Prix Révolutionner : Arnaud Meunier, le déterminé

En 2011, Arnaud Meunier devenait le plus jeune directeur de centre dramatique national. Sous sa houlette, la Comédie de Saint-Étienne a redressé la tête et affiche désormais un rayonnement national. Bienveillant, portant haut ses convictions, il a su révolutionner cette belle endormie pour ouvrir largement ses portes à tous les publics. Il est lauréat du 12e Prix de l'esprit d'entreprendre dans la catégorie Révolutionner.
(Crédits : Laurent Cerino / ADE)

"Le déterminé." C'est ainsi que Stanislas Nordey, comédien et metteur en scène à la tête du Théâtre national de Strasbourg depuis 2014, le surnomme amicalement. "J'évalue les risques mais j'avance. Toujours !", insiste, d'une voix douce et souriante, Arnaud Meunier. Une philosophie personnelle qu'il applique tambour battant à la Comédie de Saint-Étienne et à son École supérieure d'art dramatique, établissements dont il a pris les rênes en 2011.

À 38 ans, Arnaud Meunier est devenu le plus jeune directeur d'un des plus anciens centres dramatiques nationaux de France. Une situation presque paradoxale qui aurait pu inquiéter le fougueux comédien et metteur en scène. "La Comédie s'endormait peu à peu", se souvient-il. Avec en conséquence une dette importante et un nombre annuel de spectateurs descendu sous la barre des 30 000. "J'aurais pu avoir peur, mais c'est justement ce challenge qui m'a attiré."

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Sept ans plus tard, la fréquentation a doublé. La Comédie est désormais installée dans un nouvel écrin, près du Zénith et de la Cité du design. Elle est revenue à l'équilibre, et ses productions rayonnent en France et à l'étranger. Plus de quarante spectacles par saison sont programmés, avec une forte présence d'auteurs vivants.

"La Comédie est devenue un cœur battant de la création contemporaine. Je veux que notre théâtre parle d'aujourd'hui. C'est le meilleur moyen de toucher tous les publics avant de les amener vers des œuvres traditionnelles."

Déterminé et passionné, Arnaud Meunier a réveillé la Comédie et révolutionné les habitudes.

Remise sur orbite

Avec, en premier lieu, la mise en place d'un nouveau modèle économique. Il ne pouvait en être autrement pour ce diplômé de Sciences politiques, depuis toujours féru de théâtre. "Il fallait que la Comédie produise de nouveau des spectacles, c'est sa vocation. Mais pas seule, et en s'assurant de la diffusion." Et de démontrer : "La prochaine pièce, J'ai porté mon père sur mes épaules, a été coproduite avec le Théâtre de Luxembourg et les Célestins à Lyon. Les répétitions n'ont même pas encore commencé que nous avons déjà des réservations pour six mois." Arnaud Meunier a accompagné le reformatage du modèle économique d'une ouverture sur l'extérieur. "Équilibre économique ne veut pas dire élitisme !"Il a ainsi fait de l'accès à tous une de ses priorités. Les prix des abonnements ont été revus à la baisse et un programme d'égalité des chances a été mis en place à l'École de la Comédie.

"Ce programme est neutre financièrement aujourd'hui pour la Comédie, car nous recevons des subventions. Mais je l'ai lancé avant l'accord. Subventions ou pas, je veux que la Comédie soit une maison commune où chacun peut trouver sa place."

En interne, Arnaud Meunier a également renversé l'ordre établi, et poussiéreux. L'écart salarial entre les hommes et les femmes, à niveau comparable, a été réduit à néant. Il était de 23 % avant son arrivée. Le coefficient d'écart entre le salaire le plus haut et le salaire le plus bas a été ramené à 2,7. "J'ai décidé de me verser un salaire moins important que mon prédécesseur. Je ne pouvais décemment pas demander des efforts aux salariés et ne pas y participer moi-même."

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Pour compenser ces efforts, et c'est très inhabituel dans le milieu de la culture, des accords de participation et d'intéressement ont été mis en place. Avec des versements depuis l'année dernière..., depuis que la Comédie refait surface en somme.

"Nous avons remis à plat le management pour établir des règles collectives, avec au cœur de toutes nos décisions, la bienveillance. Je suis intimement persuadé que des salariés heureux au travail constituent un collectif, une équipe gagnante."

Et de conclure : "Notre théâtre est une utopie concrète avec des personnes de niveaux scolaires extrêmement disparates, mais toutes tournées vers la même cause."

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