Plan de marche respecté pour la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes (Cera). L'incubateur baptisé B612 et porté par la Fondation d'entreprise maison est opérationnel depuis début avril. Il accueille déjà quatre startups du secteur de la fintech (finance et technologie).

"Elles se consacrent au crowdfunding, au scoring (évaluation), la sécurisation des paiements, etc.", a indiqué Stéphanie Paix, présidente du directoire de la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes, lors d'une conférence de presse, le 2 mai, dans ses nouveaux locaux de la tour Incity, à la Part-Dieu.

Une dizaine d'autres projets sont en phase de présélection avec, pour critère, celui de la transformation d'activités matures.

"Nous réfléchissons à la mise en place d'un comité d'engagement", a poursuivi la présidente.

Un bouillon de culture

L'idée est d'attirer des créateurs au-delà de la fintech : apprentissage, ressources humaines. Dans ce bouillon de culture tourné vers la rupture des modèles existants, des collaborateurs de la Cera viendront s'immerger "pour inventer leurs missions de demain", s'émerveille la présidente.

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Cet incubateur qui coûtera 300 000 euros en vitesse de croisière est provisoirement logé dans l'ancien siège de l'Écureuil, à la Part-Dieu. Puis il déménagera dans l'agence qui ouvrira près des halles Bocuse, dans le même quartier, avant de retrouver ses pénates dans les locaux d'origine de la Cera où une pépinière d'entreprises est également envisagée.

Stéphanie Paix, présidente du directoire de la CERA. Crédits : Laurent Cerino/ADE

Fonds européens

L'agence Innovation lancée en septembre dernier à Grenoble "accompagne déjà plus d'une quarantaine de jeunes pousses et a dépassé les 10 millions d'encours de crédits accordés", se réjouit Yves Toublanc, président du conseil de surveillance.

"Une nouvelle solution adossée au fonds européen d'investissement sera proposée courant juin. Les besoins sont grands".

Le troisième dispositif dédié au développement des jeunes entreprises innovantes a trait au financement participatif. À ce propos, l'établissement bancaire a déployé en début d'année, "Espace dons", un site interne mis à la disposition des associations adhérentes.

 + 6,3 % de contrats d'assurance

Malgré un contexte international et national peu porteur l'an dernier, la Cera (3 000 collaborateurs) est satisfaite de son bilan 2015. Ses encours de crédits ont progressé de 3,2 % à 22,4 milliards, dopés notamment par les crédits immobiliers (2,4 milliards d'euros), selon les chiffres communiqués ce lundi soir.

À 40,4 milliards d'euros, sa collecte s'inscrit en hausse de 2 %. Les 420 000 contrats d'assurance multirisques et prévoyance marquent une hausse de 6,3 % sur 2014. Son PNB de 713,8 millions d'euros croit de 1,1 % et a bénéficié "d'un effet volume, de commissions en augmentation et de la bonne tenue des assurances vie", énonce Didier Bruno, membre du directoire.

Le résultat net, impacté notamment par le coût du risque (du fait d'un changement de méthode de calcul sur les provisions) s'érode de 11,8 % à 130,4 millions. Et 120 millions euros seront mis en réserve tandis que 4,3 millions serviront l'intérêt général.

Pas de fermeture d'agences

La Cera qui prévoit de réunir ses deux sites de Grenoble (300 personnes) à l'horizon de la fin de l'année n'évoque, pour l'heure, aucune autre opération de ce type.

"On ne se dit pas que l'on va fermer des agences - le réseau en compte 300 - ce qui n'exclut pas des regroupements dans des grandes villes. Une Caisse d'Épargne, cela fait partie du patrimoine national. C'est une enseigne qui porte des valeurs. Cela crée des obligations", assure Stéphanie Paix.

Pour autant, la montée du digital (dans les relations entre les clients et leurs conseillers) "nous amène à réfléchir à une réorganisation des agences physiques dont la fréquentation baisse de 5 % par an" reconnaît Yves Toublanc.

En attendant une agence spécifiquement dédiée à la filière santé verra le jour cette année.

Le nouveau siège de la CERA, installé dans la tour Incity.

De l'idée du mariage

Plus que jamais, "la clé d'entrée des fonds propres est un gage de succès pour demain. Nous sommes dans une région où il y a beaucoup d'infrastructures*", répète Stéphanie Paix. La CERA affiche 2,9 milliards de capitaux propres à fin 2015. Et l'hypothétique rapprochement avec la Caisse d'Épargne Loire, Drôme et Ardèche renforcerait encore le haut de bilan.

"Nous sommes favorables à cette solution. Mais il y a moins d'appétence de l'autre côté. Il y a pourtant des moments où il faut prendre ses responsabilités, car il y aura des sujets humains à traiter", lâche Stéphanie Paix.

Le futur mariage au sein des trois Banque Populaire régionales (appartenant aussi au groupe BPCE) convaincra-t-il les récalcitrants ?

Quelques chiffres supplémentaires

 * CERA est associé avec le groupe BPCE et Ardian au sein d'un consortium pour acquérir la participation de l'État dans la société des aéroports de Lyon-Saint-Exupéry.