La Ville de Lyon garde les faveurs de Standard & Poors

Une situation qui demeure pour l’heure stable, même si tout reste à consolider en pleine période de pandémie. L’agence de notation Standard & Poor's Global Ratings vient de confirmer des notes inchangées de la ville de Lyon, avec une mention spéciale pour la qualité de son crédit, qui demeure toutefois dépendant du contexte national. La nouvelle majorité EELV prend acte et confirme sa volonté d'instaurer un plan d'investissement pluriannuel allant jusqu'à 1,2 milliard d'euros à l'échelle de la mandature.
A travers l'octroi d'une note stable (à long terme AA et à court terme A-1+), la Ville de Lyon demeure toujours, pour l'heure, dans le haut du classement de l'agence S&P.

La nouvelle est plutôt bonne pour les nouveaux élus EELV qui ont pris les commandes de la ville de Lyon en juin dernier. Malgré le contexte de crise sanitaire actuel, et d'une reprise de l'épidémie qui s'annonce, la dernière évaluation, communiquée par l'agence Standard & Poor's, confirmerait "l'aptitude très forte de la Ville de Lyon à honorer ses obligations financières".

A travers l'octroi d'une note stable (à long terme AA et à court terme A-1+), la Ville de Lyon demeure toujours, pour l'heure, dans le haut du classement de l'agence S&P. Elle aurait même pu se permettre de viser encore plus haut, grâce à la qualité de son crédit intrinsèque, qui aurait mérité un "AA+", selon la célèbre agence de notation.

Pour autant, celle-ci précise : malgré la qualité de son crédit intrinsèque, "nous considérons que la Ville de Lyon ne remplit pas les conditions selon lesquelles une collectivité locale pourrait bénéficier d'une notation supérieure à celle de l'Etat". Une manière de rappeler ainsi que la France bénéficie, pour l'heure et selon la dernière évaluation réalisée en date du 2 octobre dernier, d'une note inchangée de AA/A-1+.

La capitale des Gaules fait ainsi partie des trois collectivités à disposer d'une telle notation à l'échelle nationale : la Région Auvergne Rhône-Alpes, dirigée par le président LR Laurent Wauquiez, ainsi que Département des Hauts-de-Seine -mené jusqu'ici par le président LR Patrick Devedjian, qui vient de laisser les rênes à l'élu LR, Georges Siffredi-.

Un contexte politique marqué par le renouvellement

Cette évaluation, qui demeure corrélée avec celle de l'Etat français, confirme ainsi la bonne santé financière actuelle de la Ville de Lyon, qui vient d'élire récemment à sa tête le maire EELV Grégory Doucet et le président EELV au Grand Lyon, Bruno Bernard en juin dernier.

"Nous sommes très satisfaits du maintien de cette bonne notation, nous avions reçu l'équipe de S&P qui menaient leur évaluation il y a quelques semaines. Il est vrai que nous partons d'une situation financière qui est saine au niveau de la ville de Lyon, avec un taux d'endettement très bas", reconnait Audrey Hénocque.

Cependant, la première adjointe au maire, déléguée aux finances et à la commande publique de la ville de Lyon regrette que cette évaluation ne se limite aux aspects purement financiers : "Ces bons résultats ont été obtenus par une dette patrimoniale et techniques importante de la Ville, car de faibles investissements ont été réalisés, au cours des dernières années, sur le plan des bâtiments municipaux et de la construction de services publics".

La nouvelle équipe, conduite par une majorité EELV, a donc d'ores et déjà annoncé un rattrapage" des investissements à venir, à travers la construction d'un Plan Pluriannuel d'Investissement (PPI) qui oscillera entre 1 et 1,2 milliard d'euros à l'échelle du mandat, avec une tranche de 200 millions d'euros variable, qui sera débloquée en fonction de l'évolution de la situation sanitaire. Et rappelle que la municipalité dispose, pour appuyer sa stratégie, d'une capacité d'autofinancement qui avoisine actuellement les 100 millions d'euros (hors crise sanitaire) chaque année.

Un "rattrapage" des investissements annoncé

Cette enveloppe de 1,2 milliard d'euros, encore en cours de construction avec les élus des arrondissements, prévoit des investissements dans la rénovation énergétique des bâtiments municipaux ainsi que le soutien à des dispositifs d'éco-rénovation, la construction de "8 à 9 nouvelles écoles" à l'échelle du mandat, ainsi que le développement de nouvelles crèches et équipements sportifs.

