Prix Rebondir : Christian Barqui, l'indestructible

Dirigeant industriel, Christian Barqui a connu plusieurs vies émaillées de plusieurs échecs avant de devenir le directeur général de l'entreprise Florette France GMS. De coups d'essai en coup de maître, l'homme s'est à chaque fois construit et nourri de ses expériences parfois douloureuses à surmonter. Sans ne jamais abandonner et avant une âme de conquérant, Christian Barqui est un symbole du rebond. Il est lauréat du 11e Prix de l'esprit d'entreprendre dans la catégorie Rebondir.

Bon élève en mathématiques et en physique, Christian Barqui prévoyait de devenir ingénieur. Mais, suivant les conseils d'un ami de son père, lui-même entrepreneur tapissier-décorateur, il choisit le commerce. "Il a eu du nez, glisse-t-il en préambule, la technique m'intéresse toujours beaucoup moins que le reste."

C'est ainsi que le diplômé de Sup de Co Amiens démarre sa carrière chez Procter & Gamble. Et reviendra, quelques années plus tard, sur ses terres lyonnaises comme directeur commercial de Salade Minutes, une PME locale, dont le propriétaire-maraîcher a importé des États-Unis le concept de la salade effeuillée et lavée en sachet.

Une claque

Doué pour le développement, il en prendra, après son diplôme du CPA d'emlyon business school, la direction générale. Une petite victoire sur le passé pour celui qui avait échoué aux portes de l'école de commerce lyonnaise : "Cinq malheureuses petites places me séparaient alors du sésame", plaisante-t-il. La PME, passée de trois à soixante millions d'euros de chiffre d'affaires en dix ans, intéresse Bonduelle. Christian Barqui pilote le rachat et devient le patron de la division produits frais. Toujours à Lyon - un territoire auquel il reste très attaché. Néanmoins, malgré cinq années marquées par des taux de croissance de dix à quinze points annuels, rien ne va plus entre l'homme et le spécialiste du légume. Christian Barqui est licencié.

"Ce premier échec fut une claque qui m'a fait grandir. J'étais sur une pente ascendante. Tout me réussissait. Je suis redescendu de plusieurs marches", lance-t-il, sans détour.

À 40 ans, il caresse le "rêve un peu fou du salarié qui a envie de réaliser quelque chose pour soi", souligne-t-il. L'homme voit grand. Il veut bâtir un projet industriel à vocation nationale, qu'il démarre de "zéro avec six ex-Bonduelle, quatre millions d'euros d'emprunts dont deux millions de caution personnelle et deux chances sur trois que cela plante !".

"Je me suis planté"

Ainsi s'est développée 4G - en référence à ses quatre garçons -, une entreprise qui commercialise une nouvelle marque de salade en sachet. Elle passera de cinq à 27 millions d'euros de chiffres d'affaires et de six à 180 collaborateurs en quatre ans. Compétiteur par nature - il fut un temps en présélection pour l'équipe de France cadet de handball -, Christian Barqui concède avoir ressenti une "pointe de revanche vis-à-vis de son ancien employeur, Bonduelle". Au sommet, 4G passe sous le giron du géant de l'agroalimentaire, Bakkavör.

 "À ce moment-là, je marche sur l'eau. Je veux créer à nouveau. Je me lance dans une chaîne de restaurants alimentée par une cuisine centrale. Les banquiers me suivent les yeux fermés", raconte-t-il.

Après cinq années d'activité et trois recapitalisations, le chef d'entreprise doit vendre. C'est l'échec.

"Je me suis planté. Avec mes associés, nous avons tout perdu. C'est une expérience très douloureuse car l'ego en prend un coup. Quand vous êtes un gagnant, vous n'aimez pas perdre et encore moins voir votre entreprise échouer. C'est aussi dur à vivre face aux collaborateurs qui se retrouvent sur le carreau. Tous ont, heureusement, retrouvé du travail."

Reconnaissance

Son second rebond prend la forme d'une main tendue, moins de quatre mois plus tard. La filiale française de Bakkavör accuse de sérieuses pertes : il lui est proposé de la reprendre en main.

"À 52 ans, j'étais éreinté par deux créations d'entreprises. Et content de retrouver un poste qui amène de la reconnaissance. Être chef d'entreprise, ce n'est pas toujours valorisé", estime-t-il.

Finalement, la filiale sera cédée à Florette France. L'opération de rachat et de fusion est enclenchée le 1er avril 2013. Tout naturellement, dans un dernier rebond, l'homme qui a mené la fusion devient directeur général Florette France GMS. Sa force, peut-être la puise-t-il dans l'Association progrès du management (APM), un mouvement international de 7 500 dirigeants dont il fait partie depuis au moins 35 ans. Élu président une première fois en juillet 2014, puis réélu pour un second mandat jusqu'au 30 juin 2018, il y puise allègrement motivations, méthodes de managements, et bonnes pratiques.

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