Le divorce des courtiers d'assurance régionaux se confirme

Une profession, deux possibilités pour les 400 courtiers d'assurance de la région. Adhérer à l'historique Sycra ou choisir le trublion CSCA. Si leur philosophie diffère, leur objectif reste identique. Menacés par la pression réglementaire, les obligations législatives et les mutations numériques, ils prônent le collectif pour défendre leurs intérêts. Mais sans toutefois envisager de se réconcilier pour peser vraiment.
La guerre fratricide et idéologique sera tranchée par les adhérents. Même si leur intérêt final, la représentativité, est mise à mal. Ici, lors d'une tournée à Lyon, le CSCA fait valoir ses arguments.

Depuis presque deux ans, rien ne va plus dans l'univers réputé feutré du courtage. Le processus de réunification national engagé par les syndicats français du courtage, jusqu'alors organisé par région et indépendants des uns des autres, a laissé des traces. Alors que certains ont milité pour la fusion au niveau national, d'autres ont prôné un modèle plus fédéral, avec des régions fortes et autonomes.

Schisme au Sycra

À Lyon, la majorité des membres du Syndicat des courtiers de réassurance et d'assurance (Sycra), l'organisation principale de la région - Lyon est une place-forte du courtage en France depuis plus de 80 ans - penche davantage pour l'union fédérale.

Sauf une poignée de dissidents, une douzaine de membres, qui estiment que la fusion est la meilleure solution. Ils créent le Sycasef, qui, un an plus tard rejoindra, les rangs de la Chambre syndicale des courtiers d'assurance (CSCA) et deviendra sa représentation régionale.

"La fusion de tous les syndicats régionaux au sein de la CSCA est un aboutissement pour une meilleure représentativité de notre profession au niveau national et européen. Les intérêts de tous les courtiers français en assurances seront mieux représentés, quelle que soit leur taille ou leur région d'implantation", justifie Patrick Ginet, président du comité directeur de la chambre régionale CSCA Rhône-Alpes Auvergne et vice-président dédié au courtage de proximité au sein du bureau national de la CSCA à l'occasion de la fusion.

De son côté, le Sycra rejoint les rangs de Planète Courtier, le challenger. Sur le plan national, comme en local, le divorce est prononcé.

Course aux adhésions

L'enjeu : mener la course aux adhésions pour "peser" face aux pouvoirs publics fort. Un an après sa création, le CSCA Auvergne Rhône-Alpes revendique 80 adhérents (un petit millier en France). Ce petit nombre n'alarme pas le syndicat, même s'il mène plusieurs actions pour attirer les candidats - dont une réunion d'information qui se tenait mercredi 28 septembre à Lyon.

"Nos adhérents sont peu nombreux, mais il représentent 70 % du chiffre d'affaires régional. Nous comptons arriver à une centaine d'adhérents d'ici 6 mois", se félicite Patrick Ginet.

C'est bien cette représentativité qui gêne le Sycra. Malgré le départ de quelques membres, le syndicat affiche un rythme soutenu de croissance, passant de 118 membres lors de la cession à 148 adhérents aujourd'hui.

"Nous sommes toujours le plus gros syndicat de courtiers d'assurance de France après la région parisienne. Mais nous sommes véritablement celui qui représente les petits et moyens courtiers de proximité, en terme de chiffres d'affaires. Nous n'avons pas, seuls, la force de nous défendre face aux mastodontes, c'est pourquoi nous devons nous rassembler", assure Eric Lamouret, nouveau président du Sycra depuis avril 2016.

Services sur-mesure et médiation

Dans leur programme, les mêmes idées de services sur-mesure : actions en faveur de la formation, supports juridiques, plateforme commune de services. Au Sycra, on propose même de prendre en charge, après un accord avec l'Agefos PME, les formations à la place des courtiers, pour leur éviter l'avance de frais. "Il faut faciliter le quotidien des courtiers qui n'ont pas les ressources pour organiser de telles opérations", poursuit Eric Lamouret.

"Ceux qui décident de rester seuls ne pourront plus exister, car ils ne pourront pas proposer le système de médiation obligatoire et agréé par les autorités ", résume Bertrand de Surmont, président de la CSCA, de passage à Lyon à l'occasion des 10 ans du syndicat.

Depuis le 1er janvier 2016, tous professionnels a l'obligation de proposer un système de médiation clients/consommateurs. (décret n° 2015-1382 du 30 octobre 2015 relatif à la médiation des litiges de la consommation). Un décret qui s'applique aussi aux courtiers en assurance. Au CSCA, tout est en place, médiateur agréé compris.

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L'adhésion entrainant automatiquement un accès aux services du médiation avec code d'accès, texte type à insérer dans les documents commerciaux et les différentes procédures à suivre pour traiter les réclamations. Du côté du Sycra, on a fait le choix d'un médiateur indépendant, mais dont la demande est encore encours d'instructions.

"Nous refusons que le mandataire des courtiers soit celui des compagnies d'assurances. Même si ces dernières sont nos partenaires, il est évident que nos intérêts ne sont pas les mêmes. C'est pourquoi nous avons fait le choix d'un médiateur indépendant, dans notre intérêt", conclut Eric Lamouret.

Une guerre fratricide et idéologique, qu'il revient aux adhérents de trancher. Même si leur intérêt final, la représentativité, est mise à mal.

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