IOT : ce que révèle la fermeture de Holi sur la fragilité des startups

Comme annoncé le 23 janvier, la marque lyonnaise Holi a cessé ses activités. Le fondateur de l’entreprise, Grégoire Gérard, analyse les raisons de cet échec, sept ans après le début de l’aventure.
(Crédits : DR)

"C'est la fin d'une aventure humaine et entrepreneuriale" confie Grégoire Gérard. Il y a sept ans, l'entreprise FiveFive se lançait dans le grand bain des objets intelligents, en commençant par l'éclairage connecté sous la marque commerciale Holi. Depuis 2016, l'entreprise se consacrait entièrement à la conception et production de Bonjour, un radio-réveil à assistance vocale. Mais, en début de semaine, l'entreprise annonçait la fin de ses activités, alors qu'une dizaine de personnes travaillaient encore pour la structure, après des réductions d'effectif en 2018.

"On n'imagine jamais cette issue, mais on peut dire que les choses se sont précipitées ces 12 derniers mois. C'était un combat de tous les jours...," déclare Grégoire Gérard, le fondateur de l'entreprise.

Manque d'argent

Placée en liquidation judiciaire, la société ne peut plus payer ses fournisseurs. Il lui manque environ 300 000 euros pour continuer la production de Bonjour. Pourtant, Holi avait levé 840 000 euros de financement participatif sur deux plateformes dédiées aux innovations technologiques. Au total, "au moins deux fois ce montant-là" aurait été engagé par les investisseurs et le dirigeant.

"Il arrive que des boites plantent... Nous sommes dans une équation insolvable. Nous sommes déçus : nos investisseurs perdent tout, je perds tout. Mais nous avons quand même été jusqu'au stade industriel...", poursuit l'entrepreneur.

L'arrivée notamment d'Amazon parmi les concurrents démontrent que l'idée de radio-réveil à assistance vocale était bonne... "mais une idée ne suffit pas". FiveFive, malgré ses 25 salariés durant une période, n'a pas pu suivre la cadence.

"Cela nécessite une ingénierie complexe, on a dû inventer beaucoup de choses. Nous sommes arrivés très tôt sur ce marché. On peut penser que c'est un marché facile, mais ça ne l'est pas. On avait les moyens, mais une entreprise ne peut pas tout anticiper, notamment par rapport aux fournisseurs extérieurs," souffle le patron de la société.

Pendant quelques temps, la société a cherché à multiplier ses sources de revenus. Un projet nommé "Vocall" mettait l'assistance vocale au service de la santé. Les acteurs de la médecine comme les hôpitaux avaient été sollicités pour cette nouvelle offre en BtoB.

"On a essayé de trouver du cash, mais le temps était trop court pour signer les contrats. On avait aussi consulté nos investisseurs. La situation n'était pas forcément rattrapable."

Un modèle de financement à revoir ?

En lançant deux campagnes de financement participatif sur Kickstarter et Indiegogo, plateformes dédiées aux nouvelles technologies, Holi s'est constitué une solide communauté de contributeurs. Certains ont reçu leur produit, mais ne pourront plus s'en servir dans quelques jours, d'autres ne le recevront jamais. Personne ne sera remboursé. L'annonce de la fermeture de l'entreprise a soulevé un tollé.

"Je comprends la déception des gens, mais il faut rappeler que les 'bakers' qui contribuent aux campagnes sont des investisseurs et non des clients. Les projets sur Kickstarter et Indiegogo sont des projets technologiques à risques. Une partie des contributeurs l'a compris, mais ceux qui sont le plus visibles sont les autres, ceux qui ont peu de connaissance du monde entrepreneurial. Il y a certainement eu un quiproquo au départ, sur le fait qu'il n'y avait pas de garantie que le produit soit livré," résume Grégoire Gérard, qui assure s'être conformé aux conditions d'utilisation imposées par les deux plateformes.

Grégoire Gérard souhaitait ouvrir le programme en open-source pour que les utilisateurs les plus avertis puissent continuer à se servir du produit. Finalement, ce ne sera pas possible, le dirigeant cherchant un repreneur, afin de "réactiver tout ou partie des activités". Aujourd'hui, il espère que son expérience pourra profiter à d'autres entrepreneurs, afin que les mêmes erreurs ne soient pas commises.

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Commentaire 1
à écrit le 29/01/2019 à 6:50
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Non, ils n'ont pas "levé" 840000 euros. Les backers ne sont ni des clients ni des investisseurs mais dans tous les cas il s'agit d'une pré-vente. L'équation des échecs a répétition des projets crowdfundés est sûrement là. Normalement pour un nouveau ...

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