[Les transformateurs] Alexander Wezel, le pragmatique

Enseignant-chercheur à l'école d'ingénieurs en agronomie, agriculture et environnement Isara-Lyon, Alexander Wezel est un des principaux experts mondiaux de l'agroécologie.
(Crédits : DR)

Tout l'été, La Tribune diffuse les portraits détaillés des 30 personnalités de la région qui incarnent une vision de l'avenir initialement publié dans son hebdomadaire du 7 juin 2019 consacré au prix "Transformons la France".

L'agroécologie se présente comme une alternative à l'agriculture intensive monoculture, grande consommatrice de pesticides. Le concept : la promotion d'une agriculture valorisant la diversité biologique et les processus naturels.

"L'objectif est de parvenir à une production ayant moins d'impact sur l'environnement tout en restant de qualité et en quantité", résume cet Allemand de 52 ans qui occupe le poste de directeur de la recherche à l'Isara-Lyon.

C'est lui qui porte, depuis sa création en 2006, le master spécialisé en agroécologie à vocation internationale de l'école (les cours sont donnés en anglais). Un cursus ayant formé, depuis son lancement, quelque 200 ingénieurs de 44 nationalités différentes.

« À l'époque, j'avais simplement répondu à une offre d'emploi indiquant que l'Isara-Lyon cherchait quelqu'un pour mettre en place et faire vivre ce master », rapporte Alexander Wezel.

Qui avait précisément le profil recherché dans cette annonce avec une solide connaissance de l'agroécologie, discipline qu'il a étudiée auprès d'agriculteurs aux quatre coins de la planète (Thaïlande, Niger, Cuba...).

"L'agroécologie existe depuis cent ans partout dans le monde même si on ne la nommait alors pas ainsi. Je sens que ce mouvement prend de l'ampleur depuis quelques années. Beaucoup d'agriculteurs ont mis des actions en place. Nous allons dans la bonne direction, même s'il reste encore beaucoup de choses à faire", indique-t-il.

Evolution

Reconnu internationalement dans son domaine de prédilection, Alexander Wezel multiplie les casquettes : membre du groupe d'experts du comité de la sécurité alimentaire mondiale de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation (FAO) qui fait un rapport d'expertise sur l'agroécologie, fondateur et vice-président de l'Association européenne pour l'agroécologie qui vise à "influencer la politique agricole commune" et coordinateur du master international en agroécologie. Dernièrement, il a également intégré en qualité d'expert indépendant Bjorg, Bonneterre & Citoyens, la fondation du distributeur de produits bio soutenant des initiatives pour le développement d'une agriculture saine et durable.

"Le monde de l'entreprise est très important pour faire changer les pratiques, car ce sont elles qui achètent tous les produits. Poussées par les consommateurs, elles cherchent à favoriser une agriculture intensive plus respectueuse, plus juste, et qui génère, dans le même temps, des revenus. Je crois aux évolutions et espère que, d'ici à 2030, les méthodes de l'agroécologie seront largement utilisées", pose-t-il.

Passionné par son domaine d'étude, Alexander Wezel réfute pour autant le terme de militant écolo :

"Je suis un pragmatique sensible à ces questions. J'essaie d'apporter modestement ma contribution", corrige-t-il.

Une contribution qui l'amène, avec l'Isara-Lyon, à mener des projets très concrets sur le territoire régional. Outre la formation d'agriculteurs à la pratique de l'agroécologie, des expériences sont également menées avec des producteurs. Une des dernières en date a pour terrain de jeu les étangs de la Dombes. Objectif : appliquer l'agroécologie à la pisciculture pour valoriser la biodiversité.

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