Porcher Industries  : le processus de vente s'éternise

Depuis l'annonce, le 24 mars dernier, du protocole signé en vue de la cession de l'industriel isérois Porcher Industries, les audiences au TGI de Bourgoin-Jallieu sont reportées de mois en mois. Un arrêt de la Cour d'appel de Grenoble a invalidé une ordonnance du TGI modifiant la mission de Me Bruno Sapin, nommé par la justice pour mener à bien l'opération.
Un des sites de Porcher Industries dans le Nord-Isère.

Sept mois bientôt, Jean-François Carenco, alors Préfet de Rhône-Alpes, annonçait le protocole intervenu, entre les parties, pour l'acquisition de « la majorité des parts de Porcher Industries par le fonds londonien Warwick Capital Partners». Cette signature laissait augurer que l'opération devait se boucler cet automne. Une première audience  était programmée le 3 septembre dernier au tribunal de grande instance de Bourgoin Jallieu, en Isère,  reportée ensuite au 6 octobre et aujourd'hui, au 3 novembre.

Liquidation des holdings

Le protocole doit être validé, en effet, par les autorités judiciaires. Petit rappel historique : le 12 mars 2011, la Cour d'Appel de Grenoble ordonnait la dissolution par liquidation, confirmée par la Cour de Cassation (le 9/10/2012), des deux holdings familiaux : la Saumuroise de Participations (SSP) et la Société Civile des Terres froides (SCTF) contrôlant ensemble 63,47 % de Porcher Industries, longtemps dirigé par Robert Porcher décédé en 2011, à 83 ans, et fils du fondateur Rémi Porcher. Une alternative de fusion par absorption de ces deux holdings par la filiale Porcher Industries n'a pu aboutir du fait des dissensions entre les associés familiaux. Elle aurait éviter la vente de l'entreprise via une procédure judiciaire.

Arrêt de la Cour d'appel

Refusant à l'époque les modalités de fusion absorption, Philippe Porcher (fils de Robert), soutenu par sa mère (Claire Porcher), fait désormais obstacle par tous les moyens à la vente de l'industriel, spécialisé dans les tissus techniques et les composites. Il s'est adressé à Maurice Lantourne, avocat d'affaires parisien pour contester une ordonnance du TGI de Bourgoin Jallieu qui en date du 12 juin 2014, modifiait la mission de Bruno Sapin, le liquidateur. « Un arrêt de la Cour d'appel de Grenoble du 29 septembre denier a prononcé son irrégularité. Ce qui remet en cause le processus de cession », assure Me Lantourne à Acteurs de l'Economie-La-Tribune.

Pas de remise en cause

Dans son arrêt, la Cour considère que « la société AJ Partenaires (Bruno Sapin et associés ) n'aurait par du agir par « voie de requête » mais à une « procédure contradictoire » car il n'y avait pas caractère d'urgence. "L'arrêt de la cour d'appel ne remet en cause ni la désignation de Bruno Sapin, ni sa mission de liquidateur ni le processus de cession", répond Jean-Marie Chanon, son avocat. "J'ai la volonté d'aller jusqu'au bout de la procédure et de demander le 3 novembre prochain au TGI une date de plaidoirie sur le fond pour la fin novembre ou début décembre ".

Une vente à 50 millions d'euros

De leur côté Catherine Porcher (héritière de Gilbert Porcher, frère de Robert) et  l'indivision Giraud (héritière de la fille de Robert Porcher) ont donné leur accord pour la vente au prix convenu de « 50 millions d'euros », d'après nos sources. Quant aux quatre financiers (BNP Paribas, Crédit Agricole, Siparex et Natexis) détenant 16,1 % de Porcher Industries, seul BNP Paribas n'aurait pas apposé sa signature au protocole « parce qu'ils veulent une certitude que la vente ira jusqu'au bout », selon un informateur.

Pour sa part Warwick Capital fait silence. Porcher Industries, dirigé, depuis février 2012, par Henri Brosse (ancien directeur financier) a publié 280 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2014, emploie 1900 salariés.

Inquiétude de la CGT

Dans les rangs du personnel « l'inquiétude monte », témoigne Hassen Nassi, délégué Cgt. « Qu'est ce qui se passe ? Le problème est il juridique ou politique ? Tout avait l'air d'être bien engagé et nous avions eu certaines garanties sociales de la part de Warwick », lors de la consultation du 23 janvier 2015. A cette occasion il leur avait été indiqué que le fonds s'engageait à « ne fermer aucune usine » et « à investir « 34 millions d'euros sur quatre ans ». Or, « aujourd'hui, le groupe souffre d'un manque crucial d'investissement préjudiciable », assure le syndicaliste.  L'audience de "mise en état" du 3 novembre, si la date est bien maintenue, apportera t'elle un début de réponse à cette cession ?

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