Elle pourrait faire passer, de facto, le ratio d'endettement de la collectivité de quatre ans, à l'heure actuelle, à dix ans sur son scénario le plus pessimiste, si aucune nouvelle recettes n'était trouvée notamment. "Mais nous travaillons déjà sur de nouvelles pistes de financement complémentaires, comme du mécénat, des appels à projets, des fonds européens, etc. Nous restons cependant prudents au vu de la situation actuelle", confirme la première adjointe aux finances.

"Mathématiquement, notre niveau d'endettement, très bas à l'heure actuelle pour une collectivité, va légèrement augmenter. Mais ce n'est pas parce qu'on s'endette un peu plus pour l'avenir que l'on se met dans une situation délicate", nuance la première adjointe, Audrey Hénocque.

De nouvelles orientations qui semblent toutefois avoir convaincu l'agence S&P, qui se montre plutôt confiante :

"Nous pensons que le nouvel exécutif - Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), qui détient désormais une "majorité solide" au conseil municipal-, continuera un fort pilotage budgétaire et maintiendra l'endettement à un niveau modéré, en dépit de l'impact des mesures sanitaires ainsi que de l'augmentation des dépenses d'investissement", précise l'agence S&P.

Elle estime notamment que "la ville de Lyon bénéficie d'une économie riche et diversifiée, ainsi que d'une position très favorable en termes de liquidité".

Un état des lieux favorable

Pour étayer ses publications qui ont pour habitude de donner le "la" sur la place financière, l'agence internationale se base à la fois sur les comptes des institutions auditées et leur historique, ainsi que sur l'analyse des grandes orientations annoncées par les équipes en place. "Les notations des collectivités locales sont suivies en continu et leurs dates publication sont déterminées pour l'année à suivre, à raison de deux fois par an", souligne S&P.

Et d'après le dernier état des lieux des forces en présence, l'agence de notation évalue ainsi que Lyon, qui s'élève au rang de troisième commune de France avec sa "population grandissante de près de 520.000 habitants", disposerait toujours de "bases fiscales dynamiques".

Le maintien d'une épargne brute, couplée à des capacités de financement élevées sur la période 2018-2019 (encore sous l'ère Collomb), auraient ainsi eu pour effet de réduire l'endettement de la ville. Standard & Poor's estime que ce scénario favorable est susceptible de se poursuivre et anticipe que l'évolution de son épargne brute devrait demeurer "supérieure à l'équivalent de 10% de ses recettes de fonctionnement", et ce jusqu'en 2022.

Toujours selon l'agence, Lyon bénéficierait également, à l'image d'autres communes françaises, "de flux de trésorerie prévisibles et réguliers", sous la forme de concours de l'Etat et de reversements de fiscalité, sur lesquels la municipalité devrait pouvoir compter au cours des prochains mois. Et d'ajouter : dans l'année à venir, l'encours moyen disponible sur ces instruments de trésorerie devraient lui permettre de couvrir un niveau équivalent à "plus de 120% de la dette".

Un impact de la crise sanitaire encore mesuré

Quant à l'impact de la pandémie de Covid-19 et d'une possible seconde vague, l'agence de notation demeure relativement optimiste, pour l'heure, concernant le cas de Lyon, classée pourtant depuis quelques jours en zone d'alerte maximale.

Car bien que S&P anticipe que les mesures sanitaires actuelles et à venir puissent avoir "un impact négatif, à la fois sur les recettes de fonctionnement (sur les droits de mutation et les frais de stationnement notamment) ainsi que sur les dépenses", l'agence estime que la municipalité conservera "un fort contrôle de ses dépenses, afin de limiter la détérioration de l'épargne brute".

Dans son scénario jugé le plus probable, la Ville de Lyon pourrait en effet maintenir "une maîtrise étroite de ses dépenses de fonctionnement, tout en limitant leur croissance à 2% par an". Deux facteurs qui, associés à une hausse des dépenses d'investissement, permettrait à Lyon "d'anticiper une croissance modérée de sa dette, aux environs de 60% à l'horizon 2022".

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