paires, et à un déficit léger durant les années impaires, ce qui fait que nous devrions atteindre dès 2016 l'équilibre financier", affirme-t-il.

La possibilité d'un plan B

Après un vote au conseil municipal et au conseil communautaire qui doit intervenir dans les prochaines semaines, ce nouveau plan de relance pour Alpexpo devrait permettre de constituer une short-list de sociétés candidates selon le cahier des charges établi par la ville et la Metro, et qui comprend notamment la reprise du personnel (36 salariés), l'élargissement de la structure à des salons professionnels et internationaux, et le maintien de grands événements à Grenoble comme Moutain Planet ou Semicon.  Le choix du délégataire devrait ensuite intervenir à l'hiver 2015. "Mais nous nous laissons la possibilité d'un plan B, en conservant la SPL si nous n'avons pas d'offre satisfaisante", rappelle Claus Habfast.

Car la ville voit loin : "Nous sommes déjà candidats pour des salons en 2020", souligne M. Habfast, qui souligne que la concurrence entre les salles de congrès est de plus en plus forte, et se joue désormais au niveau européen. "Grenoble est déjà dans le top 10 des destinations de tourisme d'affaires, notre objectif est d'être dans le top 5", estime Fabrice Hugelé, à Grenoble Alpes Métropole.

Mais la ville et la Metro savent bien que du travail reste encore à faire : "Alpexpo est un site polyvalent, qui n'a pas la même image pour tous les publics : c'est pourquoi il n'y avait aucun candidat naturel à la reprise, car il ne s'agit pas uniquement d'une salle de congrès, ou d'une salle de spectacle", rappelle M. Habfast. Quant aux éventuelles synergies, voire possibilités de regroupement avec le stade des Alpes ou le palais des sports, aujourd'hui en gestion directe, les deux partenaires restent prudents : "Aujourd'hui il s'agit d'un projet pour Alpexpo, dans un cadre qui doit aussi se penser à l'échelle de la métropole", souligne M. Hugelé.

Un modèle d'actionnariat diversifié

Jusqu'à maintenant, la SAEML Alpexpo réunissait des actionnaires tels que la ville de Grenoble (37,89%), la Metro (32,47%), mais aussi la CCI (12,20%), le CDC (11,91%), la Caisse d'Épargne (3,25%), Dowemed (1,43%), la CASRA (0,72%) et la Chambre des métiers (0,11%) et la Chambre de l'Agriculture (0,02%).

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