Antoine Raymond, le fédérateur

Patron d'ARaymond, leader de la fixation par clippage ou collage, Antoine Raymond est à la tête d'une entreprise familiale fondée en 1865. Personnalité « discrète et accessible », le quinquagénaire s'appuie sur une organisation collaborative. Tourné vers l'international, son groupe est durablement ancré dans la métropole grenobloise. Un essentiel recours aux racines.

« Ce n'est pas une obligation. Nous perpétuons volontiers cette tradition. Et la lettre A offre un grand choix », s'amuse Antoine Raymond, 52 ans, patron de ARaymond, groupe familial à 100 %. Tous les descendants, filles et garçons, d'Albert-Pierre Raymond, le fondateur, portent un prénom commençant par A.

Une façon d'honorer l'ancêtre qui a fait naître l'entreprise grenobloise autour d'un brevet de bouton-pression pour la ganterie, socle, 150 ans plus tard, d'un portefeuille de 1 200 brevets actifs. Un anniversaire célébré en 2015, avec en ligne de mire le franchissement du milliard d'euros de chiffre d'affaires (contre 930 millions en 2014, dont 86 % à l'international).

Ses systèmes de fixation technique, l'ETI, forte de 6 000 salariés, les vend maintenant à l'industrie automobile : 90 % de son activité. Elle fraie aussi son chemin dans le solaire, la santé, l'agriculture, etc. Sa fibre innovante fait d'elle un redoutable challenger des conglomérats américains Alcoa et ITW. Elle-même a pris pied outre-Atlantique en s'offrant Tinnerman, en 2009, seule acquisition significative du groupe enclin à la croissance organique.

Une organisation collaborative

Antoine Raymond, « personnalité discrète, accessible et sachant donner du temps aux autres », selon Jean Vaylet, président de la CCI de Grenoble, incarne la cinquième génération. Il a rejoint l'affaire en 1987, appelé par son père Alain souhaitant préparer sa succession voulue en 1998.

« Il estimait qu'il fallait dix ans pour former un dirigeant familial. J'étais l'aîné. J'ai fait une école de commerce et mes premières armes en dehors de la société », légitime le quinquagénaire, co-gérant de la société en commandite simple, détenue par 25 héritiers.

Il partage cette gérance avec son frère, Alain-François (dit François) ou encore Jean-Yves Renoux, extérieur à la famille.

« Toutefois, j'ai le dernier mot. Je suis le gérant prépondérant », spécifie Antoine Raymond. Patron, donc. Mais d'une organisation qu'il veut collaborative.

« Nos marchés sont de plus en plus globaux. Il y a dix ans, j'en ai déduit que nous pourrions difficilement continuer de satisfaire nos clients et mener des projets internationaux sans faire évoluer notre organisation. Notre groupe n'a jamais été centralisé. Cependant, nos filiales ne se parlaient pas. Ce qui était source de déperdition d'énergie. »

Il n'y a plus aujourd'hui de patron des patrons des sociétés européennes, par exemple. Et 300 collaborateurs ont été formés, sur quatre ans, à partir de 2008-2009, au « servant leadership », un management basé sur l'écoute et une représentativité plus forte des métiers de terrain (opérateurs dans les ateliers) pour libérer les talents.

Dimension internationale et locale

La feuille de route 2016-2020 « aura surtout une connotation culturelle », promet Antoine Raymond, également président de l'Udimec (métallurgie) de l'Isère. Ce futur plan stratégique prendra la relève de « Raymotion 2.0 », « réalisé avec succès ». Entre 2013 et 2015, l'équipementier aura investi 300 millions d'euros dans l'édification ou l'agrandissement de 14 sites industriels :

« En juillet, nous inaugurerons une usine à Nijni Novgorod (Russie) et nous serons les seuls dans notre spécialité. Malgré la situation économique du pays, nous avons maintenu l'opération. Nous prenons un risque important, mais nous nous inscrivons dans le long terme », rappelle l'entrepreneur.

De même ARaymond demeure attaché à ses racines grenobloises et se dote, à Saint-Égrève (Isère), d'une nouvelle usine, opérationnelle d'ici à la fin de l'année. Un ancrage local, essentiel pour les territoires.

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